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The Full Monty
Analyse

Gary, dit Gaz (Robert Carlyle) : 7

Gary a toujours un plan en tête, de préférence tordu. Dès le début du film, il le montre en entraînant Dave et Nat, son fils, voler des poutrelles dans l’usine désaffectée, puis, quand ils se retrouvent coincés dans les bâtiments en montant une "évasion" rocambolesque par le canal qu’il présente comme une idée de génie ("C’était ça ta grande idée ? C’est pensé ça ! Peau de nœud !", râle Dave). Bien entendu, c’est lui qui aura la mirobolante idée du spectacle de strip-tease.

Il se projette dans le futur et utilise les images irréalistes de succès qu’il se fait pour essayer d’impliquer les autres dans ses projets : "Deux semaines ! […] Pense à la tête que Mandy va faire en te voyant danser, là, comme dans Flash Dance.", promet-il à Dave. Cet optimisme excessif le rend parfois naïf, comme quand il va essayer d’emprunter de l’argent à son ex-femme pour louer la salle de spectacle.

Il est fier de ses idées, de son mental qui, croit-il, fonctionne bien : "Alors, ça ! Merde ! Ça mérite qu’on réfléchisse, non ?", dit-il quand il découvre que les Chippendales ont réalisé 10 000 £ de chiffre d’affaires en une soirée.

Quand quelque chose ne va pas, Gaz le nie : il affirme que cela va "pas trop mal" au passant qui le surprend perché sur une voiture au milieu du canal sans savoir comment rejoindre la rive. S’il ne peut pas nier le problème, Gaz a recours au mécanisme de défense du 7, la rationalisation : le vol des poutrelles est "un genre de libération", le strip-tease serait pour Lomper "une thérapie", etc. Et si la rationalisation est impossible, alors c’est la faute de l’autre : "Il a un problème ce mouflet", dit-il de Nat qui s’enfuie à cause de son attitude.

Si quelqu’un ne lui plaît pas ou quand il estime son image menacée, Gaz a recours au sarcasme et tente de rendre son adversaire ridicule. Par exemple, il se moque des Chippendales : "Regarde-moi ces gueules ! Mais, y a pas de quoi sourire ! Faut chercher pour trouver sa zigounette. C’est pas en faisant de la muscu qu’il t’en poussera une !" De même, quand Gerald essaye de l’empêcher de fumer dans le Job Club, il met immédiatement les rieurs de son côté et en profite pour manifester son refus de l’autorité :

  Gerald : Eh ! Il y a écrit "Défense de fumer" là.
  Gaz : Il y a écrit Job Club, mais quand c’est qu’t’as vu passer un job par ici, Ducon ! T’oublies un truc, Gerald, t’es plus le contremaître. Maintenant, t’es comme nous tous. À la casse.

Gaz ne se fait pas trop d’illusions sur sa capacité à mettre ses propres plans en œuvre et sur le fait que les autres le savent. Il se croit donc obliger d’affirmer à tout propos que son projet est un vrai projet. Il le dit à son fils ("Si tu crois qu’on fait ça pour s’amuser, tu te goures.") et essaye de convaincre Gerald : "Écoute Gerald. Pour une fois, moi, je suis sérieux. Tu dois nous aider." Bien sûr, quand ça l’arrange, il peut aussi dire le contraire. Quand son fils veut lui prêter ses économies, il est inquiet de se sentir ainsi mis au pied du mur et engagé ; aussi, il essaye de le dissuader : "Il faut pas croire tout ce que je dis." Mais Nat insiste :

  Nathan : Moi, je te crois.
  Gaz : Ben merde, alors.

et il faut voir l’air à la fois ravi, ému, coincé et angoissé de Gaz.

Derrière son air dégagé, Gaz est réellement attaché à beaucoup de gens. Il se moque de Dave et le houspille bien souvent ("Gros bidon !", "Crâne de moineau"…), mais il essaye systématiquement de le protéger et notamment de le rassurer à propos de ses relations avec sa femme. Quand il a empêché Gerald de trouver un travail et qu’il réalise sa souffrance, il est sincèrement navré et essaye de s’excuser, même si c’est difficile à dire ("J’ai dégotté ça chez un broc, histoire de demander pardon.").

Le problème vient de ce que pour Gaz, il n’y a relation que quand il y a amusement. "Viens au Job Club. Tu vas te marrer là.", propose-t-il à son fils ; il confirme : "Eh Nat ! On se marre bien tous les deux, non ?". Même quand il essaye d’être responsable, il ne résiste pas à une grosse plaisanterie :

  Gaz : Eh, Nat ! On ira voir jouer Manchester. Terry m’a dit qu’il y avait un trou dans le grillage.
  Nathan : Non.
  Gaz : D’accord ! Je trouverai des billets, je te jure. Oh ! Hein ! Cantonna ! Il a trois grosses couilles en bois ! J’arrange ça, parole.

Son fils va jouer un rôle thérapeutique dans ce domaine en lui donnant l’occasion d’exprimer ses émotions clairement : "Tu te dis que ton père est un trouduc, hein ? Si tu crois qu’on fait ça pour s’amuser, tu te goures. Je me creuse le citron pour faire du fric pour que, toi et moi, on puisse continuer à nous voir. Ils essayent tous de nous en empêcher, tu sais. [Silence. Gaz regarde furtivement à gauche et à droite pour vérifier que personne ne l’entend.] Je tiens à toi. Je t’aime toi, petit con. T’entends, fils ? [Ils échangent plusieurs bourrades pour bien se montrer qu’ils restent des hommes malgré tout.]"

Bien entendu, arrivé au soir de la représentation, Gaz va sauter sur le premier prétexte venu (la présence d’hommes dans la salle) pour essayer de se défiler. Lui qui est à l’initiative du projet en découvre soudain les inconvénients et les risques : "Pas question que j’y aille, ce serait du suicide. Du suicide." Encore une fois, c’est Nathan qui le fait progresser et participer au spectacle.

Identification avancée : Gaz est un 7 à aile 6 de sous-type conservation ("Clan").

Dave (Mark Addy) : 9

Il n’y a aucun doute sur le type de Dave, mais pas grand-chose à en dire. Il se manifeste avant tout par l’énergie que dégage le personnage. Dave est souriant, aimant (il sauve Lomper du suicide), aidant ("J’essaye de faire ce que je peux."), et disponible.

Dave accepte les autres tels qu’ils sont. Par exemple, il ne réagit pas au fait que sa femme va voir le spectacle des Chippendales au grand dam de Gaz : "C’est son pognon qu’elle claque."

Il souffre du chômage, de la peur de perdre sa femme, de son apparence physique et pourtant, même quand il a les larmes aux yeux, il montre un visage placide et souriant. Gaz dit de lui qu’il a "une tête d’innocent".

Dave n’exprime jamais aucun besoin, comme s’il n’existait guère. Il est frappant de l’entendre évoquer plusieurs fois sa non-existence : "Mandy, je suis mort." ou "Je suis une tombe." Comme tout 9, il compense par la narcotisation. Même s’il croit faire des efforts de ce côté-là ("J’essaye de freiner sur la graille"), ça ne l’empêche pas de chercher à maigrir en s’enroulant un film plastique autour du ventre tout en mangeant du chocolat.

Identification avancée : Dave est un 9 μ de sous-type conservation ("Appétit").

Gerald (Tom Wilkinson) : 3

L’identité de Gerald, c’est son travail. De toute la bande du Job Club, il est le seul qui, après des mois de chômage, continue à chercher réellement un emploi : "Bouclez-la ! Il y en a qui essaye de trouver un job." Il est fier de cette implication ("J’ai pas gardé les bras croisés.") et il trouve incompréhensible le renoncement de Gaz et des "feignants dans [son] genre". Il consacre son temps et son énergie à cette recherche et n’admet pas d’en être distrait : "Danser, ça exige coordination, style, rythme, souplesse et grâce. Alors, va te regarder un vieux coup dans le miroir. Allez, j’ai pas le temps."

Le manque de travail, c’est la honte et la douleur suprêmes. Gerald est incapable de l’annoncer à sa femme. Quand Gaz le fait échouer dans l’entretien d’embauche qui allait lui permettre de "refaire surface", il craque et pleure : "Mais pourquoi t’as fait ça ? Il était à moi ce job. Il était pour moi ce travail."

Gerald exerce naturellement un rôle de chef. Pour monter le spectacle, Gaz pense immédiatement à lui, et pas uniquement parce qu’il sait danser. Une scène amusante le montre au commissariat, alors qu’il vient d’être arrêté, donner fermement des ordres au policier pour visionner la bande-vidéo des répétitions ("Ah ! La ferme !"). Il fixe à l’équipe des objectifs ambitieux : "C’est ce résultat, Messieurs, que nous devons atteindre.", déclare-t-il après avoir vu la vidéocassette de Flash Dance. Tout en étant autoritaire, il sait être flexible comme quand Horse explique à sa place comment une des figures du spectacle doit être exécutée en utilisant une métaphore footballistique.

Gerald est extrêmement sensible à son image : "J’ai un standing à tenir. J’ai des responsabilités.", "Et si les gens me voyaient ou si Linda apprenait cela ? J’ai mon standing, moi.", "Ici ? Maintenant ? Là ? Chez moi ? C’est un quartier correct ici." Quand les journaux locaux titrent sur leur spectacle et leur arrestation, il fait le tour des vendeurs pour tenter d’acheter et de détruire tous les exemplaires.

Identification avancée : Gerald est un 3 α de sous-type conservation ("Sécurité").

Nathan, dit Nat (William Snape) : 1

Nathan est un petit garçon sérieux. Il aspire à faire avec son père "des trucs normaux" : "Ça changerait, au moins."

Il passe son temps à juger ce que fait Gaz. "Papa, c’est du vol", lui dit-il, indigné, quand Gaz essaye de récupérer des poutrelles dans l’usine désaffectée. Il trouve inacceptable qu’il veuille rentrer en fraude dans un stade pour voir jouer Manchester. Il ne supporte pas sa manière d’aborder les filles dans la rue :

  Gaz : Ça va, ma belle ?
  Nathan : Papa !
  Gaz : […] On peut rien dire du tout tant qu’on n’a pas vu leurs nichons.
  Nathan : Papa !

Quand Gaz s’essaye au strip-tease, il réagit aussitôt : "Papa ! Arrête ! Non !" Même quand il se met à lui faire confiance et devient son complice dans le projet, il continue. Quand sa mère dit que Gaz n’est pas "un père digne de l’élever", il lui répond : "Il essaye."

Bien entendu, cette attitude s’applique aussi aux autres membres de la bande. Comme dans cet échange avec Dave qui se prépare à voler dans le supermarché la vidéocassette de Flash Dance :

  Dave : Donne-moi un bonbon.
  Nathan : Ils sont pas encore payés.

Quand Nathan a pris une décision, il l’estime juste et l’applique. "J’ai droit" affirme-t-il à Gaz qui veut le dissuader de retirer l’argent de ses économies pour louer la salle de spectacle.

Nathan est facilement en colère quand les autres ne font pas ce qu’il faut ou quand ses droits sont bafoués ("Il glandait derrière la porte en râlant.").

C’est lui qui décide Gaz de participer au spectacle en invoquant les valeurs sacrées de l’effort et du travail : "Tu vas pas reculer. Tu t’es trop défoncé. […] Écoute, je vais être vraiment en colère. […] Alors, t’y vas et tu fais ton travail. […] Allez, vas-y !"

Identification avancée : Nathan est un 1 α de sous-type conservation ("Anxiété").

Autre

Lomper (joué par Steve Huison) est un 4. Même s’il s’exprime peu, il promène pendant tout le film sa différence (rouquin, homosexuel, joueur de trompette…) et sa mélancolie ou ses envies suicidaires.

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description du film