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Kramer contre Kramer
Analyse

Ted Kramer (Dustin Hoffman) : 3

Le début du film nous montre Ted comme un 3 typique ne pensant qu’à son travail. Quand Jim le nomme responsable du budget publicitaire de Mid-Atlantic et lui annonce qu’il le prendra plus tard comme associé, Ted exulte : "C’est parti ! Super ! Fantastique !" Il rentre chez lui en apportant cette promotion comme un trophée : "Joanna, tu vas être vachement fier de moi. J’ai de bonnes nouvelles." Comment réagir autrement puisque c’est "forcément une des plus belles journées de [sa] vie" ? "Forcément" !

L’annonce faite, Ted se précipite sur le téléphone pour régler quelques affaires professionnelles sans s’intéresser au fait que sa femme semble avoir quelque chose à lui dire : "Attends chérie, j’entends rien."

Quand il commence enfin à comprendre que Joanna veut le quitter, il invoque immédiatement la grande excuse des 3 :

  Ted : Bravo. T’as vraiment le chic pour choisir ton moment.
  Joanna : [Elle prend son sac sans un mot et se dirige vers la porte.]
  Ted : Bon, je m’excuse d’être en retard. Tu comprends, j’étais en train de gagner notre vie.

Après le départ de Joanna, Ted vérifie qu’elle n’est pas partie chez Margaret la voisine et amie, puis se remet aux choses sérieuses, ses dossiers. Aussi, quand Margaret, inquiète, vient prendre des nouvelles, elle est vite mise à la porte : "Moi aussi, j’aimerais beaucoup rester là à papoter, mais justement il faut que quelqu’un rapporte du blé à la maison. Alors, j’ai une présentation très importante demain matin. J’aimerais bien terminer mon travail. Alors je t’en prie, tu me laisses travailler. Au revoir."

Le lendemain, quand Jim, son patron, un autre 3, s’inquiète de l’impact possible du départ de Joanna sur son travail, Ted fait de la surenchère :

  Jim : Ted, écoute-moi. J’ai annoncé à tout le monde que tu étais responsable du budget Mid-Atlantic. J’ai dit que tu étais désormais mon bras droit, tu comprends ? Bon, un coup comme ça, ça n’arrive pas plus d’une fois tous les cinq-six ans. Il y a des gars dans cette agence dont le cœur saigne parce que je t’ai choisi, toi. C’est très important. Ne sabote pas ça. Il… Il faut que je puisse compter sur toi. Quand je dis compter, ça veut dire à 110 %, sept jours par semaine, vingt-quatre heures sur vingt-quatre. C’est capital. Pas question d’avoir un collaborateur qui s’affole, tout ça parce que son mouflet a un rhume.
  Ted : Tu peux compter sur moi vingt-cinq heures sur vingt-cinq, tu peux compter sur moi huit jours par semaine, parce que j’en veux, et ça, Jim, tu le sais. Et jamais mes ennuis privés n’ont passé la porte de mon bureau. Tu m’as demandé de tout te raconter. Bon, ben ça s’est passé ici, chez toi, mais une fois sorti, c’est reparti. Et ça, je veux que tu le saches. Je suis insubmersible. C’est vu ? C’est vrai que tu m’as donné une chance, et j’ai pas l’intention de la bousiller. D’accord ?

Avec Jim, Ted emploie un vocabulaire très émotionnel et prononce au moins deux fois le mot amour. On devine qu’il devait le dire moins souvent à Joanna !

Ted est plein d’optimisme. Le premier petit-déjeuner avec Billy le montre maladroit, mais décidé à faire passer une image de réussite : "Génial ! Qu’est-ce qu’on se marre !" Quand il est licencié et apprend que le procès est imminent et qu’il doit avoir un travail s’il veut avoir une chance de le gagner, il est immédiatement plein d’énergie et de certitude :

  Ted : Bon, alors j’aurai un boulot dans les vingt-quatre heures.
  Avocat : Non mais, vous rêvez ou quoi ?
  Ted : Je vous dis que j’aurai trouvé un boulot dans les vingt-quatre heures.

Quand il visite son nouveau bureau, Billy lui demande comment il a réussi :

  Billy : Comment tu l’as trouvé ce travail ?
  Ted : J’ai dit que je le voulais.

Et c’est presque aussi simple que cela, en ajoutant simplement énergie, concentration et agressivité.

L’histoire de Kramer contre Kramer est celle de l’intégration de Ted qui se connecte à ses émotions et revoit ses priorités de vie.

Identification avancée : Ted est un 3 α de sous-type conservation ("Sécurité").

Joanna Kramer (Meryl Streep) : 4

Joanna a en permanence les émotions à fleur de peau. Elle quitte Ted parce qu’il ne comprend pas les sentiments qu’elle vit : "Ce qui passait avant tout, c’était sa carrière. Sa façon de ne jamais être  aux craintes qui me rongeaient et son incapacité à vraiment me comprendre ont fait que finalement je perdais toute confiance en moi. J’avais peur et j’étais très malheureuse."

Dans sa lettre à Billy, Joanna dit aussi être partie parce qu’elle devait "trouver quelque chose d’intéressant à faire dans la vie". Elle précise bien que tout le monde y a le droit, et c’est une manifestation de sa passion d’envie.

Lors du procès, elle donne aussi comme raison à son départ son besoin d’expression : "Ce n’était pas parce que j’avais besoin de créativité ou de m’ex… de m’exprimer aussi en dehors de mon enfant que cela faisait de moi une mère indigne, comme on dit."

Mais la véritable raison est plus existentielle, liée au problème d’identité qui consciemment ou inconsciemment agite les 4 : "Toute ma vie je me suis sentie la femme, la mère ou la fille de quelqu’un. Même pendant que nous vivions ensemble, je n’ai jamais su qui j’étais et c’est pour ça que j’ai dû partir."

Dès le début, quand il annonce la nouvelle à Jim, Ted est conscient de ce point : "Je pense que ce qu’elle a fait, c’est une façon de me rappeler à l’ordre. SOS. J’existe. Attention, je suis aussi importante que ton travail." Quand plus tard il explique à Billy pourquoi sa mère est partie, il lui dit que lui souhaitait la changer et qu’elle "voulait rester comme elle est".

Joanna a une très faible estime de soi. Lors du procès elle déclare : "Je pensais que j’étais une femme terriblement néfaste et que mon fils ne pouvait qu’être mieux sans moi." Effectivement, quand elle quitte Ted, elle prend toute la responsabilité de la rupture :

  Ted : Mais enfin, dis-moi ce que j’ai fait. Dis-moi ce que j’ai fait de si terrible.
  Joanna : C’est pas toi. C’est moi. C’est ma faute. Je ne suis pas la femme qu’il te faut, voilà tout.
    […]
  Ted : Et Billy dans tout ça ?
  Joanna : Je l’emmène pas avec moi. Je lui vaux rien. Je suis pas possible avec lui. J’ai plus de patience. Il sera beaucoup mieux sans moi.

Joanna a souvent un style de communication comportant des hésitations et quand elle a quelque chose d’important à dire, elle répète : "J’ai préparé un speech.", dit-elle à Ted lors de leur rencontre dans le café.

Joanna est touché par la souffrance de Ted, par tout ce qu’il y a d’inhumain et d’irrespectueux des autres dans l’acharnement du procès. Cela la conduit à renoncer à la garde de Billy, mais on peut aussi y voir la tendance du 4 à repérer ce qui ne va pas quand ses objectifs sont à portée de main : "Quand je me suis réveillé ce matin, je pensais sans arrêt à Billy et je l’imaginais, je le voyais se réveiller dans sa chambre avec ses petits nuages au-dessus de son lit que j’avais peints et je me suis dit que j’aurais dû peindre des nuages dans sa nouvelle chambre pour qu’il… pour qu’il ait l’impression de se réveiller chez lui. Je suis venue pour ramener mon fils chez moi. J’ai compris que c’est ici sa vraie maison. Je l’aime tellement fort, je le reprends pas."

Même à ce moment, en pleine émotion, alors qu’elle va expliquer sa décision à Billy, le souci d’image propre au centre émotionnel se manifeste : "Comment je suis ?", demande-t-elle à Ted.

Identification avancée : Joanna est une 4 α de sous-type social ("Honte").

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description du film