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Quand Harry rencontre Sally…
Analyse

Harry Burns (Billy Crystal) : 6

Harry privilégie à chaque instant l’utilisation du centre mental. Il cherche à trouver une signification logique aux événements et toute discussion est pour lui l’occasion de faire un raisonnement logique. Les exemples abondent :

  • Quand il essaye de convaincre Sally que l’amitié entre un homme et une femme est impossible, il enchaîne rigoureusement les arguments et termine sur un "CQFD !" triomphant.
  • Il se refuse à accompagner une amie à l’aéroport au début d’une relation pour qu’elle ne puisse pas lui reprocher plus tard de cesser de le faire. Car il est persuadé qu’on ne peut pas avoir envie d’accompagner quelqu’un à l’aéroport après une relation d’une certaine durée. Sur ces bases qu’il projette sur Sally et Jo, il pronostique que leur relation n’a pas plus de trois semaines d’existence.
  • Quand il téléphone à Sally à la fin du film et qu’il tombe sur son répondeur, il déclare : "Il y a trois possibilités : a. Tu n’es pas là ; b. Tu es là et tu n’as aucune envie de me parler ; c. Tu es là, tu as une envie folle de me parler et tu es coincée sous l’armoire. Si c’est a ou c, rappelle-moi."

En bon 6 ses raisonnements ne sont pas toujours basés sur des prémisses solides, mais il se satisfait de leur cohérence interne. Persuadé que ce qu’il dit est logique donc imparable, Harry ne peut pas avoir tort. Quand il s’est manifestement trompé, il accepte ce que dit l’autre et déclare avec aplomb : "C’est ce que j’ai dit."

Il pense souvent à des événements futurs négatifs. Quand Sally lui dit qu’elle va à New York pour être journaliste, il lui répond : "Imagine qu’il t’arrive rien. Imagine que tu vives là-bas toute ta vie sans qu’il se passe rien, que tu rencontres personne, que tu perces jamais, que pour finir tu meures comme une New-yorkaise anonyme sans que personne ne s’en aperçoive sauf à l’odeur qui filtre au bout de quinze jours." Il continue dans la même conversation : "Quand je m’offre un bouquin, je lis toujours la dernière page d’abord. Comme ça, si je crève avant de l’avoir fini, je connais la fin et ça, ma vieille, c’est être sombre", et aussi "[La mort] j’y pense des heures, j’y pense des jours."

Après son divorce, il finit par sortir avec une autre femme et le premier rendez-vous ne se passe pas très bien. Il pense aussitôt que "le pire est peut-être à venir". Plus tard, au téléphone avec Sally, il lui dit qu’il pense avoir une tumeur et, seul dans son lit après qu’elle ait raccroché, il s’entraîne à gémir.

Ce pessimisme s’accompagne bien évidemment d’un manque de confiance. Il dit à propos de son mariage : "J’ai toujours su que même heureux ensemble, ce n’était qu’une illusion et qu’un jour elle me filerait un coup bas."

Cette anticipation négative lui semble indispensable. La vie ne peut pas indéfiniment aller bien et il déclare à Sally : "Quand la merde arrivera, moi j’y serai préparé et pas toi."

Identification avancée : Harry est un 6 à aile 7 de sous-type sexuel ("Force-Beauté").

Sally Albright (Meg Ryan) : 1

Sally est une fille organisée, sérieuse et soucieuse d’équité. Quand, au début du film, Harry et elle partent vers New York, elle a tout préparé : "J’ai fait le calcul. On a dix-huit heures de route. Bon, cela fait six tranches de trois heures chacun ou alors on se relaie au kilométrage. Il y a un petit plan sur le pare-soleil et j’ai déjà fait le point sur tous les endroits où on pourra assurer les relèves." On imagine déjà qu’il vaut mieux ne pas être fatigué avant la fin des trois heures fatidiques et avoir pris ses précautions avant de partir !

Cette organisation rigoureuse, on la retrouve partout. Elle a "horreur de manger entre les repas". Quand elle commande un plat, c’est hallucinant : "Une salade du chef. Vinaigrette à part. Et une tarte aux pommes, tiède, avec la glace à part, framboise au lieu de vanille. Sinon pas de glace, rien que de la Chantilly. Mais maison." Etc. Etc. Etc. Le repas fini, elle calcule soigneusement ce que doit payer chacun, y compris une juste répartition des 90 cents de service.

Sally a chez elle un fichier où toutes ses cassettes vidéo sont classées par ordre alphabétique.

Harry l’appelle la "cheftaine" ou "Mademoiselle Vie-bien-rangée". En bonne 1, elle aime l’ordre et la perfection. Alors que d’habitude elle se voit comme "une femme de bon sens", elle prend conscience des excès de sa personnalité quand Jo en épouse une autre : "J’en demande trop. […] Je suis rigide. Je suis fermée. Je suis dans une tour d’ivoire."

Elle sait aussi comment les autres devraient penser et fonctionner, mais elle n’ose guère le leur dire. Lors du voyage vers New York, elle est atterrée quand Harry mange une grappe de raisin et crache les pépins par la fenêtre de la voiture. Cette façon de cacher et de se cacher ses vraies émotions est flagrante après la rupture avec Jo : "Je me sens en pleine forme. Je m’en suis remise et même très bien remise. Je l’ai apprécié et il m’a apporté tout ce qu’il pouvait. Et quand je repense à notre parcours, je suis de plus en plus convaincue que j’ai fait le bon choix.", "Il ne me manque pas, mais alors pas du tout."

Sally a le sens moral élevé du 1. Elle est horrifiée que Harry la drague alors qu’il est l’ami de sa copine Amanda. On sent à ce moment la colère du 1 et en même temps les efforts pour la contenir dans des limites socialement acceptables : "Écoute, restons-en là, Harry. D’accord."

La colère est d’ailleurs souvent sous-jacente. Quand elle voit Harry à l’aéroport cinq ans après leur première rencontre, elle est furieuse qu’il ne la reconnaisse pas. Membre du centre instinctif, non seulement elle vit la colère, mais elle ne l’oublie pas. Elle se souvient que le voyage cinq ans plus tôt était un "enfer", ce qui est quand même exagéré. On notera aussi cet échange :

  Harry : On est dispensé de plates excuses au bout de combien de temps ?
  Sally : Dix ans.
  Harry : Ouf ! Il y a prescription. Il s’en est fallu de peu.

Identification avancée : Sally est un 1 de sous-type conservation ("Anxiété").

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description du film