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Seul au monde
Analyse

Seul au monde: Chuck NolandChuck Noland (Tom Hanks) : 6

Le début du film nous montre un Chuck hyperactif haranguant les employés moscovites de FedEx pour stimuler leur ardeur au travail : "Le temps règne sur nous sans pitié, sans s’occuper si on est malade ou en bonne santé, si on a faim ou on a soif, si on est russe ou américain ou habitant de Mars. C’est comme un feu. Il peut nous détruire ou nous réchauffer et c’est pour ça que chaque bureau FedEx a une horloge, parce qu’on vit et qu’on meurt par l’horloge. On ne lui tourne jamais le dos. Et quoi qu’il arrive, on ne se permet jamais le péché de perdre le sens du temps qu’il nous reste. Ici, il est 13 h 56. Ça veut dire que nous avons trois heures et quatre minutes avant la fin de notre journée de tri et c’est le temps qu’il nous reste. C’est tout le temps qu’il nous reste avant que ce tyran implacable au rythme inépuisable ne nous fasse mettre la clé sous la porte." Déjà ce discours, sous l’apparence productiviste, avance quelques thèmes du 6 : la même règle s’applique également à tous, lui comprit ; l’obéissance n’est pas à une autorité humaine, toujours contestable pour un 6, mais à un concept, le temps ; cette autorité est toute-puissante et on la craint.

De toute évidence, le groupe auquel appartient Chuck est FedEx. On le comprend mieux quand, à son retour de l’île déserte, le discours de bienvenue du responsable, Fred Smith, dit : "Il y a quatre ans, la famille FedEx perdait cinq de ses fils."

Pour un 6, un ordre est d’autant meilleur qu’il s’explique et se justifie. Chuck s’est envoyé à lui-même un paquet de Memphis à Moscou. Le paquet contient un chronomètre destiné à mesurer le temps de la livraison et le non-respect des règles d’efficacité de FedEx scandalise Chuck : "87 heures, c’est une véritable honte pour nous."

Chuck offre des cadeaux à Nikolaï, le gamin qui a livré le paquet, entre autres un CD : "Elvis Presley. 50 millions de fans ne peuvent pas se tromper."

Quand après le crash de l’avion, Chuck se retrouve sur l’île déserte, divers comportements manifestent clairement le type :

  • Il ramasse les objets sur la plage et ce faisant, sauve les divers colis de FedEx avant de s’occuper de récupérer le radeau.
  • Le lendemain, de nouveaux paquets s’échouent sur le rivage ; il les récupère soigneusement et les trie en deux piles.
  • Il lui faudra des jours pour se décider à les ouvrir, après des tentatives peu fructueuses de pêche et d’ouverture des noix de coco. Or les paquets se révèlent contenant des objets forts utiles.
  • Il garde cependant un paquet qu’il ne se résout pas à ouvrir. Certes, c’est un moyen psychologique de rester relié au monde, mais c’est aussi un moyen de ne pas transgresser totalement les règles.
  • Ce paquet sera gardé pendant quatre ans ! Quand Chuck construit un bateau de fortune et décide de quitter l’île, il l’emmène en l’empaquetant très soigneusement pour qu’il ne soit pas abîmé par l’eau de mer. On ne peut que penser qu’emporter et protéger ainsi de la nourriture serait plus utile.

Cet apparent illogisme n’empêche pas Chuck d’être un mental. Sur l’île, nous le voyons extrêmement inventif, mais à chaque fois le mécanisme est le même : il fait quelque chose qui ne marche pas ; il perçoit un élément de son environnement ; il s’arrête quelques instants pour réfléchir et repart avec une nouvelle solution. C’est une créativité mentale, et non pas instinctive. Bien sûr une idée doit être soigneusement vérifiée pour être certain que tout ira bien. Même dans les situations les plus extrêmes : "J’ai fabriqué une corde et je suis monté au sommet pour me pendre. Mais… Mais je devais la tester, tu sais. Bien sûr. Tu me connais."

Avec Wilson, il se lance dans des calculs mathématiques pour mesurer rationnellement ses chances d’être secouru : "Ils peuvent ne jamais nous retrouver." C’est quand les choses ne s’expliquent pas qu’elles sont le plus inacceptables : "Elles sont parties et je ne sais pas pourquoi", dit-il à Wilson quand il perd les voiles de son bateau.

Chuck aime bien faire de l’humour. Les cadeaux bizarres qu’il offre à Kelly pour Noël sont "une blague". Il raconte à Wilson : "Tu veux que je t’en dise une bien bonne. Chez moi, à Memphis, mon dentiste s’appelle le docteur James Spaulding."

Et voilà comment il explique à son ami Stan son changement d’attitude sur l’île : "Et puis un jour ma logique s’est réveillée toute fausse parce que la marée est montée et m’a apporté une voile." Cette discussion est d’ailleurs intéressante parce qu’elle montre Chuck lâchant le mental, se connectant aux vertus de son type (la confiance) et de son type d’intégration (l’espérance) : "J’allais jamais la quitter cette île. J’allais crever là-bas, totalement seul. Je veux dire, j’allais tomber malade, me blesser, ou… […] C’est à ce moment-là qu’un sentiment m’a envahi comme une couverture bien chaude. J’ai su d’une certaine façon que je devais rester en vie. D’une certaine façon, je devais continuer à respirer, même s’il n’y avait aucune raison d’espérer et que ma logique me disait que je ne reverrais jamais cet endroit. C’est ce que j’ai fait. Je suis resté en vie. J’ai continué à respirer. Et puis un jour ma logique s’est réveillée toute fausse parce que la marée est montée et m’a apporté une voile. Et je suis là, maintenant, de retour à Memphis, en train de te parler. J’ai des glaçons dans mon verre et j’ai perdu [Kelly] encore une fois. Je suis si triste de ne plus avoir Kelly, mais si reconnaissant qu’elle ait été avec moi sur cette île. Et je sais ce que je dois faire maintenant : continuer à respirer parce que demain le soleil se lèvera et qui sait ce que la marée peut apporter ?"

À l’inverse, même si elle est utile à sa survie, la relation avec Wilson montre le besoin de groupe du 6 et un côté fusionnel faisant penser au 9, son type de désintégration. Quoi qu’il fasse, Chuck attribue une part du succès à Wilson : "Je crois qu’on a réussi." Il y a une attitude similaire avec Kelly ; par exemple, quand elle dit "ta voiture", il répond "notre voiture".

Chuck s’excuse facilement, même quand il n’y a pas de vraie raison de le faire avec Wilson ("Wilson, je suis désolé ! Excuse-moi Wilson ! Je suis désolé.") ou avec Stan ("Stan, je suis désolé de ne pas avoir été là quand Mary est morte. J’aurais dû être à tes côtés et je n’y étais pas. Je suis vraiment désolé.").

La passion de peur est surtout visible non verbalement. Elle est cependant parfois exprimée : "Quand je pense que je fuyais les cabinets de dentiste comme la peste. Je repoussais toujours les visites, mais maintenant…" Quand Chuck se décide à arracher lui-même sa dent, centre mental oblige, il anticipe tellement la souffrance qu’il pleure et gémit avant l’acte.

La peur est des fois partagée avec Wilson : "T’es réveillé ? [Pause] Moi aussi. Tu as peur ? [Pause] Moi aussi." D’autres fois, elle est projetée sur lui : "Allons-y Wilson. Tu n’as pas à t’inquiéter pour quoi que ce soit. Je vais ramer pour deux. Toi, tu n’as qu’à t’accrocher."

Wilson l’aide aussi à vaincre sa peur. Chuck manque de corde pour retrouver le bateau et sait qu’il y en a au sommet de l’île : "Je ne retournerai pas là-haut." Il s’y décide pourtant : "Tiens. Tiens. Tu vois. Là. Tu es content maintenant ?"

Ce n’est qu’à la fin qu’on sait que la fixation de doute l’avait amené à vouloir se pendre. Sous sa forme de suspicion, elle s’était manifestée au début du film quand il soupçonnait, à juste titre d’ailleurs, l’interprète russe de ne pas se contenter de traduire son discours aux employés de FedEx : "Quoi ? Qu’est-ce que vous racontez sur moi ?"

Pour Chuck, la famille est une chose sacrée. Alors qu’il a conservé précieusement pendant quatre ans la montre offerte par Kelly et que c’est une des choses auxquelles il tient le plus, il la lui rend : "C’est un héritage familial et ça doit rester dans ta famille." Bien évidemment, Chuck fait son devoir, et son devoir lui interdit de briser une famille :

  Kelly : Je t’aime toujours. Tu es l’amour de ma vie.
  Chuck : Je t’aime aussi, Kelly. Plus que tu ne peux l’imaginer.
  Kelly : [Ils montent dans la voiture.] Chuck…
  Chuck : Tu dois rentrer chez toi.
  Kelly : [Elle hoche la tête approbativement.]

Identification avancée : Chuck est un 6 μ de sous-type conservation ("Cordialité").

Seul au monde: WilsonWilson (Tom Hanks) : 9

Totalement acceptant,
n’ayant aucun besoin,
ne se mettant jamais en colère,
mais n’étant pas très émotionnel,
Wilson est un 9 α à aile 1 de sous-type social ("Participation périphérique") !

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