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Mademoiselle de Joncquières
Analyse

Mademoiselle de Joncquières : Madame de La PommerayeMadame de La Pommeraye (Cécile de France) : 8

Jeune veuve, Madame de la Pommeraye s’est retirée à la campagne où sa solitude, lui permet de se protéger des émotions, et notamment de la plus dangereuse d’entre elles, l’amour qui fragilise et expose les faiblesses : "Me concernant, la nature m’a ainsi faite que j’ai toujours été indifférente aux agitations de l’amour et du cœur. Je n’y ai toujours vu qu’un spectacle ennuyeux à force d’être prévisible."

Même l’égoïste Marquis des Arcis, qui a été attiré par cette inaccessibilité, en est surpris :

  Marquis des Arcis : Dites-moi, aimiez-vous votre défunt mari ?
  Madame de la Pommeraye : Quelle drôle de question ! Mais bien sûr, Marquis.
  Marquis des Arcis : Vous l’aimiez vraiment ?
  Madame de la Pommeraye : Comme une femme se doit d’aimer son époux.
  Marquis des Arcis : Il arrive que certaines personnes mariées éprouvent une inclination sincère.
  Madame de la Pommeraye : En vérité, j’avais beaucoup d’amitié pour lui… jusqu’à notre mariage. Après, elle fut troublée, contrariée.
    […]
  Marquis des Arcis : Mais n’avez-vous jamais eu envie d’aimer ? Et d’être aimée ? Vraiment aimée ?
  Madame de la Pommeraye : Enfant, oui. J’ai d’ailleurs très tôt observé les êtres qui se disent unis par l’amour et très vite je me suis aperçue qu’ils nous donnent le spectacle des plus jolies apparences afin que nous voyant convaincus, ils puissent eux-mêmes s’en persuader. Je ne crois qu’à l’amitié. L’amour, quand il est mêlé à la chair, devient aussi fragile que celle-ci. Un rien l’abîme.

Pourtant, après plus de quatre mois de cour, malgré les avertissements de son amie et un "naturel qui toujours [l]’a portée […] vers la défiance", elle se convainc que "le Marquis que vous connaissiez à Paris et celui qui se trouve ici depuis quelques mois ne sont plus les mêmes" et lui cède :

  Madame de la Pommeraye : Vous rêvez donc toujours que je m’abandonne à vous ?
  Marquis des Arcis : Plus que jamais.
  Madame de la Pommeraye : Comment, animé d’une si vive impatience, faites-vous pour demeurer si patient ?
  Marquis des Arcis : J’entraîne ma patience à être à la mesure de mon impatience.
  Madame de la Pommeraye : Je dois d’ailleurs vous féliciter d’avoir toujours été maître de vous. Et de n’avoir jamais tenté un baiser.
  Marquis des Arcis : J’aurais trop peur de vous offenser et de perdre le plaisir de votre compagnie pour toujours.
  Madame de la Pommeraye : Voilà un raisonnement bien raisonnable pour un homme si passionné.
  Marquis des Arcis : Vous me trouvez trop raisonnable ?
  Madame de la Pommeraye : Ai-je dit que vous l’étiez trop ?
  Marquis des Arcis : Non mais…
  Madame de la Pommeraye : Mais ?
  Marquis des Arcis : Alors vous voulez dire ?
  Madame de la Pommeraye : Je ne dis plus rien.

Après un peu plus deux ans de bonheur, le Marquis se lasse : "Le voilà plongé dans d’innombrables courriers, livres et dans je ne sais quelle pensée si profonde que… que mes caresses ne le touchent plus. Il ne s’adresse à moi que pour me demander la permission de s’absenter pour une corniche, une cheminée, une fenêtre, une tuile."

Son amie lui conseille de "sonder les sentiments du Marquis". Madame de Pommeraye met alors en œuvre la stratégie de test chère aux 8, et le benêt tombe dans le piège :

  Madame de la Pommeraye : Il y a longtemps que je suis tentée de vous faire une confidence, mais je crains de vous affliger.
  Marquis des Arcis : Vous pourriez m’affliger ?
  Madame de la Pommeraye : Peut-être. Mais le ciel m’est témoin de mon innocence. Cela s’est fait sans mon consentement, à mon insu, par une malédiction à laquelle toute l’espèce humaine est apparemment assujettie puisque moi, moi-même, je n’y ai pas échappé.
  Marquis des Arcis : Ça vient de vous ? J’ai peur, Madame. De quoi s’agit-il ?
  Madame de la Pommeraye : Marquis, il s’agit… Ah, je… Je suis désolée. Je vais vous désoler et tout bien considéré, il vaut mieux que je me taise.
  Marquis des Arcis : Non, Madame. Parlez ! Votre cœur aurait-il quelque secret pour moi ? La première de nos conventions ne fut-elle pas que nos âmes s’ouvriraient l’une à l’autre sans retenue ?
  Madame de la Pommeraye : Est-ce que vous ne vous apercevez pas que je n’ai plus la même gaieté ? Que j’ai perdu l’appétit, je ne bois et ne mange que par raison, je ne saurais dormir. Alors la nuit je m’interroge et je me dis : « Est-ce que le Marquis est moins aimable ? Non. Est-ce que vous auriez à vous en plaindre ? Non. Auriez-vous à lui reprocher quelques liaisons suspectes ? Non. Est-ce que sa tendresse pour vous est diminuée ? Non. Alors pourquoi votre ami étant le même, votre cœur est-il donc changé ? Car il l’est. Vous ne pouvez vous le cacher. Vous ne l’attendez plus avec la même impatience. Vous n’avez plus le même plaisir à le voir. Cette inquiétude quand il tardait à revenir, cette douce émotion au son de sa voiture, quand il paraissait, quand on l’annonçait, vous ne l’éprouvez plus. »
  Marquis des Arcis : Comment, Madame ?
  Madame de la Pommeraye : Mon cher Marquis, vous êtes le même mais… votre amie ne peut se cacher que l’amour en est sorti. Ah ! La découverte est affreuse mais elle n’en est pas moins réelle.
  Marquis des Arcis : Madame, vous êtes une femme extraordinaire, vous êtes une femme unique, une femme comme il n’y en a point. Votre franchise et votre honnêteté me confondent et je voudrais mourir de honte. Comme je vous vois grande et comme je me trouve petit. C’est vous qui avez parlé d’abord mais c’est moi qui fus coupable le premier. Votre sincérité m’entraîne. Je serais un monstre si je ne vous avouais point que l’histoire de votre cœur est mot à mot l’histoire du mien. Tout ce que vous vous êtes dit, je me le suis dit. Mais je me taisais. Je souffrais. Et je ne sais quand j’aurais le courage de vous parler.
  Madame de la Pommeraye : Vrai, mon ami ?
  Marquis des Arcis : Il n’y a rien de plus vrai, Madame. Il ne nous reste qu’à nous féliciter d’avoir perdu ensemble ce sentiment fragile et trompeur qui nous unissait.
  Madame de la Pommeraye : En effet. Quel malheur que mon amour eût duré lorsque le vôtre aurait cessé.
  Marquis des Arcis : Oh, Madame, Madame, jamais vous ne m’avez paru aussi belle, aussi charmante. […] Nous continuerons de nous voir. Nous nous livrerons à la confiance de la plus tendre des amitiés. Nous saurons éviter tous les soucis, les ennuis…

Dès lors la fixation de vengeance va s’exercer et est le thème du film qu’il est inutile de détailler.

Reconnaître ce désir de revanche serait avouer sa souffrance ("Madame, je suis déjà morte. Que craindre davantage ?") et donc sa faiblesse. Le mécanisme de défense de déni va jouer alors à plein. Madame de la Pommeraye affirme ne pas être dans une démarche personnelle mais dans une quête de justice sociale et féministe :

  Amie : Soyez juste. N’étiez-vous pas informée de sa nature inconstante ? À quoi nous sert-il d’en vouloir à un homme malhonnête, si la nature l’a ainsi fait ?
  Madame de la Pommeraye : Serait-il juste de laisser la malhonnêteté vagabonder à son aise ? Ma colère est pleine d’un esprit de justice. Je ne cherche pas une revanche personnelle. Je vois en moi le genre féminin, et en lui le genre masculin.
  Amie : Pour rendre justice, notre cœur doit être pur et loin de tout ressentiment.
  Madame de la Pommeraye : Madame, c’est cette pureté qui m’anime. Si aucune âme juste ne tente de corriger les hommes, comment espérer de meilleure société ?
  Amie : Il me semble très peu chrétien que d’espérer la souffrance d’autrui.
  Madame de la Pommeraye : Ouvrez les yeux, mon amie, sur le genre humain. Seule la douleur peut aider l’esprit à reconnaître ses erreurs.
  Amie : Serait-ce donc par bonté que vous songez à le faire souffrir ?
  Madame de la Pommeraye : Oui, je veux éclairer son esprit.

Elle le réaffirme à Madame de Joncquières qu’elle vient d’humilier en la ramenant avec sa fille au tripot dans lequel elle se prostituait :

  Madame de Joncquières : Madame ! Pourquoi ? Pourquoi nous avoir trahies ?
  Madame de la Pommeraye : Mais je ne vous ai pas trahies. Soyez sans souci. Je tiendrai ma promesse. Une jolie rente vous attend.
  Madame de Joncquières : Je vous parle de notre honneur. De l’honneur de ma fille que vous promettiez vouloir sauver.
  Madame de la Pommeraye : N’est-ce pas un grand honneur que d’avoir été mes complices ? Vous qui avez été trahi dans le passé par un homme, félicitez-vous d’avoir participé à une telle entreprise. Et dites-vous que si toutes les femmes agissaient comme nous, l’honneur d’en être une en serait grandi.

Elle n’est d’ailleurs même pas consciente de sa cruauté à leur égard dans cette dernière scène ou lors de la première rencontre avec Mademoiselle de Joncquières qu’elle examine comme on inspecte un cheval qu’on se prépare à acquérir : "Je vous en prie, asseyez-vous ici. Pardon. Asseyez-vous plutôt là. Levez-vous et approchez vers moi. Vous avez de beaux cheveux. […] Pouvez-vous les relever ?"

Le déni clôt le film quand, retournée dans son château, elle se retrouve dans une solitude que l’on sait définitive. Contre toute évidence, elle affirme à son amie : "Il aurait pu être avec sa femme que cela n’aurait rien changé pour moi. Mon cœur est en paix."

Identification avancée : Madame de La Pommeraye est un 8 α de sous-type social.

Mademoiselle de Joncquières : Marquis des ArcisMarquis des Arcis (Édouard Baer) : 7

Dès la première scène du film, le personnage du Marquis des Arcis est campé. Par ordre d’entrée en scène, la passion de gloutonnerie, le goût de la légèreté, la préférence pour le mental, le mécanisme de défense de rationalisation, le refus des responsabilités, la peur de l’engagement et la conviction que sa manière de vivre est la meilleure :

  Madame de la Pommeraye : Madame de Montcador, Madame de Choisy, la Comtesse de Lubac, la Baronne de Courcelle, sa gouvernante, sa femme de chambre, la Marquise de Montaigu, sa fille, son autre fille, Lady Mary Wortley et son amie dont j’ai oublié le nom mais pas le joli visage. Et j’oublie également la Marquise de Saint-Mérand. Et Madame de Volnet. Il ne s’agit que d’une petite part de votre collection, celle qui est parvenue jusqu’à mes oreilles si à l’écart du monde. Marquis, que vous importe que mon nom apparaisse dans la liste de vos conquêtes ? Profitez de mon amitié. Chassez de votre esprit ce caprice.
  Marquis des Arcis : Madame, vous me jugez avec beaucoup de légèreté.
  Madame de la Pommeraye : La légèreté n’est-elle pas le fondement votre philosophie ?
  Marquis des Arcis : Oui, mais comment voulez-vous bien raisonner ? Comment échapper aux superstitions, aux illusions, à la complaisance, si l’esprit ne se fait pas un peu aérien, un peu sautillant, un peu léger ?
  Madame de la Pommeraye : Pourquoi tant d’inconstance chez un homme qui sait si bien raisonner ?
  Marquis des Arcis : C’est par souci d’honnêteté.
  Madame de la Pommeraye : Ah ! Et c’est porté par l’honnêteté que vous avez séduit toutes ces femmes ?
  Marquis des Arcis : Je n’ai pas séduit. C’est moi qui suis séduit en premier.
  Madame de la Pommeraye : [Rire.] Vous êtes bien sensible, Marquis. Est-ce encore avec honnêteté que vous les avez persuadées chacune de vos sentiments les plus vifs ?
  Marquis des Arcis : Je ne persuade personne. Je leur ai simplement exprimé le sentiment sincère qu’elles faisaient naître en moi.
  Madame de la Pommeraye : Mais c’est tout de même étrange que ce si beau sentiment qui s’empare de vous s’évanouisse inévitablement quelques jours plus tard.
  Marquis des Arcis : La nature est changeante et est ainsi faite. Nous serions malavisés de ne pas le reconnaître.

Dans l’amusante scène du dîner avec Madame et Mademoiselle de Joncquières, Madame de la Pommeraye le contraint à reconnaître l’infantilisme de son ennéatype :

  Marquis des Arcis : Alors le plaisir, la quête du plaisir est la source de tous nos tourments. Les libertins sont des enfants qui recherchent la satisfaction immédiate. Mais pour un instant de plaisir, combien de larmes et de cris ?
  Madame de la Pommeraye : Oh, l’image est belle, n’est-ce pas Madame ?
  Madame de Joncquières : Oui, et très juste. Un plaisir comblé en demande aussitôt un autre et ces hommes sont éternellement insatisfaits.
  Madame de la Pommeraye : Et éternellement inconstants, non ?
  Madame de Joncquières : Éternellement tristes.
  Madame de la Pommeraye : Éternellement égarés par leur désir, n’est-ce pas ?
  Marquis des Arcis : Tout à fait.

Cet échange pointe aussi la vaine quête de l’ego à la poursuite d’un bonheur inaccessible : "Un bonheur qui ne dure pas, on appelle ça du plaisir", dira, à un autre moment, Madame de la Pommeraye à son amie.

Tourné vers l’intérieur, l’ennéatype 7 recherche son plaisir sans se préoccuper des autres. Notamment, il ne voit pas la souffrance de Madame de la Pommeraye, souffrance bien visible même si elle essaye de faire bonne figure devant lui : "Vos désirs vous occupent tellement que vous ne savez pas regarder dans le cœur des autres. Même les plus proches de vous. Vous ne voyez rien au-delà du voile que nous impose la pudeur. Et si l’âme la plus tourmentée vous sourit, vous souriez, sans deviner la détresse qui la dévore", lui assène-t-elle lors de leur dernier échange.

Il séduit Madame de la Pommeraye par son assiduité et son langage métaphorique — la scène des deux chaises au bord de l’eau. Il lui reste quand même fidèle pendant deux ans — un exploit pour lui ! — et le film nous le décrit à ce moment-là soit dans la satisfaction du plaisir charnel soit dans la plaisanterie, comme dans la scène du portrait où il saisit la fleur qui était dans les mains de Madame de la Pommeraye et prend une posture comique.

Le mental est le centre préféré du Marquis des Arcis qui est fier d’être "un homme de raison […] qui [croit] que nous ne sommes qu’un amas d’atomes" et qui s’inquiète de sa réputation en ce domaine ("Je passe pour un idiot mais j’adore vous voir sourire"). C’est donc d’abord sur le plan mental que son désir de nouveauté le rattrape. Il s’intéresse à l’architecture et y montre la créativité gloutonne de l’ennéatype : "Mille idées de construction."

Quand Madame de la Pommeraye lui tend le piège destiné à lui faire avouer la disparition de ses sentiments, non seulement il ne se méfie pas un instant mais il imagine aussitôt avec elle un futur rose et sans souffrances :

  Madame de la Pommeraye : Il y a longtemps que je suis tentée de vous faire une confidence, mais je crains de vous affliger.
  Marquis des Arcis : Vous pourriez m’affliger ?
    […]
  Madame de la Pommeraye : Mon cher Marquis, vous êtes le même mais… votre amie ne peut se cacher que l’amour en est sorti. Ah ! La découverte est affreuse mais elle n’en est pas moins réelle.
  Marquis des Arcis : Madame, vous êtes une femme extraordinaire, vous êtes une femme unique, une femme comme il n’y en a point. Votre franchise et votre honnêteté me confondent et je voudrais mourir de honte. Comme je vous vois grande et comme je me trouve petit. C’est vous qui avez parlé d’abord mais c’est moi qui fus coupable le premier. Votre sincérité m’entraîne. Je serais un monstre si je ne vous avouais point que l’histoire de votre cœur est mot à mot l’histoire du mien. Tout ce que vous vous êtes dit, je me le suis dit. Mais je me taisais. Je souffrais. Et je ne sais quand j’aurais le courage de vous parler.
  Madame de la Pommeraye : Vrai, mon ami ?
  Marquis des Arcis : Il n’y a rien de plus vrai, Madame. Il ne nous reste qu’à nous féliciter d’avoir perdu ensemble ce sentiment fragile et trompeur qui nous unissait.
  Madame de la Pommeraye : En effet. Quel malheur que mon amour eût duré lorsque le vôtre aurait cessé.
  Marquis des Arcis : Oh, Madame, Madame, jamais vous ne m’avez paru aussi belle, aussi charmante. […] Nous continuerons de nous voir. Nous nous livrerons à la confiance de la plus tendre des amitiés. Nous saurons éviter tous les soucis, les ennuis…

Dès lors, il reprend sa vie de patachon :

  Marquis des Arcis : Je ne vois plus Madame de Bailli.
  Madame de la Pommeraye : Oh pardon. J’avais oublié que c’était une relation déjà vieille de deux semaines. La dernière fois, vous m’aviez parlé aussi d’une jeune comtesse italienne.
  Marquis des Arcis : Je vous en ai parlé, de la Comtesse ?
  Madame de la Pommeraye : Oui. Ses charmes ont-ils perdu leurs effets ?
  Marquis des Arcis : Oui. Bizarrement, aussitôt qu’elle s’est abandonnée à moi. C’était… très gênant, je vous assure.
  Madame de la Pommeraye : J’imagine.

Cela dure jusqu’à la rencontre avec Mademoiselle de Joncquières que Madame de la Pommeraye a provoqué dans les jardins du Roi. Le sous-type sexuel du 7, Imagination, avait déjà été possiblement évoqué à propos de la relation qu’avaient son oncle et sa tante : "Dans chacune de ces rencontres, il m’a semblé reconnaître ne serait-ce qu’un instant une part de cet idéal." On pouvait cependant se demander s’il ne s’agissait pas d’une fable destinée à séduire Madame de la Pommeraye : "Un idéal qui ne m’a jamais quitté, Madame, et qui rendra ma vie bien pauvre tant qu’il ne sera pas réalisé." Avec Mademoiselle de Joncquières, ce sous-type se manifeste avec intensité : "Marquis ! Votre imagination me surprendra toujours. Une jeune femme, embarrassée par votre insistance, lève une paupière et vous brodez des rêveries extraordinaires. Vous, l’homme de raison. Vous, l’épicurien, qui croyez que nous ne sommes qu’un amas d’atomes", se moque Madame de la Pommeraye. Lui-même en est d’ailleurs conscient : "Je n’ai vu son visage qu’une fois. Mais il s’est figé dans mon esprit une image si parfaite et si imprécise. C’est cette imprécision qui est la cause de tous mes tourments, Madame. La possession d’un portrait fidèle me permettrait de mettre un terme aux excès de mon imagination."

Le Marquis des Arcis ne supporte pas la frustration : "Le Marquis ne résiste pas à ce qui lui résiste. Si je lui inspirais dans le temps des grands sentiments, c’est à proportion de ma résistance. N’avez-vous jamais observé que l’amour grandit quand l’objet de nos vœux nous échappe ?", affirme Madame de la Pommeraye. Il veut à tout prix revoir Mademoiselle de Joncquières et pour cela, il tente de manipuler Madame de la Pommeraye en l’apitoyant avec la souffrance de sa frustration et en la culpabilisant :

  Marquis des Arcis : J’ai perdu le sommeil.
  Madame de la Pommeraye : Quelque chose qui vous tracasse ?
  Marquis des Arcis : Je pensais au sort de vos amies.
  Madame de la Pommeraye : Cela vous préoccupe encore ?
  Marquis des Arcis : C’est-à-dire que j’ai si peu de choses à penser en ce moment que le moindre sujet me préoccupe.
  Madame de la Pommeraye : Et vos affaires ? Vos constructions ?
  Marquis des Arcis : Mes affaires vont leur train sans que j’aie à m’en soucier. Madame, les avez-vous revues ?
  Madame de la Pommeraye : Qui ça ?
  Marquis des Arcis : Mais vos amies !
  Madame de la Pommeraye : Ah non.
  Marquis des Arcis : Eh bien, ce n’est pas bien ! Vous êtes riche. Elles sont dans le besoin. Ne pourriez-vous au moins quelques fois les inviter à souper ?
    […]
  Marquis des Arcis : Mais enfin, il n’y a donc rien que je puisse faire pour les aider ?
  Madame de la Pommeraye : Non, Marquis. Vous ne pouvez rien.
  Marquis des Arcis : Voilà qui est cruel.
  Madame de la Pommeraye : Oui, cruel, c’est le mot.
  Marquis des Arcis : Oh non. Oh non, Marquise. Une jeune fille que je n’ai vue qu’une seule fois.
  Madame de la Pommeraye : Et que vous ne reverrez plus.

La culpabilité ne fonctionnant pas, il essaye la menace : "Ayez compassion de moi. […] Je saurai répondre de mes actes. Je me connais. Si vos amies vous sont chères, protégez-les de toutes les folies dont je suis capable. Je les retrouverai. Je mettrai dix, vingt, cent hommes à leurs trousses, mais je les retrouverai. J’irai chez elles. Je forcerai leur porte. Je ne sais ce que je dirai ni ce que je ferai. Mais vous avez tout à craindre de l’état de violence dans lequel je suis."

Après avoir tenté en vain d’acheter Madame et Mademoiselle de Joncquières, le Marquis des Arcis se décide au mariage malgré son peu de goût pour une vie de couple durable, mais en bon 7, il choisit la voie de la moindre souffrance : "Je ne puis pas être plus malheureux que je ne suis."

Pendant la nuit de noces, il se refuse à avoir des relations sexuelles avec Mademoiselle de Joncquières : "Madame. Voilà que vous vous retrouvez du jour au lendemain dans la maison et le lit d’un homme qui vous est encore bien étranger. Ne vous inquiétez pas. Cette pureté que vous avez su préserver ne vous sera pas brusquement dérobée avant que vous ne ressentiez comme moi cette douce inclination qui mène deux amours au plaisir. Je ne ferais rien, Madame, qui puisse heurter votre sensibilité. Rien. Apprenez à me connaître."

Madame de la Pommeraye y devine un début d’intégration dont lui-même n’est pas conscient :

  Madame de la Pommeraye : Il semblerait donc que la pureté soit contagieuse.
  Marquis des Arcis : Peut-être est-ce le plaisir de retarder sa satisfaction ?

Celle-ci se finalisera dans l’émouvante scène d’explication avec Mademoiselle de Joncquières où celle-ci lui donne une leçon sur la liberté, valeur culte du 7 que son ego croit posséder :

  Marquis des Arcis : […] Je ne crois pas que vous soyez méchante. Vous vous êtes laissée entraîner par faiblesse et autorité à un acte infâme. N’est-ce pas par la contrainte que vous m’avez menti, que vous avez consenti à cette union ?
  Mademoiselle de Joncquières : Oui Monsieur.
  Marquis des Arcis : Eh bien apprenez que ma raison et mes principes ne sont pas ceux de tous mes contemporains. Ils répugnent à une union sans inclination. Je vous rends votre liberté. Vous pourrez garder mon nom et vous habiterez où vous le désirerez. Réfléchissez et faites-le-moi savoir.
  Mademoiselle de Joncquières : Monsieur, désignez-moi le recoin le plus obscur de votre maison où vous permettrez que votre femme habite. J’y resterais sans murmure.
  Marquis des Arcis : Madame, vous n’avez pas compris. Vous êtes libre.
  Mademoiselle de Joncquières : Je ne serais vraiment libre que lorsque vous pourrez juger de ma conduite. Que lorsque vous pourrez lire au fond de mon cœur et voir combien je déteste le mensonge. Je serais libre le jour où vous verrez combien mes fautes passées sont loin de moi.
  Marquis des Arcis : Madame, je vous crois sincère. Si jamais il est sorti de ma bouche une parole qui vous ait humiliée, je m’en repens, Madame. Soyez assurée que plus jamais ma femme n’entendra un mot qui puisse la blesser.
  Mademoiselle de Joncquières : Mais je peux me dérober pour jamais à vos yeux. Parlez, je vais… Votre bonheur n’est point perdu. Vous pouvez m’oublier.
  Marquis des Arcis : Madame, je vous ai pardonné. Je vous l’ai dit. [Navré.] Je vois que vous n’en croyez rien. Madame. [Mademoiselle de Joncquières se retourne, se dirige vers la cheminée et s’évanouit.] Madame ! Madame ! Madame, je vous en supplie. Madame, relevez-vous. Madame la Marquise, allons. [Il l’aide à se relever.] Allons, venez, venez. [Il la relève, la regarde dans les yeux et scelle son pardon et leur réconciliation.] Madame des Arcis…

Effectivement, par sa vengeance, Madame de la Pommeraye lui "aura rendu le plus grand des services."

Identification avancée : Le Marquis des Arcis est un 7 μ de sous-type sexuel.

Mademoiselle de Joncquières : L’amie de Madame de La PommerayeL’amie de Madame de La Pommeraye (Laure Calamy) : 6

L’amie de Madame de la Pommeraye passe la quasi-totalité du film à la mettre en garde. Elle cherche d’abord à lui éviter la déception inévitable qu’elle devrait avoir avec le Marquis :

  Amie : Vous êtes bien songeuse. Dois-je craindre que quelques-unes de ses flatteries vous aient touchée ? Est-ce que votre amie se trompe ?
  Madame de la Pommeraye : S’il vous plaît, laissons ce sujet de côté.
  Amie : Ah ! Serais-je venue depuis Paris pour que nous nous taisions ? Souvenez-vous de cette liberté et franchise qui ont toujours été le témoignage de notre amitié. Cet homme aurait-il mis fin à ce lien que nous entretenons depuis notre enfance ?
  Madame de la Pommeraye : Non, très chère. Comprenez seulement que je connais vos idées envers le Marquis et qu’en me confiant à vous, j’ai peur de vous contrarier. Vous savez quel poids vos jugements ont sur ma personne.
  Amie : Dois-je comprendre que vous vous êtes abandonnée au Marquis ?
  Madame de la Pommeraye : Non, je ne me suis abandonnée à personne, croyez-moi.
  Amie : Oh, je vous crois. Mais… d’où vient alors ce trouble ?
  Madame de la Pommeraye : Ma chère amie, le Marquis que vous connaissiez à Paris et celui qui se trouve ici depuis quelques mois ne sont plus les mêmes. Il arrive qu’un homme change. Et jour après jour, j’en suis le témoin.
  Amie : Un homme comme lui est prêt à tous les travestissements pour arriver à ses fins.
  Madame de la Pommeraye : Vous me connaissez mieux que personne. Me pensez-vous dupe à ce point ?
  Amie : [Elle ne répond pas mais regarde Madame de la Pommeraye avec anxiété.]

Madame de la Pommeraye est bien consciente de la fixation de suspicion de son amie : "Apprenez que ce naturel qui toujours m’a portée moi aussi vers la défiance, s’en est allé." Celle-ci ne l’ignore pas non plus :

  Amie : Le Marquis n’est pas avec vous ?
  Madame de la Pommeraye : Il est à Rouen. Le goût des affaires l’a gagné. Il multiplie les déplacements.
  Amie : Ah !
  Madame de la Pommeraye : Je lis vos pensées. Non, je ne doute point de sa fidélité tant ses entreprises lui occupent l’esprit. […]
    […]
  Amie : Nulle inquiétude ?
  Madame de la Pommeraye : Nulle inquiétude. […]
  Amie : Les déplacements et les occupations du Marquis ne vous contrarient donc pas ?
  Madame de la Pommeraye : Pas le moins du monde.
  Amie : Dois-je comprendre que votre entente et votre complicité avec le Marquis demeurent intactes ?
  Madame de la Pommeraye : Parfaitement.
  Amie : Rien avec le temps n’est venu altérer la plénitude de vos sentiments ?
  Madame de la Pommeraye : Rien. Ils sont chaque jour plus vifs et plus amples.
  Amie : Pardonnez alors tous mes soupçons. [Soupir.] Il se pourrait, chère amie, que je commence à vous envier.
  Madame de la Pommeraye : À m’envier ? Dois-je vous souhaiter ce qu’il m’est arrivé ?
  Amie : Non. Ma trop grande prudence, malheureusement, ne me le permettrait pas. Mon vilain caractère m’empêche de m’abandonner, me pousse à faire la leçon à tous. Mais que puis-je enseigner au fond, moi qui ne goûte à rien ? Les hommes l’ont bien compris. Il n’y en a plus aucun pour me faire la cour. Je me suis si bien protégée que plus rien ne saurait m’arriver.

Les deux conversations précédentes illustrent aussi le besoin vital d’information de l’ennéatype.

La passion de peur est visible par le jeu de l’actrice dont le visage exprime en permanence l’inquiétude. Elle s’exprime aussi dans sa communication qui manifeste de surcroît la pose de limites propre à l’ennéatype :

  • "Rien ne peut rester brûlant, je le crains."
  • "Je crains cependant que… votre entreprise soit excessive."
  • "Je ne sais ce que vous avez derrière la tête mais vous semblez bien sûre de vous. Méfiez-vous. Savourez cette victoire sur le Marquis et n’en demandez pas plus. Croyez-moi. Combien de rois ont péri de trop d’assurance ?"

L’amie de Madame de la Pommeraye est pessimiste : "Pour ma part, je crois que notre langue est juste et que ce que nous appelons bonheur, n’est qu’une bonne heure au milieu des autres heures."

Elle désapprouve le plan de vengeance de Madame de la Pommeraye et le fait savoir au Marquis des Arcis : "Marquis, apprenez à me connaître. Mon amitié avec Madame de La Pommeraye ne fait pas de moi sa complice. Et sachez que vos malheurs ne me réjouissent guère." Elle reste néanmoins loyale à son amie en lui cachant le bonheur du Marquis : "Il était seul. Les gens ne savent plus quoi inventer pour alimenter les rumeurs. Il était seul. Aussi seul que vous l’êtes ici chez vous."

Identification avancée : l’amie de Madame de la Pommeraye est un 6 α de sous-type conservation.

Mademoiselle de Joncquières : Mademoiselle de JoncquièresMademoiselle de Joncquières (Alice Isaaz) : 1

Contrainte par les malheurs subis par sa mère à se prostituer dans un tripot, Mademoiselle de Joncquières n’y est visiblement pas à sa place et détonne par son honnêteté :

  Madame de la Pommeraye : Madame, je suis surprise qu’une créature aussi gracieuse et délicate n’ait pu trouver un meilleur abri que celui dans lequel vous vous trouvez.
  Madame de Joncquières : […] Ce n’est pas qu’elle ne soit belle comme un ange, qu’elle n’ait de la finesse, de la grâce, mais elle n’a aucun esprit de libertinage. Rien de ses talents propres n’a réveillé la langueur d’hommes blasés.
  Madame de la Pommeraye : Vous me la décrivez comme une honnête femme ?
  Madame de Joncquières : Si l’on pouvait oublier notre métier, la plus honnête.

Cette droiture morale sans concession, même le Marquis des Arcis la perçoit au premier regard : "Vous imaginez que je n’ai pu empêcher mon regard de la dévisager. Mais à chaque tentative, elle tournait la tête et baissait les yeux. Mais à un moment, vous aviez fini votre conversation et là… Elle a levé les yeux vers moi et alors là… Quelle illumination, Madame. C’était un regard… tout de… pudeur, de sensibilité. Un regard… profond, débarrassé de toutes coquetteries, de toutes conventions. Un regard… plein d’une vérité qui vous parle et que vous ne savez déchiffrer. […] Jamais un regard ne me parut si vrai."

Quand, à la demande de Madame de la Pommeraye, Mademoiselle de Joncquières et sa mère font semblant de mener une vie dévote, elle prie et communie à l’église contrairement à sa mère. Berner le Marquis des Arcis ne lui était pas plaisant mais n’était que la continuation de sa vie précédente. L’épouser est par contre une faute morale inacceptable :

  Madame de Joncquières : N’oubliez pas d’où nous venons.
  Mademoiselle de Joncquières : Mais je n’ai pas oublié. Mais au moins là-bas, nos clients n’étaient pas dupes de ce que nous étions.
  Madame de Joncquières : Madame a conçu ce mariage pour votre bien.
  Mademoiselle de Joncquières : Mais quel bien voyez-vous à se marier avec un homme que l’on trompe ?
  Madame de Joncquières : Vous gagnerez pour toujours une position honorable.
  Mademoiselle de Joncquières : Est-ce si honorable de parjurer à un sacrement et de se condamner toute sa vie à mentir à un homme ?
  Madame de Joncquières : Oubliez les sacrements. Et voyez enfin que tout mariage est un arrangement. Et qu’il n’y a point de mal à cela. Il vous rendra votre dignité, votre liberté.
  Mademoiselle de Joncquières : Quelle dignité que de faire semblant d’aimer ?
  Madame de Joncquières : Il y a des arrangements qui avec le temps font naître des sentiments. Peut-être que votre cœur sera attendri.
  Mademoiselle de Joncquières : S’il me venait quelques sentiments pour le Marquis, mon destin n’en serait que plus douloureux.
  Madame de Joncquières : Pourquoi dites-vous cela ?
  Mademoiselle de Joncquières : S’il est cruel de tromper un homme innocent, il l’est encore plus de tromper un homme que l’on aime. Peut-on aimer quelqu’un et lui mentir ? Mère ! Si au moins le Marquis savait qui nous étions !
  Madame de Joncquières : Il serait capable de nous tuer.

Lors de la nuit de noces, quand sa mère vient lui donner des derniers conseils et lui remettre une fiole de sang destinée à simuler sa virginité, elle réaffirme ses valeurs :

  Madame de Joncquières : Ne vous semble-t-il pas avoir connu des épreuves bien plus rudes que celle-ci ?
  Mademoiselle de Joncquières : Non, mère. Je n’ai jamais rien connu de pire. Et je crois que… le Seigneur me punit d’avoir faussement joué sa fidèle dévouée.
  Madame de Joncquières : Parlez moins fort. Laissez le Seigneur de côté. Il ne se soucie guère de nous venir en aide quand on l’implore, pourquoi aurait-il souci de venir nous punir ? Mais que craignez-vous ? Je pensais que le Marquis ne vous était pas détestable ?
  Mademoiselle de Joncquières : C’est de me trouver détestable dont je souffre.
  Madame de Joncquières : Redressez-vous. Écoutez-moi. Je ne me glorifie guère de tous ces arrangements, mais j’aimerais que vous quittiez votre répugnance pour le mensonge et pour la tromperie. Le monde est mensonge. Ainsi il a été créé. Ainsi nous devons nous y accommoder. Des générations d’hommes et de femmes y sont parvenues avant nous. Vous y parviendrez aussi. J’en suis sûre.

On peut remarquer dans l’échange précédant la direction intérieure du centre préféré.

Après la révélation de ses origines par Madame de la Pommeraye, elle les reconnaît là où sa mère tente de nier. Elle a ensuite le courage de chercher à s’expliquer :

  Mademoiselle de Joncquières : Marquis ! Marquis !
  Marquis des Arcis : Madame, vous n’avez pas l’audace de venir jusqu’à moi ?
  Mademoiselle de Joncquières : Monsieur. Marchez sur moi, écrasez-moi car je l’ai mérité. Faites de moi tout ce qu’il vous plaira mais écoutez-moi…
  Marquis des Arcis : Madame, retirez-vous ! Craignez pour votre vie. [Il la bouscule et la jette à terre.] Ne me touchez plus jamais. Et ne m’approchez plus. Sinon, je ne réponds de rien.

Elle essaye alors de se suicider, puis ramenée dans la demeure du Marquis des Arcis, s’enfuit dès qu’elle reprend conscience.

Quand le Marquis la convoque alors dans son cabinet, elle exprime avec intensité ses valeurs et ses regrets et fait mouche avec l’ennéatype du Marquis en lui affirmant la supériorité de la liberté morale sur la liberté matérielle :

  Marquis des Arcis : J’ai pensé qui si vous aviez la force de vous enfuir, il vous en resterait encore un peu pour m’écouter. Vous comprendrez que mon honneur me défend de laisser ma femme et sa mère errer sans toit ni argent dans les rues de Paris. Vous pourrez donc dire à votre mère qu’elle jouira d’une de mes maisons à Rouen et d’une rente.
  Mademoiselle de Joncquières : Merci, Monsieur. Merci. [Elle se dirige vers la porte pour sortir.]
  Marquis des Arcis : Je n’ai pas fini. Approchez et asseyez-vous.
  Mademoiselle de Joncquières : Non, Monsieur. Je ne peux. Je n’en suis pas digne. Ni que je m’approche de vous ni que vous vous rapprochiez de moi. Vous me l’avez dit vous-même.
  Marquis des Arcis : Madame, je m’en repens. Je ne crois pas que vous soyez méchante. Vous vous êtes laissée entraîner par faiblesse et autorité à un acte infâme. N’est-ce pas par la contrainte que vous m’avez menti, que vous avez consenti à cette union ?
  Mademoiselle de Joncquières : Oui Monsieur.
  Marquis des Arcis : Eh bien apprenez que ma raison et mes principes ne sont pas ceux de tous mes contemporains. Ils répugnent à une union sans inclination. Je vous rends votre liberté. Vous pourrez garder mon nom et vous habiterez où vous le désirerez. Réfléchissez et faites-le-moi savoir.
  Mademoiselle de Joncquières : Monsieur, désignez-moi le recoin le plus obscur de votre maison où vous permettrez que votre femme habite. J’y resterais sans murmure.
  Marquis des Arcis : Madame, vous n’avez pas compris. Vous êtes libre.
  Mademoiselle de Joncquières : Je ne serais vraiment libre que lorsque vous pourrez juger de ma conduite. Que lorsque vous pourrez lire au fond de mon cœur et voir combien je déteste le mensonge. Je serais libre le jour où vous verrez combien mes fautes passées sont loin de moi.
  Marquis des Arcis : Madame, je vous crois sincère. Si jamais il est sorti de ma bouche une parole qui vous ait humiliée, je m’en repens, Madame. Soyez assurée que plus jamais ma femme n’entendra un mot qui puisse la blesser.
  Mademoiselle de Joncquières : Mais je peux me dérober pour jamais à vos yeux. Parlez, je vais… Votre bonheur n’est point perdu. Vous pouvez m’oublier.
  Marquis des Arcis : Madame, je vous ai pardonné. Je vous l’ai dit. [Navré.] Je vois que vous n’en croyez rien. Madame. [Mademoiselle de Joncquières se retourne, se dirige vers la cheminée et s’évanouit.] Madame ! Madame ! Madame, je vous en supplie. Madame, relevez-vous. Madame la Marquise, allons. [Il l’aide à se relever.] Allons, venez, venez. [Il la relève, la regarde dans les yeux et scelle son pardon et leur réconciliation.] Madame des Arcis…

Identification avancée : Mademoiselle de Joncquières est un 1 α. On peut voir des manifestations des sous-types conservation et social.

Mademoiselle de Joncquières : Madame de JoncquièresMadame de Joncquières (Natalia Dontcheva) : 3

La caractéristique la plus évidente chez Madame de Joncquières est son appartenance au centre émotionnel, très visible par le non-verbal de l’actrice et par les larmes versées quand Madame de la Pommeraye l’empêche d’accepter les propositions du Marquis. Sa souffrance est visible mais est justifiée par ce qu’elle a vécu. Elle est convaincue que "le monde est mensonge. Ainsi il a été créé. Ainsi nous devons nous y accommoder". Conçue en dehors du mariage, elle n’est pour l’époque qu’une bâtarde mais ne manque pourtant jamais une occasion de rappeler ses origines nobles : "Vous savez peut-être que je suis née d’une union qui ne pouvait être ? Que ma mère était la Comtesse de Montois, et mon père le Baron de Bolinski. J’ai donc grandi sans parent. Mais j’ai été élevée dans la plus belle des éducations. J’étais encore très jeune quand le Duc de Grimaud s’est épris de moi. Je me pensais sauvée. Mais je fus hélas dupée par une fausse cérémonie. Je me suis retrouvée avec un enfant et sans époux. Mon tort fut de réclamer justice et d’y engager le peu de bien que je possédais. Ayant moins d’influence que l’homme qui m’a trahie, j’ai perdu mon procès."

On peut noter un instinctif qui lui fait tenter d’obtenir réparation dans une société où cela était peu probable. Un 3 agissant rarement sans être certain du succès, ce point peut instiller un doute sur l’ennéatype mais peut sans doute s’expliquer par un centre mental visiblement réprimé : contrairement à Madame de la Pommeraye, elle est incapable de réfléchir à long terme et est notamment prête à accepter chacune des propositions du Marquis des Arcis.

Enfin quand sa fille répugne au mariage avec le Marquis des Arcis, le centre émotionnel bascule. Elle ne comprend pas les émotions de Mademoiselle de Joncquières et la manipule émotionnellement pour la faire accepter cette union ("Il serait capable de nous tuer.").

Identification avancée : Madame de Joncquières est un 3 α de sous-type Conservation.

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