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La Rançon
Analyse

Tom Mullen (Mel Gibson) : 6

Du point de vue de l’Ennéagramme, ce personnage est un régal. Tom nous montre en deux heures les principales facettes du 6, et Mel Gibson est d’autant plus parfait qu’il joue très probablement son type réel, ceci étant dit sans vouloir minimiser ses talents d’acteur. Pour un étudiant de l’Ennéagramme, toute sa prestation est passionnante ; les points relevés ci-dessous ne sont que quelques indications des principaux traits montrés par le personnage.

Tom est d’abord un mental et en tant que 6, il utilise le mental pour analyser les situations qu’il veut logiques. Quand les ravisseurs lui réclament deux millions de dollars alors qu’il pourrait payer "dix fois plus", il perçoit là une faille logique : "Il y a quelque chose que je n’arrive pas à comprendre." Comprendre est tellement important qu’il pose la question au kidnappeur à la fin du film alors que la situation est si dramatique qu’il a sans doute des choses plus prioritaires à faire.

Sa première réaction est de suivre les règles. Au début du film, il discute avec Lonnie (l’agent du F.B.I.) et est dans une émotion violente. Quand Lonnie l’interrompt, il se calme immédiatement et lui dit sur un ton soumis : "Oui, dites-moi." Pendant la première moitié du film, il suit scrupuleusement les consignes du F.B.I. et celles du ravisseur. Quand il ne sait pas quelles sont les règles il s’en enquiert. Retrouvant son fils à la fin du film, il demande : "Est-ce que je peux le prendre dans mes bras ? Je peux ?"

Son grand souci est la sécurité. Il va porter lui-même la rançon : "Si j’y vais moi, c’est plus sûr." La sécurité est assurée par l’appartenance à un groupe pour lequel on doit tout faire, en l’occurrence sa famille : "Ce qui compte le plus, c’est la famille, la mienne, la vôtre. Notre rôle, entre autres, c’est de réunir des familles ; c’est ma récompense, c’est ma fierté." ou encore "On se raconte un tas d’histoires. On se dit qu’on fait tout ça pour sa famille, pour sa sécurité, pour son avenir." Sa peur est visible tout au long du film ; il en est d’ailleurs conscient : "J’ai terriblement peur."

Le mental étant toujours attentif aux risques et aux failles logiques, il est en permanence dans le doute. Il doute d’abord des autres, du F.B.I. et du ravisseur. Il imagine le pire : il raccroche le téléphone au nez du kidnappeur en déclarant à propos de son fils : "Je sais qu’il est mort." Alors l’aspect contre-phobique l’emporte : il attaque et c’est la délirante proposition de récompense pour l’arrestation du ravisseur, mort ou vif. Si on ne connaît pas l’Ennéagramme, ce revirement peut sembler étrange ; dans la personnalité du 6, il est parfaitement cohérent. Globalement, Tom est dans sa vie plus souvent dans le rôle contre-phobique du 6 : il a été pilote de chasse et a réussi vingt-huit missions, il monte une compagnie aérienne, il essaye d’acheter un syndicaliste…

Même pendant les moments contre-phobiques, la peur et le doute de soi sont présents en permanence, ce qui distingue fondamentalement le 6 contre-phobique du 8 ou du 3. Là encore, Mel Gibson montre cela à la perfection, dans des scènes dramatiques comme celle du balcon lorsque Tom croit que son fils vient d’être tué, mais aussi en permanence par un jeu d’acteur accompli.

Identification avancée : Tom est un 6 μ de sous-type sexuel ("Force-Beauté").

Jimmy Shaker (Gary Sinise) : 8

À côté de Tom, tous les autres personnages paraissent moins bien définis. Cependant, la première chose qui frappe chez Jimmy, le chef des kidnappeurs, c’est la répression du centre émotionnel. Il affirme à Maris, son amie et sa complice : "Tu as trop d’humanité, tu es trop gentille." Le moins qu’on puisse dire, c’est que tout au long du film, humanité et gentillesse sont des concepts qui lui sont étrangers. Quand il réconforte Maris parce qu’elle s’inquiète de la personnalité des autres complices, il n’y a de sa part aucune véritable expression émotionnelle et, même quand il dit "et cette douceur j’en ai besoin", c’est uniquement parce que c’est une phrase qui sera efficace avec elle.

Jimmy se veut un justicier. Certes, il réclame une rançon de deux millions de dollars, mais il veut croire et faire croire que c’est parce que Tom est un salaud. Il lui raconte ainsi la métaphore des Elois et des Morlocks et se situe clairement dans la défense des opprimés.

Caractéristique du 8, Jimmy sait repérer les points faibles des gens et les utiliser. Il lui suffit de voir Tom apparaître à la télévision pour savoir qui il est : "J’ai regardé tes yeux. J’ai vu que tu mentais comme un salaud. Je sais que tu l’as payé ce mec. Tu as l’habitude. […] Tu n’as qu’à continuer." Il joue de ces points faibles et aussi de la crainte qu’il inspire : "Je leur fais peur.", dit-il de ses complices. Violence physique ou verbale, il ne manque aucune occasion de confirmer son autorité : "On me baise pas la gueule à moi. Tu me connais, c’est moi qui décide. Quand ce sera fini, je le dirai."

Le mental de Jimmy fonctionne parfaitement bien. Il fait de l’humour, mais cet humour est toujours consciemment destiné à agresser l’autre : quand il arrête un malfrat, il lui dit que "le carrosse de monsieur est avancé" et que si les menottes sont trop serrées, c’est parce qu’elles sont neuves et qu’elles "vont se faire". Il demande souvent à ses complices de plus "réfléchir". Jimmy est capable de concevoir un nouveau plan en un instant, comme quand il décide d’abattre ses complices. Mais un plan n’est pas un plan en soi, il n’existe que pour déboucher immédiatement sur l’action.

Jimmy va au bout de ses projets. Quels que soient les risques et la souffrance en jeu, il continue… jusqu’à la mort.

Identification avancée : Jimmy est un 8 à aile 7 de sous-type conservation ("Survie").

Autres

D’autres personnages peuvent être étudiés à l’aide de l’Ennéagramme :

Sean Mullen (joué par Brawley Nolte) est vraisemblablement un 1. Il pense qu’"avec tous les efforts" qu’il a "faits, c’est pas juste" de ne pouvoir participer au concours. Il est anxieux parce que "beaucoup de gens sont en colère" contre son père. Quand elle lui donne à manger, il remercie bien poliment Maris, la ravisseuse.

Cubby Barnes (joué par Donnie Wahlberg), le kidnappeur qui raconte des histoires, achète du chocolat et des bandes-vidéo pour Sean est un 9. Il essaye de rassurer l’enfant : "Ce sera bientôt fini. Après je te ramènerai chez toi." À la fin, il s’intègre et décide de ne pas donner l’argent à Jimmy avant qu’il ait relâché Sean.

L’agent du F.B.I. Lonnie Hawkins (joué par Delroy Lindo) est très probablement un 2. Dès son arrivée chez Tom, il est extrêmement souriant et chaleureux. Il téléphone à sa femme de chez Tom pour lui dire qu’il l’aime. En même temps, il agit et n’hésite pas à révéler à Kate Mullen ce que son mari lui a avoué à propos de la corruption du syndicaliste.

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