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Une conversation avec Fabien & Patricia Chabreuil (2e partie)
Andrea Isaacs et Jack Labanauskas

Dans notre dernier numéro, nous avons publié la première partie de notre interview de Fabien et Patricia Chabreuil de Paris (France). Les Chabreuil y discutaient de leur programme d'enseignement qui combine le modèle de l'Ennéagramme et des techniques comme l'Analyse Transactionnelle et la Programmation Neuro-Linguistique. Dans cette deuxième partie, les Chabreuil donnent de nouvelles informations sur leur travail et leur utilisation de l'"Ennéagramme des Processus."

Enneagram Monthly : Parlez-nous de la suite de votre programme de formation à l'Ennéagramme.

Patricia Chabreuil : Le deuxième axe de notre formation consiste à étudier les applications de l'Ennéagramme dans la vie quotidienne : communication, vie professionnelle et négociation. Sur ce dernier sujet, Fabien et moi avons développé une méthode spécifique utilisant à la fois l'Ennéagramme des processus et l'Ennéagramme des personnalités.

EM : Bien que nos lecteurs aient très certainement utilisé l'Ennéagramme dans leur vie quotidienne, pouvez-vous nous donner un ou deux exemples de la façon dont cela peut se faire ?

Fabien Chabreuil : Bien sûr. Dans la vie quotidienne, l'impact principal de l'Ennéagramme s'appelle tolérance. Que ce soit avec des particuliers ou en entreprise, la découverte de l'Ennéagramme se traduit immédiatement par une meilleure acceptation de l'autre. Enfin, il devient possible de comprendre les motivations et la souffrance qu'il y a derrière des actes apparemment incompréhensibles.

Par exemple, nous avons souvent des gens qui nous téléphonent pour avoir des renseignements à propos de nos stages. Il arrive parfois que notre interlocuteur emploie des mots et un ton très agressifs dès sa première ou deuxième phrase alors que c'est le premier contact qu'il a avec nous. Autrefois, j'étais toujours surpris par cette réaction et j'essayais de répondre calmement et gentiment. Je pensais que c'était la meilleure chose à faire commercialement et humainement. Depuis que je connais l'Ennéagramme, j'ai analysé ces situations et j'ai découvert que les gens qui se conduisaient ainsi étaient systématiquement des 8 et qu'ils me faisaient passer une sorte de test. Pour réussir ce test, il faut répondre de la même manière et sur le même ton et ensuite il devient possible, entre personnes fortes, d'avoir une relation de confiance.

PC : Je me souviens d'une cliente en thérapie qui avait des problèmes de couple qu'elle n'arrivait pas à comprendre. En analysant avec elle la situation, il est devenu évident que son mari, un 2, devenait nerveux, voire agressif, à chaque fois qu'elle lui demandait ce qu'il voulait ou qu'elle lui offrait quelque chose. À l'aide de l'Ennéagramme, elle a perçu la peur qu'il y avait derrière son attitude : "Je ne peux pas être aimé si l'autre met en évidence que j'ai des besoins". Elle a ainsi compris qu'elle devait le rassurer dans ces moments-là.

Cet apport de compréhension et de tolérance existe aussi pour les parents. Combien de parents culpabilisent en se demandant, par exemple, pourquoi leur enfant 5 s'isole dans sa chambre plutôt que de partager la vie de famille ou de jouer avec ses camarades ?

FC : L'apport de l'Ennéagramme dans la vie quotidienne n'est pas seulement tolérance de l'autre, il est aussi acceptation de soi. La compréhension de ses propres mécanismes dissout la culpabilité et rassure. Dans nos stages, c'est une réaction qui est particulièrement visible chez les 4 : désarroi de découvrir que beaucoup d'autres personnes réagissent comme eux et soulagement en même temps.

EM : Nous aimerions en savoir plus sur la façon dont vous utilisez l'Ennéagramme au cours de négociations. Comment combinez-vous l'Ennéagramme des Personnalités et l'Ennéagramme des Processus ?

PC : En France, c'est une entreprise de salut public ! Nous n'avons pas une culture de la négociation. C'est évident aussi bien dans la vie personnelle que dans notre vie sociale ponctuée de grèves et de manifestations. La tendance est de rester sur ses positions jusqu'au conflit et de ne négocier qu'au moment où le conflit devient insupportable pour une ou pour les deux parties. Quand la négociation a lieu, elle se réduit le plus souvent à un marchandage et les deux parties en sortent aigries et insatisfaites, ce qui est le germe de nouveaux conflits dans le futur. Pourtant, même dans la vie quotidienne, le besoin de négocier est permanent : on négocie le prix avec son vendeur de voiture, une promotion avec son patron, le prochain lieu de vacances avec son conjoint, etc.

FC : Oui, la négociation n'est pas quelque chose d'exceptionnel réservé aux grandes occasions. Cela change la vie de réaliser cela, de comprendre que l'on a un moyen d'agir, d'exprimer et de satisfaire ses besoins dans un grand nombre de circonstances. Négocier, plutôt que de céder, d'imposer ou de marchander.

EM : Comment ceci s'applique-t-il dans votre travail ?

FC : Nous connaissons et pratiquons depuis près de vingt ans la "négociation raisonnée" créée par Roger Fisher et William Ury dans le cadre du Harvard Negotiation Project. L'idée de base est que les besoins légitimes des deux parties doivent être satisfaits. Cela implique une attitude à la fois morale et coopérative. Il nous a paru évident que l'Ennéagramme permettait justement de mieux définir nos besoins et de mieux comprendre ceux de l'autre partie. Nous avons alors bâti un Ennéagramme des Processus de la préparation d'une négociation :

Figure C : Ennéagramme de la préparation d'une négociation
© Institut Français de l'Ennéagramme, Paris, 1996

EM : Pourriez-vous rappeler en quelques mots pour nos lecteurs ce qu'est un Ennéagramme des Processus ?

PC : Oh ! C'est une matière extrêmement théorique et il faudrait plusieurs numéros d'EM pour la traiter à fond. Heureusement, vous avez déjà publié plusieurs très bons articles sur le sujet et les lecteurs intéressés peuvent aussi lire Enneagram Studies de John G. Bennett et The Intelligent Enneagram de A.G.E. Blake. En quelques mots, un Ennéagramme des Processus consiste à placer les différentes étapes d'un processus sur un symbole de l'Ennéagramme. Cela permet de mieux comprendre la structure de ce processus.

FC : Un des avantages est que l'Ennéagramme nous force à découper un processus en trois phases et à sortir des pièges d'une pensée binaire. C'est particulièrement évident dans le cas d'une négociation où il est impératif d'échapper à la dialectique Moi-Autre pour chercher comment ces deux forces apparemment opposées peuvent se réconcilier dans un accord.

Un autre point positif est que l'utilisation des lignes de l'Ennéagramme conduit à examiner une étape en fonction de celles qui lui sont reliées et donc à sortir des pièges de la pensée séquentielle. Le temps s'écoule linéairement sur le cercle, mais notre pensée et notre volonté parcourent les lignes et peut ainsi, selon les points, se projeter dans le passé et/ou dans le futur : par exemple, à l'étape 1 d'un processus, les lignes nous obligent à regarder les points 4 et 7 qui sont situés dans le futur et à intégrer cette vision du futur dans notre action ; à l'inverse, à l'étape 7, les lignes nous désignent le passé aux points 1 et 5 et nous disent d'en tenir compte.

Un autre intérêt encore est de connaître les moments spécifiques où le processus aura besoin d'une impulsion particulière pour continuer : c'est ce qu'on appelle les points-chocs en 3, 6 et 9.

EM : Comment cela se concrétise-t-il dans votre Ennéagramme d'une négociation ?

PC : Une bonne négociation aboutit à un accord durable, conclu à l'amiable et qui prend en compte à la fois les intérêts légitimes des deux parties concernées et ceux de la communauté. Chacun est gagnant, le sait et sait que les autres parties le sont aussi.

Tout commence par une étude de son propre point de vue. D'abord, dans la phase 1, appelée "Intention", nous pouvons définir nos objectifs vis-à-vis des différentes personnes concernées par la négociation.

FC : L'Ennéagramme des processus force depuis ce point 1 à regarder vers les points 4 et 7 et donc à commencer à se poser la question de l'impact sur la relation et de la légitimité de sa demande. Cette gymnastique intellectuelle consistant à suivre les lignes sera évidemment pratiquée sur tous les points.

PC : Ensuite, il est nécessaire de définir une "Alternative", ce qu'on fera en cas d'échec de la négociation. Comme le disait Eric Berne, "un perdant dit ce qu'il fera s'il gagne, un gagnant sait ce qu'il fera s'il perd." C'est le point 2.

FC : Cette clarification de sa propre position faite, il devient possible de s'intéresser à l'autre aux points 4 et 5 : analyser la relation que nous avons avec lui et son importance et comprendre quelle est sa position. Ici, l'Ennéagramme des Personnalités joue un rôle primordial en permettant de savoir ce qui est véritablement important pour l'autre, voire d'identifier des besoins inconscients qui pourraient être la clé de la négociation.

Il est alors possible de chercher un accord. Cela commence par une analyse au point 7 de ce qui est légitime dans les demandes des deux parties et se termine par la recherche au point 8 de solutions dans ce cadre.

EM : N'est-ce pas un peu compliqué ?

PC : Le processus est élaboré, mais la mise en ouvre est simple et aisée. Nous avons porté une grande attention à en faire quelque chose de très pratique. Chaque étape fait l'objet d'un questionnaire structuré qui donne la certitude d'avoir totalement traité le sujet correspondant. Nos stagiaires ont utilisé cette méthode aussi bien pour des négociations domestiques que pour de graves sujets professionnels avec autant de succès dans un cas que dans l'autre.

EM : Vous parliez de trois catégories dans vos formations ? Quelle est la troisième ?

FC : C'est la plus importante. En fait, nous voudrions encore vous montrer un Ennéagramme des Processus :

Figure D : Ennéagramme de la libération spirituelle
© Institut Français de l'Ennéagramme, Paris, 1994

PC : La première phase met en ouvre le centre mental. Nous découvrons l'Ennéagramme des Personnalités par une conversation avec un ami, un livre ou un stage. Nous apprenons des choses sur nous-mêmes et notre connaissance du modèle devenant plus fine, nous comprenons mieux le fonctionnement des gens qui nous entourent et leurs motivations. Il est possible d'en rester là, d'avoir une approche sommaire de l'Ennéagramme, voire de mettre les gens dans des tiroirs ("Il est brutal ! Il ne prend pas en compte les autres. C'est un 8 !") ou de se forger de belles excuses ("C'est normal que je n'ai pas mené cette tâche jusqu'au bout, je suis un 7 !").

FC : L'Ennéagramme des processus nous enseigne qu'à ce moment, il faut une impulsion pour passer à la suite : c'est le points-choc 3. Nous pensons que cette impulsion doit être émotionnelle. La découverte de son type doit être accompagnée d'un fort désir d'en abandonner les limitations. Je me rappelle la découverte de mon type 7 et le sentiment de stupeur qui l'a accompagnée : "Comment est-ce possible ? Un mec aussi intelligent que moi dont la vie peut être expliquée par trois mots : éviter la souffrance ! Un mec qui se veut libre par-dessus tout et qui est l'esclave de cette phrase !"

PC : J'ai vécu bien évidemment la même chose. Découvrir qu'en tant que 1, j'avais pour passion la colère, moi qui pensais bien la maîtriser, que j'étais intolérante, moi qui étais prête à me battre pour la tolérance ! C'est dans ce choc émotionnel que germe la volonté de faire l'effort d'agir, de se libérer des automatismes de son type, de reconnaître que son point de vue n'est pas idéal et le seul juste.

FC : Oui, les trois centres sont utilisés dans cet ordre : mental, émotionnel et instinctif ou savoir-désirer-agir. (On peut trouver surprenant que les centres soient placés différemment sur cet Ennéagramme des Processus et sur l'Ennéagramme des Personnalités, mais ce sont deux systèmes distincts dont il faut chercher la concordance à un niveau plus profond.)

EM : Comment donnez-vous cette impulsion ?

FC : Dans nos stages et par du travail personnel d'observation de soi et d'analyse de sa vie que nous donnons à nos étudiants dès le premier stage.

PC : On reproche parfois aux livres sur l'Ennéagramme ou aux formations d'insister plus sur les côtés négatifs de la personnalité que sur les aspects positifs. C'est indispensable. Si tout va bien, il n'y a aucune raison de changer. C'est tout l'art de ce métier : faire que les gens vivent ce choc émotionnel avec suffisamment de force pour entamer le travail de changement et en même temps faire qu'il n'y ait ni regret, ni honte, ni culpabilité. C'est un des petits miracles de l'Ennéagramme que cela soit possible et même plutôt facile. Nous sommes chaque fois émerveillés de voir comment nos étudiants vivent le travail de découverte de soi dans la joie.

FC : Je crois que c'est une vraie joie spirituelle, qu'elle vient du contact pressenti avec l'Essence.

EM : Qu'y a-t-il après ce premier point-choc ?

FC : Une phase de travail sur le plan émotionnel en deux étapes, les points 4 et 5. La première concerne le pardon. Aucun progrès psychologique et spirituel n'est possible tant que la colère mine notre personnalité. Nous avons développé une méthode spécifique basée à nouveau sur l'Ennéagramme des Processus et sur l'Ennéagramme des Personnalités pour se libérer de la colère et du chagrin liés à des offenses passées. Cette méthode est apprise pendant la formation ou utilisée en sessions individuelles de thérapie pour des cas d'agression physique et/ou sexuelle, de harcèlement psychologique, de difficultés avec les parents… Après la personne se sent soulagée et sereine.

PC : Il s'agit ensuite de franchir le gouffre qu'il y a entre les points 4 et 5. Dans tout Ennéagramme des Processus, ce passage est toujours un moment où le travail change d'orientation. Ici, c'est la prise de conscience, au-delà de la simple compréhension mentale, que tout ce chemin, tout le Travail qui a été fait et qui reste à faire a pour but non pas soi, mais l'autre. L'étape 5 a pour objet le développement de la compassion pour soi et pour les autres.

EM : Il faut donc maintenant un nouveau point-choc ?

FC : Tout à fait. Une nouvelle impulsion est nécessaire pour agir. Bien évidemment, le travail précédent a déjà modifié notre manière d'être avec nous-même et avec les autres. Mais l'action juste n'existe qu'à partir de cette étape 7. Avant les limitations de notre personnalité font que nous manquons du discernement nécessaire. Avec les informations acquises lors de la première phase mentale, avec le nettoyage émotionnel réalisé lors de la deuxième phase, il devient possible de se transformer soi-même (c'est le sens littéral du mot grec metanoia) et de réaliser un véritable service aux autres qui est le but ultime du voyage.

EM : Pouvez-vous donner un exemple ?

FC : Si je suis un 2, qu'est-ce qui m'assure que je n'ai pas créé le besoin de l'autre simplement pour satisfaire ma compulsion ? Comment puis-je être certain de choisir non pas la forme d'aide la plus utile, mais celle qui me vaudra le plus de reconnaissance ? Si je suis un 6, comment savoir si l'action que j'ai entreprise me mène vers ma vertu de courage ou si elle ne fait que satisfaire ma tendance contrephobique. Chaque type a ses pièges du faux Travail et du faux Service. Tout cela en toute bonne foi égotique bien sûr. C'est pourquoi l'action juste ne peut être entreprise qu'avec l'aide d'un directeur spirituel ou une fois le Travail de libération spirituel très largement entamé.

EM : Comment toute cette démarche est-elle accomplie ?

PC : Ce Travail utilise l'Ennéagramme des Processus que nous venons de discuter comme boussole nous montrant le chemin et de l'Ennéagramme des Personnalités comme indicateur nous situant où nous en sommes sur ce chemin. Autour de ces deux outils majeurs, nous utilisons des techniques issues entre autres de la PNL, du Focusing, de la Quantum Psychology® du docteur Stephen Wolinsky, du bouddhisme tibétain, de Gurdjieff ainsi que des méthodes que nous avons spécialement développées pour ce programme, notamment le processus de pardon.

EM : Votre programme semble gigantesque. Pouvez-vous décrire brièvement ces systèmes, leur pertinence et comment vous les utilisez ?

FC : Si nous répondons à cette question, cela ne va plus être EM mais l'Encyclopedia Britannica ! En fait, nous utilisons chacune de ces techniques pour ce qu'elle sait le mieux faire. La PNL est excellente pour se connecter à des ressources dans l'ici et le maintenant et pour les phases de nettoyage émotionnel. Le Focusing permet de se connecter à son ressenti intérieur inconscient. La Quantum Psychology® est un outil extraordinaire pour déstructurer les transes hypnotiques liées aux automatismes de notre type ; c'est une avancée majeure dans le domaine de la psychologie. Le Bouddhisme Tibétain apporte des méthodes simples et efficaces pour le développement de la compassion. La plupart de vos lecteurs doivent connaître des techniques de Gurdjieff l'observation de soi et la remémoration de soi ; elles sont irremplaçables quand il s'agit des étapes de connaissance de soi (1) et de metanoia (7).

EM : Qu'appelez-vous le "processus de pardon" ?

PC : Nous avons tous, à des degrés divers, vécu des moments où d'autres personnes ont été pour nous une source de souffrance. Quand nous ressentons, que ce soit consciemment ou inconsciemment, de la colère ou de la haine pour nos offenseurs, nous nous enfermons dans le passé, nous revivons sans cesse les offenses et devenons ainsi nos propres bourreaux. C'est un poison mortel pour l'esprit à l'origine de la plupart des problèmes psychologiques et qui empêche toute libération spirituelle. Même s'il implique une bonne part de lâcher prise, le pardon peut se préparer et s'apprendre. Nous avons développé une méthode pour cela.

EM : Pouvez-nous donner plus de détails ? Un Ennéagramme des Processus peut-être ?

FC : Gagné ! Comment avez-vous deviné ? L'Ennéagramme des Processus a une structure fractale : chaque point d'un tel Ennéagramme peut à son tour être décrit par un Ennéagramme des Processus. Pour le point 4 de l'Ennéagramme de la libération spirituelle, ce zoom avant donne ceci :

Figure E : Ennéagramme du pardon
© Institut Français de l'Ennéagramme, Paris, 1996

Comme pour les autres Ennéagramme des Processus, il serait trop long de discuter ici en détail sa structure, même si tout ce que nous avons dit précédemment sur la structure d'un Ennéagramme des Processus s'applique. Mais nous pouvons parcourir les étapes telles qu'elles se déroulent sur le cercle en gardant à l'esprit que le processus réel est plus subtil et moins linéaire.

PC : Pour débuter, nous avons besoin d'une première impulsion, d'un premier point-choc consistant à lever toutes les conceptions erronées que notre culture peut avoir sur le pardon. C'est là que nous puisons la force de reconnaître les émotions que nous inspire l'offense, d'abord la colère puis la tristesse liée à ce que nous avons perdu. Les émotions acceptées et vécues, il est temps d'analyser alors plus objectivement ce qui s'est passé, de comprendre son rôle et celui de l'offenseur. Il ne s'agit bien évidemment pas de justifier ce dernier mais simplement de mieux percevoir les mécanismes qui l'ont fait agir ainsi.

FC : Enfin, on peut se préparer au lâcher prise qu'est le pardon véritable et, une fois celui-ci obtenu, de se préparer à vivre non plus tourné vers l'offense et le passé, mais vers l'avenir. Vous voyez qu'une fois encore les trois phases du processus mettent en ouvre les trois centres, cette fois dans l'ordre émotionnel, mental et instinctif.

S'orienter vers le futur signifie aussi intégrer le pardon dans sa vie. Ne pas pardonner une ou plusieurs offenses, mais devenir quelqu'un qui pardonne. Faire du pardon un style de vie. Comme l'Ennéagramme lui-même peut être un style de vie.

EM : Ce sera le mot de la fin ?

FC : Cela me paraît effectivement une bonne fin. Merci Andrea et Jack.

PC : Merci.