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Utiliser le MBTI et l'Ennéagramme
Pat Wyman (Traduction par Fabien Chabreuil)

Quand j'ai commencé à apprendre l'Ennéagramme il y a quelques années, je me rappelle avoir essayer de l'accorder avec ma connaissance du Myers-Briggs Type Indicator (MBTI). Je comprenais mon type dans le MBTI, INFJ, et il semblait bien me correspondre. Pourtant mon type 3 dans l'Ennéagramme sonnait certainement tout aussi juste. Comment ces deux profils pouvaient-ils s'appliquer à moi ? Qui étais-je vraiment ? Je me rappelle avoir essayé de discerner qui de l'Ennéagramme ou du MBTI me donnait les informations les plus pertinentes sur moi-même. À certains moments, je me sentais plus INFJ. À d'autres, c'est le 3 qui semblait aux commandes.

Il semble que la plupart des gens intéressés dans les typologies de personnalité se consacrent soit au MBTI, soit à l'Ennéagramme ; très peu paraissent intéressés par les deux approches. Ceux qui le sont se concentrent surtout sur la recherche d'une corrélation statistique entre les deux systèmes. Cela me rendait perplexe, comme si on essayait de lacer ses souliers avec une seule main. Il semble indiscutable que les deux systèmes sont valides et qu'un aspect de la personnalité est décrit par le MBTI, et qu'un autre l'est par l'Ennéagramme. Ce qui m'intéresse est de savoir comment ces deux aspects de la personnalité interagissent et comment cela peut être utilisé pour rendre une thérapie plus efficace.

Myers-Briggs Type Indicator (MBTI)
E-Extraversion 
S-Sensation 
T-Pensée 
J-Jugement 
 I-Introversion
 N-Intuition
 F-Sentiment
 P-Perception
Qu'est-ce qui me donne de l'énergie ?
Extraversion (75 %)
Stimulations externes
Attention vers l'extérieur
Pense à haute voix
Beaucoup d'amis
Parle plutôt qu'écouter
Introversion (25 %)
Pense avant de parler
Attention vers l'intérieur
A besoin de temps seul
Peu d'amis proches
Réservé, calme
Comment est-ce que je gère l'information ?
Sensation (75 %)
Spécifique, détails
Vit dans le présent
Centré sur la réalité
Littéral
Utilise les 5 sens
Pratique
Intuition (25 %)
Global
Orienté vers le futur
Créatif
Figuratif, métaphores
Utilise le "sixième" sens
Inspiré
Comment est-ce que je prends mes décisions ?
Pensée (50 %)
Objectif
Vérité
Logique, analytique
Qu'est-ce qui fait sens ?
Sentiment (50 %)
Subjectif
Tact
Satisfaction des besoins des autres
Qu'est-ce qui rend les autres heureux ?
Comment suis-je orienté ?
Jugement (50 %)
Décide
Structuré
Planifié
Perception (50 %)
Options ouvertes
Flexible
Spontané
Tempérament
SP (38 %)
Action, impulsif
Optimiste
Excitation, amusement
Orienté processus
à l'aise dans les situations de crise
SJ (38 %)
Appartient, sert
Pessimiste
Règles
Hiérarchie, statut
Tradition
NT (12 %)
Comprend la réalité
Ingénieux, compétent
Progression intellectuelle
Communication laconique
Sarcasmes
NF (12 %)
Recherche de soi et de sens
Réalise le potentiel des autres
Réalisation de soi
Très relationnel
Possibilités

En tant que thérapeute, je commence à utiliser les deux systèmes dès la prise de contact avec le client. Comme je gère l'admission des clients pour un groupe de thérapeutes, j'ai l'occasion de déterminer le type de beaucoup de gens, et pas seulement de mes propres clients. Au fur et à mesure que j'établissais le type de plusieurs centaines de personnes à la fois avec l'Ennéagramme et le MBTI, j'étais de plus en plus convaincue des mérites des deux systèmes et de l'importance des informations qu'ils pouvaient fournir au thérapeute comme au client.

J'ai commencé à remarquer qu'au début de la thérapie, la partie Ennéagramme de la personnalité du client était très forte. À la fin de la thérapie, six mois ou un an plus tard, cette part de sa personnalité était plus mesurée et ne dominait plus sa vie. Il devint clair pour moi que les deux typologies avaient des rôles très différents, mais d'importance égale. J'ai remarqué que plus la souffrance rapportée par le client était émotionnelle, plus le rôle de l'Ennéagramme était important dans sa vie. Dès que la guérison émotionnelle avait lieu, l'Ennéagramme devenait moins important. Il pouvait laisser la place à la partie MBTI, plutôt que de la dominer.

À l'âge adulte, la partie Ennéagramme continue à jouer le rôle protecteur qu'elle a eu dans l'enfance. Pourtant, il existe maintenant une part cognitive mature qui est capable d'assumer les responsabilités. Souvent, cette réalisation n'a pas été intégrée par le "système d'exploitation" ; cela permet à la partie Ennéagramme de garder le contrôle, alors que des compétences cognitives seraient plus efficaces. Je dis souvent à mes clients qu'il y a un niveau de leur personnalité qui n'a pas réalisé qu'ils avaient une voiture, un travail, de l'argent, une carte de crédit et deux jambes qui pouvaient les tirer de n'importe quelle situation. Nous continuons souvent à nous conduire comme des enfants sans pouvoir, avec seulement les défenses de l'Ennéagramme pour nous protéger.

Il n'est pas réaliste de vouloir renoncer à l'utilisation d'un système efficace sans mettre quelque chose à la place. Au cours d'une thérapie, une partie cognitive forte et "adulte" est développée, et peut gérer des situations là où l'enfant n'aurait pu le faire. Il est évident que c'est la cognition qui doit avoir le contrôle du système d'exploitation. La situation où le Système de Défense prend les grandes décisions de vie n'est pas optimale. Le système de défense n'a pas de cerveau. Son rôle est de défendre. Un client 6 ne voudra généralement pas prendre de décision quand il est dans un état d'hyper-vigilance et de peur de commettre une erreur. Il serait préférable qu'il prenne ses décisions en se sentant puissant et fort. En tant que 3, je sais que ce n'est pas une bonne idée de prendre une décision quand je suis dans un rôle. Je jouerai peut-être un rôle différent demain et devrais vivre pourtant avec cette décision. Il est meilleur de prendre une décision avec mes capacités cognitives quand plus d'informations sont disponibles et quand elles peuvent être évaluées plus clairement. Avec un peu de travail, les clients peuvent apprendre à faire la différence et à savoir quand ils fonctionnent hors de leur Moi Essentiel et quand la partie Ennéagramme de la personnalité est aux commandes.

Le cadre dont je me sers pour analyser la personnalité utilise le MBTI et l'Ennéagramme de façon interactive. Le Moi Essentiel est déterminé par le MBTI et le Système de Défense l'est par l'Ennéagramme. Le Moi Essentiel est la personne que nous avons été conçus pour être. Le Système de Défense est cette partie qui fait de son mieux pour protéger le Moi Essentiel des dommages émotionnels. Le Système de Défense est actif très tôt dans notre vie. Je ne serais pas surpris s'il l'était dès la vie utérine. À chaque fois qu'un enfant reçoit un message dommageable sur le plan émotionnel, le Système de Défense devient plus fort et accroît son contrôle sur la vie de la personne.

Très tôt dans sa vie, un enfant reçoit des messages lui indiquant qu'il n'est pas "OK". C'est la condition humaine. Les parents les mieux intentionnés envoient de temps en temps des messages négatifs. Quand cela se produit, l'enfant active automatiquement le Système de Défense pour se protéger émotionnellement. Ce système de Défense est le type de l'enfant dans l'Ennéagramme. Plus l'enfant est blessé, même involontairement, plus il a besoin de se défendre et plus le rôle de la partie Ennéagramme de la personnalité devient important.

Les messages négatifs reçus dans l'enfance peuvent venir d'au moins trois sources. Premièrement, les messages négatifs peuvent concerner la personnalité innée. Par exemple, un homme ENFP (Extraversion, Intuition, Sentiment, Perception), se défendant en 4, sera mal accepté par notre culture. Cet homme sera très sensible, très émotionnel, théâtral et orienté cerveau droit. Notre culture accepte plus volontiers ces traits chez une femme que chez un homme. Le même problème peut se poser pour une femme ENTJ-3 (Extraversion, Intuition, Pensée, Jugement). Cette femme serait heureuse dans une fonction d'encadrement avec beaucoup de contacts, d'exposition publique, et un potentiel de développement de carrière rapide. Notre culture admet mieux ces traits chez un homme. Notre culture est principalement conçue par la partie SJ (Sensation, Jugement) de la population, qui représente pourtant moins de 40 % du total. Les écoles, l'armée, le gouvernement et les églises ont principalement une orientation SJ. Cela implique à un haut degré des structures, des règles, des valeurs traditionnelles, une pensée hiérarchique, un besoin d'appartenance et une vision plutôt conservatrice. La culture SJ a des stéréotypes traditionnels sur ce à quoi doit ressembler un homme ou une femme, comme Ken et Barbie. Des personnalités comme un homme ENFP-4 ou une femme ENTJ-3 reçoivent un feed-back très négatif de notre culture. Quand ces personnalités minoritaires se comparent aux stéréotypes culturels, la seule conclusion à laquelle elles peuvent aboutir est : "Qu'est-ce qui ne va pas chez moi ?"

Deuxièmement, un enfant assume presque toujours la responsabilité des abus qu'il subit, qu'ils soient physiques, émotionnels, verbaux ou sexuels. La pensée magique de l'enfant fait qu'il se sent coupable et honteux des traitements abusifs que lui infligent les adultes. Quand ceci se produit, l'enfant est blessé émotionnellement, ce qui active le Système de Défense de l'Ennéagramme.

Troisièmement, un enfant assume parfois émotionnellement la responsabilité d'événements sur lesquels il n'a aucun contrôle, comme la mort d'un membre de la famille, l'alcoolisme d'un parent, un divorce, la maladie physique ou mentale d'un parent… L'enfant peut penser que s'il avait été "meilleur", Maman et Papa n'auraient pas divorcé ou le parent alcoolique aurait cessé de boire.

Le Moi Essentiel (MBTI) et le Système de Défense (Ennéagramme) ont chacun leur propre liste de caractéristiques ou de traits de personnalité. Certains de ces traits sont compatibles et se renforcent mutuellement. D'autres s'opposent et le client vit une guerre civile intérieure. Donna est un exemple de personnalité avec des ensembles de caractéristiques très compatibles. Elle est une INTP (Introversion, Intuition, Pensée, Perception) dans le MBTI et une 9 dans l'Ennéagramme. Dans la figure 1 [Note de l'éditeur : la figure 1 est trop complexe pour être mise dans cette page ; destinée à illustrer le texte, elle n'est pas indispensable à sa compréhension et est disponible dans la version papier d'Enneagram Monthly], les deux parties de la personnalité de Diane sont représentées par des cercles. Le recouvrement important des deux cercles représente le haut degré d'harmonie entre son type dans le MBTI et son type dans l'Ennéagramme. En haut et en bas de la figure, il y a une liste des traits compatibles entre l'INTP et le 9. Sur la gauche et sur la droite, il y a une liste des traits incompatibles. Des numéros et des lettres identiques désignent les traits qui correspondent dans les deux systèmes, par exemple "Accommodant et flexible" (#4) sous INTP correspond à la caractéristique du 9 "Facile à vivre". Les traits neutres ne sont pas mentionnés. Seuls ceux qui se renforcent mutuellement ou qui s'opposent sont examinés.

Donna se sent très bien avec un style de vie plutôt retiré, contemplatif et facile. Elle dit avoir un réel problème avec le temps. Aussi bien l'INTP que le 9 luttent avec le temps et même avec le simple fait de comprendre le concept de temps. Quand ces deux types de personnalités sont combinés, c'est mettre le 9 à la puissance 9 ! Donna considère que c'est un problème dans notre culture SJ (Sensation, Jugement), qui s'impatiente devant un four à micro-ondes cuisant du pop-corn ! Ceux qui n'ont pas cette combinaison de personnalité ont tendance à interpréter à travers leurs propres filtres l'absence de sens du temps de Donna. D'un point de vue positif, Donna est capable de s'immerger dans son travail, en ignorant toutes les distractions. C'est un trait à la fois de l'INTP et du 9. Quand ils s'allient, Donna est capable de se concentrer sur un projet pendant une longue période de temps.

Sarah est aussi un type 9 dans l'Ennéagramme, mais sa personnalité n'est pas aussi congruente. Elle est une ISTJ (Introverti, Sensation, Pensée, Jugement). Alors que Donna sent que son conflit principal est sa difficulté à s'intégrer dans un monde perçu globalement comme étranger, Sarah sent le conflit à l'intérieur d'elle-même. En tant que SJ, elle accepte les standards de notre culture. Le stéréotype culturel de la femme est F (Sentiment). En tant que type T (Pensée), elle ne s'y est jamais sentie adaptée. En tant que ISTJ, elle voulait être productive, organisée, efficace et ordonnée. Elle était à la fois consternée et dégoûtée de se trouver la plupart du temps assise et sans but ou endormie. La partie ISTJ connaissait bien tous les "Je devrais". La partie 9 n'en avait rien à faire. Moins Sarah accomplissait de choses, moins grande était son estime de soi, et plus grande était l'influence du Système de Défense 9. Cela créait un cycle infernal qui la poussait dans une profonde dépression. La dépression sapait un peu plus son énergie et contribuait à accroître son dégoût de soi. Le conflit intérieur est représenté sur la figure 2 [Note de l'éditeur : la figure 2 est trop complexe pour être mise dans cette page ; destinée à illustrer le texte, elle n'est pas indispensable à sa compréhension et est disponible dans la version papier d'Enneagram Monthly]. Il est clair que les deux aspects de sa personnalité n'ont pas grand-chose en commun.

Quand Sarah est entrée en thérapie, elle était très malheureuse à propos de son style de vie et de sa relation avec son mari et ses enfants. En lui expliquant à la fois son type dans le MBTI et sa désignation dans l'Ennéagramme, la partie ISTJ a été satisfaite de découvrir qu'il y avait une raison à ses comportements et qu'elle n'était pas folle. Confrontée au diagramme de la figure 2, la partie ISTJ a apprécié le portrait concret du conflit qu'elle vivait. Sarah a apprécié et s'est identifiée à la partie ISTJ mais a reconnu que le 9 avait gouverné sa vie, aussi loin qu'elle se souvienne.

Sarah vient d'une grande famille très dysfonctionnelle. Étant le bouc émissaire de la famille, elle ne pouvait rien faire qui soit considéré comme bien. Mais en tant qu'ISTJ, elle continuait malgré tout à essayer, jusqu'à ce que le 9 prenne le contrôle et qu'elle cesse d'y attacher de l'importance et renonce. Même après s'être mariée et avoir fondé sa propre famille, elle n'a pas été capable de minimiser l'influence du 9. Je lui ai expliqué le type de thérapie émotionnelle qu'elle allait suivre et me suis heurtée au scepticisme habituel chez les ISTJ. Le travail émotionnel n'est pas logique. Cela ne fait pas sens d'explorer les émotions, alors qu'elle a travaillé dur et longtemps à les contrôler et à les dissimuler. Chaque session commençait par l'expression de ses questions et de ses doutes à propos de l'efficacité du processus. Comme je le fais avec tous les clients SJ, je lui ai demandé de coopérer à la thérapie pendant cinq mois avant de décider si elle faisait ou non des progrès. Elle a décidé de se donner vingt séances et les comptait en numérotant les chèques. Nous en étions à la dix-septième séance quand elle a senti que l'influence du 9 sur sa personnalité diminuait. Elle vivait des moments où elle se sentait en contrôle, organisée et efficace. En période de progression personnelle, Sarah, en tant que 9, acquiert certaines des meilleures qualités du 3. Les caractéristiques du 3, comme la fixation d'objectifs, l'efficacité et le sens de l'organisation, correspondent bien mieux à l'ISTJ que le 9.

Traiter Sarah et Donna comme si elles avaient la même personnalité, sous prétexte qu'elles sont 9 toutes les deux, ne rendrait service ni à l'une, ni à l'autre. Leurs différences dans le MBTI les confrontent à des défis différents. Pour Sarah, les différences entre l'ISTJ et le 9 rendent l'auto-observation très aisée. Il lui est facile de savoir quand le 9 prend le contrôle et d'identifier le déclencheur. Quand elle est organisée et productive comme elle aimerait l'être, elle sait qu'elle dirige sa vie, son estime de soi est solide, et elle agit à partir de son Moi Essentiel. Donna se sent plus congruente, parce que son MBTI et son type dans l'Ennéagramme ne sont pas en guerre ouverte. Pourtant, Donna peut avoir plus de mal à discerner le mouvement dans le 9 parce que ses traits comportementaux sont très similaires à ceux de son MBTI. Avec la thérapie et une bonne compréhension de sa personnalité, Donna pouvait repérer la différence de motivation, même quand les autres observaient des comportements semblables.

Chacun des seize types du MBTI a des traits qui sont compatibles, à un plus ou moins grand degré, avec chacun des neuf types de l'Ennéagramme, et réciproquement. Par exemple, il y a des traits de l'ISTJ qui correspondent avec chacun des neuf types de l'Ennéagramme. Il y a plus de traits de l'ISTJ compatibles avec le 1 qu'avec le 9, mais il y a assez de recouvrement dans chaque paire pour que le système fonctionne. De même, il y a dans le 9 des traits qui correspondent à chacun des seize types du MBTI. Les types IN (Introversion, Intuition) ressentent moins de conflits intérieurs avec le type 9 de l'Ennéagramme, mais il y a là aussi assez de traits communs avec les autres types du MBTI pour que cela fonctionne. On peut y penser comme à un système d'engrenages. Parfois, seules quelques dents s'enclenchent et parfois beaucoup.

Plus encore que Sarah, Roxanne vivait des conflits intérieurs extrêmes. Elle a commencé sa thérapie alors qu'elle avait environ 55 ans. Elle a présenté sa demande comme le désir d'une "transplantation de personnalité". Il n'y avait pas de doute dans son esprit qu'il y avait quelque chose d'inné qui n'allait pas en elle. Elle avait souffert de dépression et avait pris des antidépresseurs quasiment toute sa vie. Roxanne, une ESFJ (Extraversion, Sensation, Sentiment, Jugement), se défendait dans le type 8 de l'Ennéagramme. En tant que SJ, comme Sarah, elle connaissait et acceptait le stéréotype culturel de la femme. Le 8 ne faisait rien pour l'aider à se conformer à ce rôle. En tant que ESFJ, elle accordait de la valeur à l'harmonie et à la convivialité. Le 8 paraissait opposé de ses convictions les plus profondes. Quand elle désirait le plus se rapprocher de ceux qui l'entouraient, elle se retrouvait en train d'argumenter et de contrôler.

L'ESFJ est hospitalier et aime l'harmonie, ce qui n'est pas très compatible avec l'attitude basée sur le pouvoir du 8. Roxanne a apporté dans la thérapie les qualités de tout ou rien du 8 et s'est complètement impliquée dans le processus. Elle a commencé immédiatement à se sentir différente. Pourtant, cela a été un long processus d'effacer tant d'années de pensées négatives et de haine de soi. À la longue, elle a commencé à reconnaître de la valeur à la partie ESFJ de sa personnalité et à la développer. Elle a commencé à comprendre qu'elle n'était pas un 8, mais qu'elle se défendait en 8. Le 8 ne la définissait pas. Le 8 était un outil qu'elle utilisait instinctivement pour se protéger des abus émotionnels, physiques et sexuels qu'elle avait subis quand elle était enfant. Une fois ce Système de Défense en place et renforcé, ce n'était pas une tâche aisée de le déloger.

Un autre ESFJ, David était venu pour parler de problèmes conjugaux. David se défendait en 6 dans l'Ennéagramme. Il vivait un mariage difficile, mais la loyauté du 6 le poussait à essayer de le faire fonctionner. Il est dévoué à ses enfants et, en bon SJ, avait le désir d'être pour eux un bon modèle de père. David a réussi à trouver beaucoup d'harmonie entre l'ESFJ et le 6. Pourtant, il subissait les messages culturels négatifs liés au fait d'être un homme F (Sentiment). Heureusement, il avait un physique et un talent naturel qui lui permettaient d'exceller en sport et d'y être reconnu. J'ai découvert que beaucoup d'hommes F (Sentiment) avaient des activités sportives, afin d'essayer de mieux coller au stéréotype culturel. Ceux qui ne pouvaient pas le faire avaient plus de difficultés dans notre culture et vivaient une blessure émotionnelle plus importante du fait de leur personnalité.

Alors que la thérapie n'est pas un projet qu'on puisse mener seul, bien que ce soit le souhait de beaucoup, une analyse de sa personnalité peut être faite de façon autonome. Il suffit d'une librairie, d'un cahier et de temps. Si vous ne connaissez pas votre type dans le MBTI, vous pouvez passer le Keirsey Sorter dans l'ouvrage de David Keirsey & Marilyn Bates Please Understand Me [Note du traducteur : il y a à ce jour très peu d'ouvrages en français sur le MBTI. Quelques professionnels peuvent faire passer l'inventaire de personnalité correspondant, et il existe sur Internet de nombreux sites qui proposent des tests similaires, mais d'une fiabilité moins bien prouvée]. N'accordez pas une valeur absolue aux résultats. Lisez les descriptions et assurez-vous d'être en accord avec l'information donnée par le test.

Pour développer une description interactive de votre personnalité, lisez les descriptions de votre type dans le MBTI dans plusieurs ouvrages. Au fur et à mesure, faites une liste des adjectifs qui décrivent votre type. Faites la même chose pour l'Ennéagramme. Utilisez deux surligneurs de couleurs différentes. Surlignez les traits qui sont compatibles d'une couleur, et ceux qui s'opposent d'une autre. En dressant deux sous-listes des traits compatibles et opposés, vous aurez une représentation du degré d'harmonie intérieure ou de conflit que vous vivez. J'appelle neutres les traits qui ne sont ni compatibles, ni opposés. Ils n'interfèrent pas avec le travail interactif entre les parties MBTI et Ennéagramme de la personnalité ; par exemple, la nature prudente de l'ISTJ ne soutient, ni ne s'oppose à aucun des traits du 9.

J'ai trouvé que ce modèle interactif améliorait mon travail avec mes clients, et les aidait à atteindre un plus grand degré de compréhension et d'acceptation de soi. J'espère que les deux camps de la typologie de la personnalité pourront travailler ensemble, plutôt que de s'ignorer comme c'est le plus souvent le cas actuellement. Le MBTI et l'Ennéagramme ont tous les deux beaucoup de valeur, et accepter l'intérêt de la contribution de l'un des deux systèmes ne diminue en rien l'importance de l'autre.