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Comment nous restons enfermés dans notre ennéatype
Maintenir, éviter et compenser nos schémas
Jerome P. Wagner (Traduction par Isabelle Régis)

[Note préliminaire du traducteur : le mot schéma est employé dans ce texte dans le sens que lui donne le psychologue américain Jeffrey Young. On peut définir les schémas comme étant un ensemble de croyances dont une personne dispose au sujet d'elle-même, de son environnement et des autres, qui sont profondément ancrées chez elle et qui l'amènent à adopter certains comportements et certaines façons de vivre. Ils sont une sorte de filtre à partir duquel l'individu interprète la réalité, car ils influencent ses pensées et ses actions ainsi que ses relations avec autrui. Ils sont donc directement liés à l'identité de la personne.]

Une fois que nos personnalités ou paradigmes se sont construits dans le but de nous aider à appréhender le monde et à y vivre, nous pouvons soit les maintenir souples, flexibles et adaptables, soit les conserver de façon rigide, ne voyant chaque chose qu'à travers nos filtres, souffrant de ce que Joël Barker (1992) appelle la paralysie du paradigme et que George Kelly (1963) avait dénommé le durcissement des personnalités.

Une fois que nous avons créé nos paradigmes de personnalité, il existe de nombreuses raisons de ne pas vouloir les modifier. Ils ont fonctionné pour nous et nous sommes devenus de fins experts dans l'art de leur utilisation. Sortis de nos paradigmes personnels, nous nous situons à un niveau tout à fait moyen d'expertise. Plus nous sommes experts dans notre style de personnalité, plus nous nous y sommes investis, et plus nous avons à perdre en le modifiant.

Une autre raison à la résistance au changement est que notre identité s'est fondue dans notre paradigme. Nous craignons que la moindre modification de ce paradigme change complètement le sens de notre vie, nous laissant dans le trouble et en perte de repères. Nous maintenir fermement dans notre identité et notre paradigme établis nous protège de l'angoisse existentielle.

Nous tenons à nos paradigmes car ils nous sont devenus familiers et intimes. Nous nous y sommes habitués. Nous y sommes à l'aise et leur présence habituelle nous satisfait. En restant cohérents avec nos schémas, nous nous montrons loyaux à nos différentes fonctions et règles familiales. Ils nous donnent un sentiment d'appartenance.

L'efficacité, l'habitude, l'aisance et l'adaptation sont quelques-unes des raisons qui expliquent pourquoi nous nous accrochons à nos paradigmes. Comment le faire, même en niant l'évidence, demande de l'entraînement. Pour une meilleure compréhension de la façon dont nous maintenons nos schémas à propos de nous-mêmes et du monde, nous pouvons nous tourner vers les théories cognitives d'Aaron Beck (1976), et d'un de ses étudiants Jeffrey Young (1999) qui a fait des recherches sur les structures de comportements, d'évitement et de compensation.

Maintenir nos schémas

Nous maintenons nos paradigmes grâce à une attention sélective à l'information qui confirme nos schémas, et grâce à une inattention sélective à celle qui les infirme.

Par exemple, si vous pensez être indigne d'amour et infréquentable, vous remarquerez toutes les marques de non-considération à votre égard et tous les signes d'ennui et/ou d'inattention chez les autres. Puisque vous êtes hyper vigilant à ce propos, vous trouverez ce que vous cherchez. Et si vous ne le trouvez pas, vous ferez en sorte de le créer et de croire le voir. D'un autre côté, vous minimiserez l'importance de tous les signes d'attention et d'intérêt à votre égard. Vous vous direz que cela ne compte pas, ou vous interpréterez ces signes d'attention comme intéressés ou forcés.

Les schémas peuvent aussi être maintenus par ce qu'on appelle des conduites d'échec. Si vous pensez être l'objet de peu d'attention de la part des autres, vous vous mettrez alors à fréquenter des personnes narcissiques qui ne feront vraiment pas attention à vous, ou vous continuerez à rechercher des personnes non-disponibles, ou vivrez des relations abusives.

Nous pouvons ainsi faire preuve de supercherie mentale afin de conserver nos schémas, et nous pouvons déformer les faits pour confirmer nos hypothèses. Voici ce que sont les procédures de maintien des schémas déployées par les neuf types de l'Ennéagramme :

  • Les 1 maintiennent leur schéma que le monde et tout ce qu'il contient ont besoin d'être améliorés en focalisant leur attention sur tout ce qui ne va pas et qui manque, et en ne portant qu'une attention réduite à ce qui y est là et qui est bien.
  • Les 2 maintiennent leur schéma que le monde est dans le besoin et nécessite leur aide en focalisant leur attention sur les besoins d'autrui et en enregistrant la reconnaissance et l'appréciation reçues pour leur aide.
  • Les 3 maintiennent leur schéma qu'ils sont des experts en efficacité dans un monde désorganisé en étant attentif à tous les attitudes et comportements inefficaces autour d'eux, en ne tenant aucunement compte du travail accompli avec succès sans leur participation, et en attachant de la valeur à chacun des niveaux de l'échelle qu'ils ont gravis et à la gloire retirée de toutes les marques d'approbations dues à leurs accomplissements.
  • Les 4 maintiennent leur schéma qu'ils sont des aristocrates en exil et des étrangers vivant dans un monde bizarre, qu'ils sont d'une imperfection tragique et en voie imminente d'abandon en remarquant tout manque d'attention et toute incompréhension à leur égard, ainsi que chacune des choses qui ne vont pas en eux et qui vont visiblement bien chez les autres, en se comparant aux autres et en ressortant à chaque fois dévalorisés, et en ignorant l'acceptation et l'amour des autres.
  • Les 5 maintiennent leur schéma que le monde est intrusif et ne donne pas (et que cela ne peut pas être négocié) en étant excessivement attentifs aux demandes et attentes d'autrui, en se montrant hypersensibles aux refus essuyés par leurs propres demandes, en se sentant impuissant à négocier à propos de ce qu'ils veulent et en adoptant par défaut une stratégie de retrait.
  • Les 6 maintiennent leur schéma que le monde est menaçant et dangereux en recherchant les menaces et les ennemis, en s'imaginant le pire et en omettant de faire attention aux moments, lieux et personnes de qui et avec qui ils se sentent acceptés, protégés et en sécurité.
  • Les 7 maintiennent leur schéma qu'ils doivent avoir plusieurs options et être positifs en ne s'intéressant qu'aux bons moments, en se rappelant et en anticipant les événements plaisants, et en passant d'une expérience à une autre si rapidement qu'ils ne peuvent les apprécier et doivent passer compulsivement d'un plaisir à un autre.
  • Les 8 maintiennent leur schéma que le monde est hostile et prêt à les avoir en voyant des humiliations, des offenses et des manipulations là où il n'y en a pas, et en minimisant ou niant toute preuve d'affection ou de gentillesse montrée à leur égard.
  • Les 9 maintiennent leur schéma que le monde est indifférent, et que le mieux est de se résigner en se disant "quelle différence cela fait-il ?", en considérant comme inutile chacune de leurs initiatives et de leurs interventions personnelles, et ne remarquant pas les changements produits par leurs actions.

Éviter les schémas

Comme ces schémas produisent, quand ils sont activés, des pensées inconfortables et douloureuses, ainsi que des émotions comme la honte, la culpabilité, la peur et la colère, nous les maintenons en évitant tout ce qui pourrait déclencher leur apparition. Nous pouvons le faire sur un mode cognitif par l'utilisation de mécanismes de défense qui empêchent les schémas de devenir conscients. Nous les réprimons et devenons confus quand on nous demande de penser à quelque chose qui fait apparaître le schéma. Notre mental, notre imagination, et nos sens nous font mystérieusement défaut dès qu'il s'agit d'accéder à ce matériau inquiétant. Par exemple, si vous demandez aux 2 ce dont ils ont besoin, ou aux 3 où ils ont échoué, vous recevrez probablement en réponse une manifestation de confusion, ou, au mieux, un regard bizarre.

Nous ne nous contentons pas seulement de bloquer la prise de conscience de nos schémas ; nous pouvons aussi bloquer toutes les émotions qui les accompagnent. Nous endormons nos émotions de la même manière que nous arrêtons notre pensée.

Cela peut impliquer une anesthésie partielle. Par exemple, nous pouvons ressentir de la colère, de la joie ou de la peur, mais pas de tristesse. Ou bien, nous pouvons vivre une anesthésie générale en réduisant et engourdissant toutes nos sensations, et risquons alors de faire une dépression chronique. Si vous interrogez un 5 sur ce qu'il ressent maintenant, vous découvrirez qu'il y réfléchit, ou alors il vous faudra attendre un long moment qui peut aller de quelques instants à plusieurs jours avant qu'il ne puisse décrire ce qu'il ressent.

Enfin, nous pouvons éviter nos schémas comportementalement en nous abstenant de nous livrer aux activités qui pourraient les réactiver. Si nous avons peur d'échouer, nous éviterons les emplois, les relations, les activités, etc. qui pourraient finir par un échec. Le "complexe de Jonas" de Maslow convient parfaitement pour décrire tout cela. Quand Yahvé demanda à Jonas de devenir son porte-parole, Jonas émit des objections, se croyant incompétent et indigne de dire aux Ninévites quoi que ce soit. Il passa du temps dans le ventre d'une baleine à trouver toutes les justifications à ne pas être médiateur. Il pensa qu'il valait mieux rester avec ce qu'il savait déjà, plutôt que de risquer des catastrophes à apprendre ce qu'il ne savait pas encore. L'agoraphobie (ou perdre du temps dans le ventre d'une baleine) serait un comportement extrême d'évitement pour ne pas réactiver des schémas. Si vous demandez aux 1 ou aux 6 s'ils se rebellaient durant leur adolescence, ils vous répondront probablement "Bien sûr que non !", un tel comportement ne pouvant convenir à des garçons et filles responsables, doués de conscience et respectueux de la loi.

Voici les manœuvres d'évitement des schémas pratiquées par les neuf paradigmes de l'Ennéagramme :

  • Les 1 évitent de se relâcher, de faire les choses négligemment ou d'accomplir ce qu'ils veulent réellement de peur d'être critiqués ou de se sentir coupables. Ils évitent le plaisir et le repos. Ce qui leur permet de maintenir leur schéma perfectionniste en place.
  • Les 2 évitent d'exprimer leurs propres besoins par peur d'être traités d'égoïstes, et d'avoir à faire face au rejet d'eux-mêmes et de leurs besoins. Ce qui maintient leur schéma d'aide en place.
  • Les 3 évitent l'échec en renonçant à tout projet qui aurait peu de chance d'aboutir. En évitant leurs propres besoins et émotions, ils restent ancrés dans leur image ou leur fonction, et maintiennent ainsi en place leur schéma de réussite.
  • Les 4 évitent leur schéma selon lequel ils sont défectueux, inadaptés et inacceptables en nouant des relations intimes, puis en rejetant vivement l'autre personne avant qu'elle n'ait le temps de les accepter ou de les rejeter. Cela maintient leur schéma original et tourmenté en place.
  • Les 5 évitent leur schéma selon lequel ils sont inadéquats et n'ont rien à offrir en ne s'engageant pas dans des projets ou des relations, en se retirant et en gardant le silence. Cela maintient leur schéma de solitaire bien en place.
  • Les 6 échappent à leur schéma selon lequel ils sont lâches, infidèles, déviants ou fragiles en évitant leurs peurs et leurs propres convictions, et en restant proches des figures d'autorité et en respectant leurs règles (s'ils sont phobiques) ou en se tenant éloignés des figures d'autorité et de ce qu'elles représentent, et en agissant impulsivement contre leurs peurs au lieu de vivre avec elles (s'ils sont contrephobiques). Cela maintient leur schéma de peur en place.
  • Les 7 évitent leur schéma selon lequel ils sont malheureux ou limités en ne s'impliquant pas dans des métiers ou des relations qui les lieraient, en évitant toutes les situations et sensations douloureuses, et en ne se fixant pas trop longtemps. Cela maintient leur schéma de plaisir en place.
  • Les 8 évitent leur schéma selon lequel ils sont faibles, vulnérables et impuissants en se mettant au-dessus des autres, et en s'assurant qu'ils ne seront jamais en position d'infériorité. Ils évitent la compassion et l'affection, et recherchent la justice et la force. Cela maintient leur schéma de pouvoir en place.
  • Les 9 évitent d'activer le schéma selon lequel on ne peut ni les aimer, ni les remarquer en ne se montrant pas enthousiastes à propos d'eux-mêmes, de leurs opinions ou de leurs sensations, en ne faisant pas état de ce qu'ils aimeraient, ni de ce dont ils ont besoin. Ainsi évitent-ils d'être déçus ou blessés. Cela maintient leur schéma d'indifférence en place.

Compenser les schémas

Enfin, nous préservons nos paradigmes ou nos schémas en place en les compensant, en faisant l'inverse de ce que nous redoutons qu'ils nous montrent. Ainsi, si nous avons un schéma qui croit que nous sommes un raté, nous pouvons le surmonter et faire strictement l'inverse en nous efforçant compulsivement de réussir. Les théories d'Alfred Adler au sujet du complexe d'infériorité et du complexe de supériorité furent les précurseurs de ce que la théorie cognitive appela compensation des schémas. Par exemple, Adler lui-même, gêné par son pied-bot et se sentant inférieur à son frère aîné, compensa son sentiment d'infériorité en réussissant à être un célèbre théoricien et activiste social.

Grâce à ce processus de formation réactionnelle, nous maintenons en place nos schémas sous-jacents parce qu'ils ne sont jamais vus, contestés ou expérimentés. Ainsi, nous ne sommes jamais en mesure de les infirmer, car nous mettons toute notre énergie à prouver leurs contraires et à empêcher les schémas douloureux de remonter à la surface.

Vous savez que vous surcompensez quand quelqu'un heurte le schéma vulnérable sous-jacent que vous essayez de masquer et qu'il s'ensuit une forte réaction émotionnelle. Dès qu'on appuie sur votre "bouton de compensation", vous pouvez ressentir colère, blessure, embarras, humiliation, tristesse ou peur.

Paradoxalement, ces tactiques de surcompensation nous apportent exactement ce dont nous avions peur et que nous essayions d'éviter.

Young utilise l'exemple du narcissisme comme étant la surcompensation d'un ressenti et d'un état de manque dans la jeunesse. Pour compenser ce sentiment de privation ressenti dans sa jeunesse, le narcissique développe, quand il est adulte, le sentiment que tout lui est dû. Je mérite cela, cela m'est dû, et je ne devrais rien avoir à faire pour que cela m'appartienne. Ce que le narcissique recherche véritablement, c'est d'être aimé et d'avoir ses besoins satisfaits par les autres. Mais son comportement et ses attitudes narcissiques sont souvent exagérés puisqu'il s'agit d'une surcompensation, et son sens excessif de son importance et de ses droits éloigne les autres qui se détournent de lui. Le narcissique est à nouveau délaissé, avec sa seule image pour tout réconfort.

Du point de vue de l'Ennéagramme, ce qui est exagéré dans chaque ennéatype peut être vu comme une surcompensation à un schéma sous-jacent inverse. Voici un résumé des tactiques de surcompensation de chaque ennéatype, et de la façon dont elles peuvent ironiquement mettre en relief leur véritable peur :

  • Paradigme 1 : ils essaient exagérément d'être biens et excellents en tout, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils sont médiocres, peu estimables et imparfaits.
    En se montrant super-perfectionnistes, pédants, tatillons et critiques, ils encourent souvent la critique, la colère et l'évitement des autres. Cela confirme leur croyance que le monde est critique et n'est pas comme il devrait être.
  • Paradigme 2 : ils essaient exagérément d'aider et d'être généreux, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils sont égoïstes, incapables d'amour et de considération, inutiles et de peu d'importance.
    En se montrant trop nourriciers et étouffants, ils encourent le risque d'être rejetés plutôt que de vivre les relations de proximité qu'ils espéraient. Cela confirme leur croyance que le fait de pourvoir aux besoins d'autrui n'est ni accepté, ni apprécié.
  • Paradigme 3 : ils essaient exagérément d'accomplir et de réussir tout ce qu'ils entreprennent, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils ne peuvent être acceptés tels qu'ils sont, que les gens ne les aiment pas et qu'ils sont des ratés.
    En réussissant de façon systématique et mécanique, ils finissent par détourner les gens d'eux et les encourager à rechercher l'apparence ou la fonction plutôt que la personne elle-même. Cela confirme leur croyance que c'est la performance qui paye et non pas l'authenticité.
  • Paradigme 4 : ils essaient exagérément de se montrer originaux, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils ne sont rien, pleins de défauts, laids et que les autres ne veulent pas les fréquenter.
    En adoptant une attitude hypersensible, raffinée, précieuse et facilement incomprise, ils causent généralement l'incompréhension et leur mise à l'écart plutôt que l'empathie et la relation. Cela confirme leur croyance qu'on ne peut pas les aimer.
  • Paradigme 5 : ils essaient exagérément d'acquérir du savoir tout en gardant l'anonymat, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée d'être des ignorants et des perdants insignifiants, incapables de se mettre en avant.
    En restant calmes et en retrait, ils provoquent de la part des autres une attitude de projection et d'intrusion. La nature a horreur du vide, et les gens accaparent tout espace vide. En restant silencieux, ils amènent les gens à faire des interprétations du genre "elle doit penser à quelque chose d'extrêmement brillant" ou "il n'a rien à dire". Cela confirme leur croyance que le monde est intrusif, accaparant et qu'ils n'ont rien à lui offrir.
  • Paradigme 6 : ils essaient exagérément de se montrer loyaux et dépendants, ou rebelles et pseudo-indépendants, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils sont lâches, qu'ils méritent des punitions pour avoir transgressé les règles, et qu'ils vivent dans un monde dangereux.
    En adoptant une attitude paranoïaque et suspicieuse, ils provoquent l'hostilité ou le complot. Quand ils pensent que les gens parlent dans leur dos, ils en arrivent à les faire parler dans leur dos. Cela confirme leur croyance que le monde est contre eux.
  • Paradigme 7 : ils essaient exagérément d'être joyeux et d'aller bien, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils ne vont pas bien, qu'ils sont limités, qu'ils sont au bord de la dépression, et qu'on les trouve ennuyeux ou qu'ils sont en passe de s'ennuyer.
    En étant compulsivement joyeux et enthousiastes, ils provoquent des réactions limitantes et déprimantes chez les autres qui veulent les faire redescendre sur terre et faire tomber leur optimisme délirant. Cela confirme leur croyance qu'on est toujours prêt à gâcher leur fête.
  • Paradigme 8 : ils essaient exagérément d'avoir du pouvoir et d'être forts, et ils compensent ainsi la croyance sous-jacente inadaptée qu'ils sont faibles et vulnérables et que le monde est un endroit hostile.
    En adoptant une attitude et une conduite agressives, ils peuvent provoquer aussi bien une réponse agressive que l'attitude craintive attendue. Le moins fort essaie souvent de battre le plus fort pour se prouver sa force à lui-même. Cela confirme leur croyance que le monde est hostile.
  • Paradigme 9 : ils essaient exagérément d'être stables, et ils compensent ainsi le sentiment qu'ils ne s'adaptent pas, que leur présence n'est pas souhaitée, qu'on les néglige et qu'ils ne comptent pas.
    On obtient ce qu'on demande. Comme ils ne demandent rien, ils n'obtiennent rien non plus. Comme ils n'expriment pas leurs besoins, les autres présument qu'ils n'ont besoin de rien, et ne leur offrent donc rien. Les gens leur paraissent froids et inattentifs, et cela confirme leur croyance que le monde est indifférent.

Nous restons enfermés dans notre style de personnalité quand, au lieu d'examiner nos paradigmes et de les ajuster aux circonstances, ce qui apporte un effet et des réponses optimales, nous oublions ou dénions que nous portons des filtres, refusons de nous adapter aux circonstances, regardons le monde à travers une perspective étroite et obsolète et de ce fait, réagissons par des comportements stéréotypés.

L'Ennéagramme est un modèle utile, un vérificateur de schémas, qui nous offre une riche variété de filtres pleins de ressources et de paradigmes flexibles.

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Note : le matériel ci-dessus est extrait du livre en cours d'écriture, Nine Personality Paradigms : the Enneagram Perspective.
Barker, Joel (1992) Future Edge. New York : Wm Morrow & Co.
Beck, Aaron. (1976). Cognitive Therapy and the Emotional Disorders. New York : Meridian.
Kelly, George. (1963). A Theory of Personality. New York : W. W. Norton & Co.
Young, Jeffrey. (1999). Cognitive Therapy for Personality Disorders : a Schema-Focused Approach. Sarasota : Professional Resources Press.