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Madame Doubtfire
Analyse

Daniel Hillard (Robin Williams) : 7

La caractéristique fondamentale de Daniel Hillard, c’est la joie. C’est ainsi qu’il a pu séduire Miranda : "C’est sa spontanéité, son énergie que j’ai trouvées sublimes. […] Il me faisait rire. Il avait de l’humour à revendre. […] C’est un garçon capable de décrocher la lune." C’est ainsi qu’il plaira à Jonathan Lundy suffisamment pour qu’il lui confie une émission de télévision éducative pour la jeunesse : "C’est ça ma théorie. Je prétends qu’on peut s’amuser tout en apprenant. On peut mélanger les genres"

Le problème est que les autres considèrent souvent que sa gaieté se manifeste hors de propos. Quelle que soit la catastrophe qui lui tombe dessus, il réagit en cherchant l’amusement et en essayant de faire rire son interlocuteur. À peine a-t-il perdu son travail d’acteur de doublage qu’il organise une fête pour l’anniversaire de son fils. En deux heures, il improvise une surprise-partie dans sa maison qu’il a transformée (ainsi que les rues avoisinantes de San Francisco) en basse-cour. Dès que quelqu’un lui semble hostile, il redouble d’efforts pour détourner le problème et être drôle. Par exemple, quand sa femme lui annonce son intention de divorcer :

  Daniel : Prenons quelques jours de vacances.
  Miranda : Oh Daniel, nos problèmes nous attendraient au retour, et puis ce serait pareil.
  Daniel : On déménagera. Avec un peu de chances, on les sèmera en route. [Il rit.]
  Miranda : Je t’en prie. Ce n’est pas amusant.

Il essaye aussi de nouer le contact avec l’inspectrice nommée par la justice pour vérifier qu’il travaille et qu’il est convenablement logé : "Ce que j’imite le mieux, c’est le hot-dog." Miranda dit de lui : "Il fuyait tout ce qui ressemblait à une discussion sérieuse. […] Il n’a pas les pieds sur terre." Il connaît tellement lui-même cette tendance que, quand il est vraiment sérieux, il éprouve le besoin de le préciser : "Je vous assure, je ne rigole pas" dit-il au juge qu’il veut convaincre de son amour pour ses enfants et du besoin qu’il a de les voir régulièrement.

En bon 7, il est capable d’imaginer des plans en quelques secondes. Il utilise cette capacité tout au long du film pour retomber sur ses pieds à chaque difficulté ou pour avancer vers ses objectifs. Cependant, l’exemple le plus frappant est la manière dont il conçoit en quelques secondes l’imposture de Madame Doubtfire, quand Miranda lui montre la petite annonce qu’elle veut faire passer pour recruter une aide ménagère.

Le film est l’histoire d’une intégration. Confronté au choc d’être séparé de ses enfants, Daniel joue le rôle d’Iphigenia Doubtfire, une assistante ménagère modèle. Il apprend ainsi à tenir une maison (cuisine, ménage) et à exiger de ses enfants qu’ils fassent leur devoir avant de s’amuser. On remarquera qu’il tient ce rôle en gardant ses qualités de joie et d’optimisme. Rapidement ses enfants l’adorent (ce qui était déjà le cas) et le respectent (ce qui est plus nouveau). C’est cette intégration qui permettra le happy end final.

Identification avancée : Daniel est un 7 à aile 6 de sous-type conservation ("Clan").

Miranda Hillard (Sally Field) : 1

L’opposition entre un 1 et un 7 est un grand classique de la comédie. Miranda est typique de ce genre de rôle : sérieuse et sans grand humour. Quand elle rentre chez elle au début du film et trouve son appartement plein d’enfants et d’animaux, avec son mari qui danse sur la table pour l’anniversaire de son fils, la première réaction qu’exprime son visage est la plus totale incompréhension. La gaieté de Daniel lui est insupportable : "Même lorsque je fais l’effort d’être drôle [souligné par nous], tu t’arranges pour en faire dix fois plus. Pourquoi est-ce que je suis la seule à penser qu’il y a des règles à respecter ?"

Comme beaucoup de 1, elle pense que sa rigidité lui est imposée par le manque de sérieux et d’implication des autres : "Ras le bol qu’on me fasse passer pour l’emmerdeuse dans cette famille", "C’est moi qui devais être sérieuse pour tout le monde." Cependant, il lui arrive par instants d’en prendre conscience : "(Parlant de Daniel) Je trouvais les autres si organisés, si stéréotypés. Dans mon genre." Et l’organisation, elle connaît :

  Madame Doubtfire : Oh ! Je me réjouis de voir que chaque chose est à sa place. Quelle organisation ! Et vous avez tout étiqueté. C’est pensé. Je vous félicite.
  Miranda : Mon ex-mari trouvait cela ridicule.
  Madame Doubtfire : […] Je m’étonne qu’il n’y ait pas d’étiquettes sur les petites cuillères.

Elle a du mal à détecter les marques d’humour chez les autres, comme dans cette dernière phrase de Madame Doubtfire dont elle ne perçoit pas la dérision.

Stu (Stewart) (Pierce Brosnan) : 9

Ce qui frappe le plus chez Stewart, c’est son impassibilité, son absence de réactions.

Autrefois, Miranda lui avait préféré Daniel. À ce propos, il lui déclare : "Je t’assure, je n’ai gardé aucune rancœur quand tu as fait ton choix. J’espérais seulement que tu serais très heureuse."

Quand il cherche à reconquérir Miranda, il se trouve en butte à l’agressivité physique et verbale de Madame Doubtfire : elle arrache le bouchon de radiateur de sa Mercedes, en profite pour dénigrer sa virilité, lui jette des fruits à la figure à la piscine… Dans la grande scène du restaurant, elle égoutte son dentier en prenant bien soin de l’arroser, tient des propos outrageants sur la sexualité de Miranda, la femme qu’il aime quand même, et met du piment dans son plat pour déclencher chez lui une crise d’allergie. Pas une fois, il ne se met en colère ou n’a une quelconque réaction.

Lydia Hillard (Lisa Jakub) : 1

Fille aînée des Hillard, Lydia est une 1 comme sa mère. Cependant son jeune âge fait que les traits du 1 sont peut-être encore plus visibles et plus caricaturaux chez elle.

Adulte en miniature ("T’es encore viré. Oh, ces acteurs !"), elle est celle qui défend en permanence les règles. Quand au début du film, Daniel veut organiser une fête pour l’anniversaire de son frère Chris, elle réagit aussitôt : "Non. Pas de fête. Maman a dit « Non ! » à cause de tes mauvaises notes." Et à la fin, quand Miranda est allé rechercher Daniel pour qu’il s’occupe des enfants en son absence, alors qu’elle adore son père, sa première réaction est encore inquiète et elle rappelle la loi : "Mais le juge, qu’est-ce qu’il dira ?" Lydia est évidemment plus mature que son père (ce n’est pas difficile !) et le sermonne régulièrement : "Papa, essaie de faire un effort."

Bien évidemment, la seule occasion légitime de révolte est l’injustice. Quand sa mère décide d’embaucher une assistante ménagère pour garder les enfants, elle réagit promptement : "C’est pas juste, maman. Pourquoi on a besoin d’une dame à la maison ?" Quand Madame Doubtfire les force à faire le ménage parce qu’ils n’ont pas voulu aller faire leur devoir, elle se rebelle à nouveau : "C’est de l’exploitation. C’est pas juste."

Jonathan Lundy (Robert Prosky) : 8

Patron d’une chaîne de télévision, Jonathan Lundy est un homme carré. Il a son franc-parler et trouve normal qu’il en soit de même chez les autres. Quand Daniel assiste au tournage d’une émission de télévision pour les enfants et déclare en voyant le présentateur "Je voudrais tenir l’imbécile qui laisse ce gars sévir à la télé depuis 25 ans", il répond "C’est moi" et ne s’en formalise pas plus.

Il se décide vite, pour donner sa chance à Daniel, pour accepter sa proposition d’animer l’émission travesti en Madame Doubtfire…

Dans la scène du restaurant, il manifeste la passion du 8, l’excès. Il enchaîne double whisky sur double whisky. Quand Daniel lui fait croire qu’une de ses ex-amies travaille au restaurant, il le presse dans un vocabulaire guerrier ("Allez ! Au front ! Au front !") de trouver pour son usage une de ses copines.

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