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Wall Street
Analyse

Gordon Gekko (Michael Douglas) : 8

Gordon Gekko est un 8 désintégré. La première fois qu’on entend parler de lui dans le film, la description est claire : "On lui a coupé la glande morale." Son concurrent et ennemi, Sir Larry Wildman, lui dit : "Vous vendriez votre mère et vous l’enverriez en port dû."

Effectivement, Gekko est totalement amoral. Les lois, les gens, la parole donnée, tout cela n’a aucune importance pour lui. Quand "il s’agit de pognon, le reste c’est du bavardage." C’est lui qui fabrique les règles pour son seul bien et qui les change quand elles ne lui conviennent plus, c’est lui qui organise le monde à sa convenance : "C’est nous qui fabriquons les règlements, les nouvelles, la guerre, la paix, la famine, les émeutes, le prix des brosses à dents."

Oui, même le prix des brosses à dents. Le besoin forcené de pouvoir et de contrôle de Gekko s’exerce même dans les plus petits détails. Il décide comment Bud doit s’habiller et ce qu’il doit manger au restaurant (un plat qui n’est pas à la carte mais que le maître d’hôtel préparera bien sûr). Tout contrôler, tout posséder, tout vivre, Gekko manifeste continuellement l’excès qui est la passion du 8 : "La voracité est utile. La faim est bonne, la faim est un moteur, la faim sous toutes ses formes, oui la faim de la vie, de l’amour de l’argent, de la connaissance…" Bien évidemment, la faim justifie les moyens !

La violence de Gekko est visible en permanence. Le plus souvent, elle se manifeste verbalement par les ordres qu’il donne à ses employés : "Ce con, tu le ratiboises. Je veux que cet enfoiré pisse le sang par tous les trous.", "Coupe-lui les balloches et colle-moi tout ça dans le compacteur." Il cite souvent son livre de chevet, L’Art de la Guerre de Sun Tsu. D’ailleurs sa vie est "une guerre de tranchée""il n’y a pas de pardon".

Dans cette guerre, il n’y a pas de place pour les sentiments et pour les émotions : "Tu te bats comme un dingue et si tu veux un ami, achète un chien." donne-t-il comme consigne à Bud. Gekko est "trop malin pour investir dans cette connerie de mythe qu’est l’amour, cette fiction inventée pour que les gens ne se flanquent pas par la fenêtre à la chaîne".

Gekko ne peut apprécier que les gens comme lui, des êtres sans scrupule : il estime Ollie, "le Terminator, le tueur fou" ; il présente Bud comme "un membre de son gang". Il veut être certain que l’on est dans son camp : "Tu es avec moi ? J’ai besoin de savoir." Les autres, il s’en méfie : "Tu as eu des couilles pour t’introduire de force chez moi. Le problème est de savoir si tu en as assez pour rester." Il détecte leurs points faibles et leur dit sans ambages leurs quatre vérités : "Tu te fous de moi ; déjeuner c’est pour les feignants.", "Épargne-moi ton baratin pisseux. C’est un peu gros." Il les méprise et les écrase : "Les gérants de portefeuille sont des moutons, et les moutons se font tondre."

Quand Gekko estime qu’on lui a fait du tort, il cherche la vengeance, de préférence immédiate : "Il me le paiera ; ça ne va pas traîner." Il répète plusieurs fois qu’il n’y a pas de pardon possible. Il s’estime trahi par Bud, et c’est d’autant plus insupportable qu’à sa manière il lui avait un peu fait confiance. Son style de vengeance habituel est alors insuffisant, et Gekko passe à la violence physique.

Identification avancée : Gordon est un 8 à aile 7 de sous-type conservation ("Survie").

Bud Fox (Charlie Sheen) : 3

Bud veut arriver haut et vite. Pour cela, il est prêt à tout, même à vendre son âme à Gekko. L’important, c’est de réussir et avec Gekko, "en un an [il peut se] faire plus de pognon avec ce boulot qu’à la Blue Star en cinq ans". Car dans ce monde, la réussite c’est l’argent et donc, pour Bud, "la noblesse de la pauvreté, c’est fini".

La réussite vue par un 3 est une réussite reconnue. Bud est extrêmement sensible à son image. Il veut vivre à Manhattan pour ne "pas être ridicule". Il pleure quand les policiers le font sortir menotté de son bureau.

En bon 3, pour réussir Bud travaille. Il refuse d’aller à un match de basket avec un collègue ("J’ai du boulot en retard") ; il néglige sa petite amie qui s’en plaint. Gekko qui le connaît bien lui dit : "Le travail, tu aimes ça.", et Bud hoche la tête affirmativement.

Bud est très relationnel, avec les secrétaires, avec ses collègues de travail… du moins tant que ces relations lui sont utiles pour réussir.

Quand le travail et les relations ne suffisent pas, Bud va plus loin : il ment ("Il ment comme il respire.", dit de lui Carl Fox, son père), il s’introduit en fraude dans des bureaux pour photocopier des documents, il corrompt un avocat, ex-compagnon d’études. La différence d’énergie entre Gekko et Bud est très évidente dans ces moments : Bud viole la loi pour réussir alors que pour Gekko, c’est un plaisir en soi.

Bud a confiance en lui et en sa capacité à atteindre ses objectifs. "Je vais faire des étincelles, je suis un gagneur" affirme-t-il à Gekko ; il se félicite devant une glace : "Buddy, Buddy, ça me gêne de te le dire, mais tu es un génie."

Membre du centre émotionnel, Bud vit dans le présent. Il s’identifie à chaque moment qui devient crucial : "La vie cela peut se jouer sur un moment très court.", dit-il en allant à un rendez-vous de cinq minutes avec Gekko. Il n’aime pas penser à long terme :

  X : Tu es toujours avec la petite panthère sexy ?
  Bud : Non. Elle a dit ce qu’il ne fallait pas dire : "Parlons de l’avenir."

Centre émotionnel oblige, Bud se pose des questions existentielles. Il emménage dans un superbe appartement à Manhattan, regarde les lumières de la ville par la fenêtre et s’interroge : "Qui je suis ?"

Identification avancée : Bud est un 3 à aile 2 de sous-type conservation ("Sécurité").

Carl Fox (Martin Sheen) : 1

Carl Fox, le père de Bud, est un 1. Il est très proche du personnage de Lorenzo Annelo joué par Robert de Niro dans Il était une fois le Bronx, un film présentant la même dynamique Ennéagramme. C’est un homme simple, mécano et syndicaliste à la Blue Star, pour qui rien n’est plus important que le travail bien fait et le respect des valeurs et des engagements.

Pour Carl, il est primordial d’être respectable, mais le respect ne peut pas venir, comme le croit Bud, d’une reconnaissance extérieure :

  Bud : Un jour, tu seras fier de moi.
  Carl : C’est toi qui dois être fier de toi-même. C’est ça le plus important.

Carl est plein de rigueur dans le respect de ses valeurs et il est fier de ne pas se laisser corrompre : "Ce que tu vois, c’est quelqu’un qui ne mesure pas la réussite à son compte en banque.", "L’argent, j’en ai rien à foutre.", "J’ai pas de pute dans la journée et pas de pute la nuit dans mon lit. Voilà comment je me respecte et je voudrais que tu en fasses autant."

Carl maîtrise ses émotions. Il est fort et stable. Courageux, il est le seul qui ose tenir tête à Gekko : "Ils ont bâti la compagnie avec un seul malheureux zinc, et trente ans après ces merdeux tiennent encore. Alors je défends ces merdeux contre les requins de la finance."

1 oblige, Carl a une forte tendance au sermon. Il prononce plus souvent qu’à son tour les mots "Il faut". Il accompagne Bud au tribunal et prêche : "C’est peut-être le prix à payer mon petit. Cela sera pas drôle, c’est évident. Mais peut-être sans qu’on sache trop comment, c’est comme cela que tu t’en sortiras le mieux. Il y en a marre du fric facile. Il vaut mieux mener une vie utile qui serve à quelque chose. Tu comprends il faut créer et produire au lieu de trafiquer sur la vie des gens."

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