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Rencontre avec Joe Black
Analyse

Joe Black (Brad Pitt) : 7

Après avoir joué au chat et à la souris avec Bill Parrish en lui parlant sans se montrer ("Ouiii…"), Joe Black se présente enfin et annonce la raison et le but de sa visite : "Depuis peu, vous petites affaires ont piqué mon intérêt. Appelle ça de l’ennui, de la curiosité de ma part. […] Fais-moi visiter. Sois mon guide. […] L’important, c’est que je ne m’ennuie pas."

Joe veut satisfaire ses désirs et ne supporte pas les frustrations. Il a "besoin d’un corps", il le prend. Il manifeste plusieurs fois à William Parrish qu’il est en position dominante ("Cela n’est pas sujet à discussion. Rien ne l’est."), mais contrairement à lui, il exprime cela calmement, sans colère, en énonçant un fait plutôt qu’en se livrant à une épreuve de force. Joe est optimiste : "Dans la vie, il y a toujours des solutions."

Dans le monde des humains, Joe découvre avec ravissement dès le premier soir le moyen d’exercer au sens propre la passion de son type, la gloutonnerie :

  Joe : C’est quoi ça ?
  Maître d’hôtel : Ça, vous voulez dire ?
  Joe : Oui.
  Maître d’hôtel : Du beurre de cacahuète, Monsieur.
  Joe : Et vous aimez ça ?
  Maître d’hôtel : Et bien, si vous sollicitez mon opinion, je dirai que c’est à mi-chemin entre la damnation et le paradis. Euh… Vous voulez goûter, Monsieur ?
  Joe : Oui. [Il sourit. C’est la première fois depuis qu’il est sur terre.]
  Maître d’hôtel : Tout de suite.
    […]
  Maître d’hôtel : Vous voilà dépendant du beurre de cacahuètes, Monsieur.
  Joe : Oui. Je crois bien que oui. Je suis content de connaître le beurre de cacahuètes.

Le plaisir apporté par le beurre de cacahuètes devient la référence absolue. Quelques instants plus tard, il ne lâche même pas la cuillère pour tendre une serviette à Susan qui sort de la piscine. Il en réclame au repas. Il cherchera à en obtenir à nouveau lors de la réception finale, seule consolation possible à la perte de Susan. Celle-ci d’ailleurs doit affronter la concurrence :

  Susan : Tu as aimé faire l’amour avec moi ?
  Joe : Oui.
  Susan : Plus que le beurre de cacahuètes ?
  Joe : Oui. Beaucoup plus.

Bien entendu, il n’en néglige pas pour autant les autres plaisirs alimentaires. Le sandwich au gigot "est éblouissant". Quant aux réunions du Comité Directeur de Parrish Communication, leur intérêt réside dans les pâtisseries :

  Joe : Est-ce que je peux encore avoir de ces délicieux gâteaux ? Ceux à la confiture. Et une tasse de thé… avec un nuage de lait. J’essaye le style anglais. Ouais ! Un thé au lait je vous prie.
  Drew : Ce sera tout, Monsieur Black. Un peu d’eau, peut-être ?
  Joe : Oui, avec joie.

Sa gloutonnerie se manifeste aussi dans ses autres plaisirs. Après que Susan l’ait embrassé pour la première fois, il lui dit : "Vos lèvres sur les miennes, et votre langue… Ça avait un goût vraiment merveilleux."

Bien entendu, du 7 Joe Black a aussi la peur de la souffrance. Il va voir Susan à l’hôpital et elle est surprise de sa venue :

  Susan : Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes malade ?
  Joe : Oh ! Dieu merci non !

Là, il rencontre une vieille femme jamaïquaine et lui assure : "Je suis désolé. Je n’ai rien à voir avec la douleur." Le spectacle de cette souffrance lui est insupportable et il comprend brusquement que sa "présence [à l’hôpital] n’est pas appropriée" et s’enfuit littéralement. Parce qu’elle souffre, cette femme est le premier être humain pour lequel il ressent une véritable émotion : "C’est quelqu’un qui a très mal." Le soir au dîner, il demande de ses nouvelles : "Je suis très inquiet pour la femme qui est venue vous voir. La douleur s’est-elle calmée ?"

Plus tard, il retourne la voir à l’hôpital et lui amène des fleurs. La vieille femme essaye de le convaincre qu’il n’est "pas à sa place" sur terre. Amoureux et aimé de Susan, il ne veut rien entendre : pourquoi abandonner un plaisir ? La Jamaïquaine perçoit bien ce qu’il y a de puéril dans cette attitude : "C’est plein de gamineries dans ta tête."

Elle lui raconte alors une métaphore, le langage du 7, pour lui faire comprendre que son plaisir va bientôt se changer en souffrance : "C’est joli ce qui a pu t’arriver. Tu sais, c’est comme si tu étais dans les îles en vacances. Le soleil ne te brûle pas rouge-rouge, juste marron, tout doré. Il n’y a pas de moustiques. Mais la vérité, c’est que c’est fatal que ça arrive si tu veux rester trop longtemps. Alors garde les jolies images que t’as dans la tête et retourne chez toi. Mais il faut pas te faire avoir."

Joe change de visage. Il se rend immédiatement chez William Parrish et lui annonce qu’ils vont s’en aller : "J’ai le sentiment que tout compte fait l’objectif visé par ce voyage est aujourd’hui pleinement atteint." Cette phrase est une rationalisation (le mécanisme de défense du 7) destinée à (se) masquer la raison véritable de son départ.

Plus généralement pour Joe Black, le langage est un outil permettant de justifier n’importe quelle idée : "Quoi que vous disiez, on peut soutenir une opinion de deux façons différentes", explique-t-il à Drew.

Joe pratique volontiers un humour à froid plutôt agressif :

  Bill : Vous pensez rester longtemps ?
  Joe : Nous pouvons espérer que ce sera le cas.

Ou après une colère de Bill : "Du calme, Bill. Tu vas faire une crise cardiaque au beau milieu de mes vacances."

Joe ne sait pas réellement ce qu’est une émotion. Même quand il aime Susan, il est étonnamment froid et distant, plus dans le plaisir que dans l’amour comme le perçoit bien William Parrish :

  Bill : Vous prenez ce que vous voulez par simple fantaisie. Ce n’est pas de l’amour.
  Joe : Qu’est-ce que c’est ?
  Bill : […] Il manque les ingrédients importants.
  Joe : Et quels sont-ils ?

La fin du film montre un début d’intégration par le renoncement à Susan et en même temps son châtiment : lui qui a joué avec les sentiments des autres et avec leur vie va devoir apprendre à vivre seul… pour l’éternité.

Identification avancée : Joe Black est un 7 α de sous-type sexuel ("Imagination") à aile 8.

William (Bill) Parrish (Anthony Hopkins) : 8

William Parrish est un leader. Il dirige son entreprise d’une main de fer, ne laissant pas place à la discussion ou à l’opposition sur le moindre détail :

  Bill : Appelez ma famille. Je veux qu’ils dînent à la maison ce soir.
  Jennifer : Vous n’avez pas déjà dîné ensemble hier soir ?
  Bill : Jennifer !
  Jennifer : Bien sûr, Monsieur Parrish. Tout de suite.

Quand il refuse la fusion avec Bontecou, il ne consulte pas son conseil d’administration et se borne à lui demander d’entériner son choix : "J’ai pris une décision. Il n’y a pas à y revenir." "Il semble que vous laissiez peu de place à la discussion", constate Drew. Cela ne le gêne pas de faire le contraire de ce qu’il affirmait vingt-quatre heures auparavant : "Chaque règle a une [exception]."

Bref, comme le dit Ed, "personne ne dit à Bill ce qu’il doit faire."

La moindre opposition, la moindre frustration, et Bill se met en colère et le plus souvent hurle :

  Drew : Je croyais qu’on avait plus qu’à signer le contrat.
  Bill : Ce n’était pas le cas, d’accord ? Oublie Bontecou. Passe l’éponge Je suis fatigué de son nom débile et de son offre débile. Ça ne m’intéresse pas.
  Drew : D’accord.

L’ultimatum arrive vite : "Qui est le patron ? Toi ou moi ?" Ou l’injure : "Drew, tu n’es qu’un sac à merde."

Bill attend des autres qu’ils soient aussi carrés que lui : "À question directe, j’aime qu’on me réponde de façon directe. C’est comme ça, et toute personne qui ne le fait pas, je la vire."

La même autorité et le même contrôle se manifestent vis-à-vis de sa fille :

  Susan : Je l’aime.
  Bill : Je m’en fiche que tu l’aimes. Je sais ce que je dis. Il n’est pas bien pour toi.

Les gens qui entourent Bill font partie de son monde, lui appartiennent en quelque sorte : "J’aimerais savoir pourquoi mon comité se réunit sans prendre la peine de m’en parler." Lors de la réception finale, il dit à ses hôtes dans son discours d’anniversaire : "Nous sommes réunis et vous êtes mien pour une soirée."

Certes Bill est déstabilisé par l’arrivée de Joe Black, mais se reprend vite. Dès le premier repas, quand il découvre que Susan et Joe se sont déjà rencontrés, il intervient immédiatement : "Ça suffit, Susan. [Il se tourne vers Joe.] J’ai deux mots à vous dire." Il a beau n’avoir aucun pouvoir face à Joe, Bill cherche par tous les moyens à lui imposer sa volonté :

  Bill : Voilà ce qu’on fait. Vous promettez que votre travail funèbre ne s’applique qu’à moi et…
  Joe : Et quoi ?
  Bill : Et je ne dirai à personne qui vous êtes.
  Joe : Ça me paraît honnête.
  Bill : On a un deal ?
  Joe : Un deal ?
  Bill : Oui. Vous avez ma parole, vous me donnez la vôtre, tous deux on s’y tient. C’est un accord entre deux personnes responsables.
  Joe : Bill…
  Bill : Quoi ?
  Joe : Tu as un deal.

Quand Joe veut se faire aimer de Susan et l’emmener, le ton monte :

  Bill : Vous vous trompez d’endroit. Vous vous trompez d’époque. Vous vous trompez de femme.
  Joe : J’en suis le seul juge.
  Bill : Je suis son père.
  Joe : Avec tout le respect que je te dois, je ne requiers pas ta permission.
  Bill : C’est à moi d’en décider.

Aucune menace ne peut l’arrêter et comment ne pas admirer son courage pour protéger ceux qu’il aime :

  Bill : Tout en vous n’est que pourriture.
  Joe : Je n’aime pas ce ton et je n’aime pas tes références.
  Bill : J’en ai rien à cirer de ce que vous aimez. […] Arrête de m’appeler Bill, fils de pute.

Bill Parrish ne conçoit sa vie que dans l’excès, la passion du 8 et pas seulement pour la colère. Allison le sait bien : "Encore de l’excès ! Vous allez adorer." Bien entendu, l’amour doit être vécu de la même manière :

  Bill : Je veux que tu te laisses emporter. Je veux que tu t’envoles. Je veux que tu chantes de ravissement et danse tel un derviche.
  Susan : Rien que ça ?
  Bill : Oui, plongée dans un océan de bonheur ou que tu sois prête à l’être. […] L’amour est passion, obsession. Sa présence est vitale. Je veux dire : tombe à la renverse, trouve quelqu’un que tu aimes à la folie et qui t’aimera de la même manière.

Contrairement à Drew ou Bontecou, William Parrish ne fonctionne pas que pour la réussite et l’argent. Il a une haute idée de ce qu’est la mission de son entreprise et "des critères de qualité inégalés" : "Il y a mieux dans la vie que payer un objet un dollar et le revendre deux. […] Je voulais donner des informations au monde entier et je voulais qu’elles soient sans le moindre vernis. Plus nous avons d’informations sur nous, plus nous avons de chance d’en réchapper. […] John Bontecou n’est que profits. […] Cette compagnie n’est pas à vendre."

Bien évidemment, Joe Black ne comprend pas qu’à la veille de mourir, il s’occupe ainsi de "choses subalternes". Aussitôt furieux, Bill met les points sur les i : "Je refuse qu’on puisse se payer le travail d’une vie et le détourner de son objectif premier. Un homme doit laisser une empreinte et faire en sorte que personne ne la piétine. Il veut qu’on marche dans ses traces en ayant à l’esprit honneur, don de soi et vérité. OK ?"

Ce sens de l’honneur est constant dans sa vie et doit se manifester avec la personne qu’on aime :

  Bill : Vous prenez ce que vous voulez par simple fantaisie. Ce n’est pas de l’amour.
  Joe : Qu’est-ce que c’est ?
  Bill : Ce n’est pour moi qu’une simple passade à laquelle, pour un moment, vous voulez vous adonner. Il manque les ingrédients importants.
  Joe : Et quels sont-ils ?
  Bill : Courage, responsabilité, charrier le fardeau de ses choix et de ses sentiments et passer le restant de sa vie à les mettre en pratique et plus que tout éviter de blesser son amour.

Identification avancée : William Parrish est un 8 μ de sous-type social ("Protection mutuelle") à aile 7.

Susan Parrish (Claire Forlani) : 6

Le type de Susan est d’abord évident par sa communication non verbale : son attitude et ses regards expriment presque continuellement l’affolement, l’agitation anxieuse ou la peur. Ces émotions apparaissent aussi dans son discours, y compris aux moments les plus inappropriés comme quand elle rencontre dans le café près de l’hôpital le jeune homme dont Joe Black prendra le corps :

  Le jeune homme : J’ai vraiment de la chance. Le jour même où j’arrive à New York, je trouve un médecin, qui plus est une belle femme.
  Susan : [Silence]
  Le jeune homme : Ça vous embête que je dise ça ?
  Susan : Ah ! Oui ! Non ! Bien sûr que… Du tout ! Non, non ! C’est pas grave.
    […]
  Le jeune homme : Ça existe le coup de foudre.
  Susan : Euh… Il faut… Il faut que j’y aille.
  Le jeune homme : J’ai dit un truc que j’aurai pas dû ?
  Susan : Non ! Non !
  Le jeune homme : Sûr ?
  Susan : Non ! Euh… Non, c’était… C’était tellement vrai. J’ai peur, c’est tout. Je… Je…

Plus tard aussi quand elle retrouve Joe Black au premier dîner : "Vous êtes au centre d’une énorme affaire et je n’avais vu en vous qu’un simple Joe. […] Je n’ai pas peur de l’admettre. Vous m’avez fait tourner la tête. J’ai adoré ça."

Cette peur parfois exprimée et parfois niée est aussi projetée : "De quoi tu as peur, Papa ?"

Susan est toujours dans le doute : "Je dois rentrer chez moi. Qu’est-ce que je fais ?" ou

  Bill : Est-ce que tu l’aimes ?
  Susan : Oui. Enfin je crois.

Mentale, Susan veut comprendre : "Je me sens idiote. Je ne comprends rien. Rien du tout." Elle veut savoir ce que disent ou pensent réellement les gens et pose question sur question, imaginant le pire si elle n’a pas de réponse : "Et quelles sont vos intentions ?", "Mais enfin qui êtes-vous ?", "Pourquoi vous aimez tant le beurre de cacahuètes ?", "Qui êtes-vous ? Qu’est-ce que vous… Qu’est-ce que vous faites avec mon père ? Vous ne me le direz pas ? Vous êtes marié, j’en suis sûre.", ou

  Susan : Qu’est-ce que vous faites ici ? Vous êtes malade ?
  Joe : Oh ! Dieu merci, non.
  Susan : Alors pourquoi vous êtes là ?

ou encore

  Susan : Quand tu dis "Rien." de cette façon, ce n’est jamais rien.
  Bill : C’est quoi alors ?
  Susan : C’est quelque chose.

Mais Susan a autant peur de connaître la vérité que de l’ignorer :

  Susan : Tu es quelqu’un d’autre.
  Joe : Tu ne veux pas savoir qui je suis ?
  Susan : Si, mais…
  Joe : Mais ?
  Susan : Joe, j’ai très peur.

Quand elle est en sécurité, à l’aise dans sa famille ("Je suis contente quand on se réunit."), Susan peut faire de l’humour comme quand son père essaye de lui expliquer sa conception de l’amour :

  Bill : Je veux que tu te laisses emporter. Je veux que tu t’envoles. Je veux que tu chantes de ravissement et danse tel un derviche.
  Susan : Rien que ça ? […] Bravo ! Redis-le-moi encore, mais en version courte cette fois.

Ou quand elle arrive en retard au premier dîner après avoir mangé avec son chef de service à l’hôpital :

  Allison : Tu as mangé ?!
  Susan : Je suis venue, non ? Pour rien au monde, je raterai un repas assommant. Qu’est-ce qui alimente la conversation ? Les bacs à fleurs ou les cadeaux ?

Elle est aussi capable de moments contre-phobiques où elle s’oppose, comme ici avec Drew :

  Drew : Je n’aime pas sa façon de te regarder, ni la façon dont il s’adresse à toi. Et vice-versa.
  Susan : Je suis désolée. J’aime sa façon de me regarder et de me parler. Et vice-versa. D’accord ?

Identification avancée : Susan Parrish est un 6 α.

Drew (Jake Weber) : 3

Bill dit de Drew qu’il est malin et combatif. Son goût du pouvoir est évident, mais face à William Parrish qui le manifeste sans vergogne, Drew préfère des moyens plus indirects d’attendre ses buts.

Très désintégré, Drew est la plupart du temps dans le mensonge, passion du 3. Il a triché en philosophie à l’examen de la Groton School. Il a menti à Bill à propos des intentions réelles de Bontecou, trahissant pour son profit personnel la société qui l’emploie : "Il va la démembrer morceau par morceau pour la fourguer au plus offrant, ce qui était prévu depuis le début."

Drew réunit un comité de direction dans le dos de William Parrish et fait semblant d’en être gêné : "Je sais que vous êtes comme moi mal à l’aise de participer à cette réunion. C’est difficile pour moi de le dire, mais je pense que Bill Parrish a agi en commettant un abus de pouvoir. C’est très déplaisant ce que je vais vous dire, mais sinon je ne remplis pas mon rôle." Il manipule Quince pour qu’il l’aide à chasser Bill Parrish.

Dès qu’il voit Joe, Drew perçoit une menace et entre en compétition avec lui. Mais cette compétition se fait derrière le masque de la civilité, même s’il y a une pointe de dérision (mais on ne peut pas gagner à ce jeu contre un 7) :

  Joe : Est-ce que je peux encore avoir de ces délicieux gâteaux ? Ceux à la confiture. Et une tasse de thé… avec un nuage de lait. J’essaye le style anglais. Ouais. Un thé au lait je vous prie.
  Drew : Ce sera tout, Monsieur Black. Un peu d’eau, peut-être ?
  Joe : Oui, avec joie.
  Drew : Chaude ou froide ?
  Joe : Froide.
  Drew : Dans un verre ?
  Joe : Mmm. Mmm.

La compétition est un fonctionnement normal : "C’est la vie, Quincy. Réveille-toi mon vieux et bats-toi dans l’arène." Quince justement en est incapable et Drew le méprise pour cela : "Quel effet cela te fait d’être un homme ?"

Identification avancée : Drew est un 3 α.

Allison (Marcia Gay Harden) : 1

Allison sait ce qui est bon pour les autres, et notamment pour son père. Il affirme qu’il "déteste les réceptions" ; tant pis, il aura droit à une fête d’anniversaire colossale avec feu d’artifice et centaines d’invités.

Une fois lancée dans cette tâche, elle essaye de la réaliser parfaitement et le moindre problème la rend terriblement anxieuse :

  Allison : C’est un véritable chaos. C’est affreux. On n’aura jamais assez de temps. Vous croyez que je veux trop bien faire ? J’ai tellement envie que ce soit raffiné.
  Contremaître : Vous ne croyez pas que ça risque d’être trop raffiné ?
  Allison : Pourquoi ne pas viser les étoiles ?

Dans ce projet pharaonique, Allison voudrait le soutien de son père : "Et alors, qu’est-ce que t’en dis ? C’est bien ? Pas bien ?", "Est-ce que ça fait ordinaire ? Tu trouves ça ordinaire, Papa ?" Il lui est impossible d’accepter la réalité, à savoir que c’est son projet et non celui de son père. Et en bon 8, Bill Parrish ne fait pas beaucoup d’efforts pour cacher son désintérêt. À chaque fois, Allison est triste et réagit ou essaye de réagir par son mécanisme de défense, la formation réactionnelle. Par exemple, quand elle parle à Bill du choix de la musique, il ne l’écoute pas, puis l’interrompt au milieu d’une phrase pour se rendre au dîner ; Allison se contente de dire : "Ça ne fait rien. Je m’en occupe." Lors du second dîner, elle lui présente les trois gâteaux possibles :

  Bill : J’ai horreur des gâteaux.
  Allison : C’est pour ton anniversaire.
  Bill : Ah ! Ce foutu anniversaire !
  Allison : Ce foutu anniversaire. Mmm. Mmm. Vous avez entendu ça.
  Bill : Je te prie de m’excuser.
  Allison : Ce foutu anniversaire. Oh !
  Bill : Attends. Je voulais pas…
  Allison : [Elle ne dit rien et essaye de couper le premier gâteau. Sous l’effet de l’émotion, elle le fait maladroitement.] Zut !

Le comble de la formation réactionnelle est atteint lors de la réception finale. Alors qu’elle est jalouse de Susan ("À toi, il dit chérie et à moi Allison.") à juste titre car c’est nettement la favorite de William Parrish, elle essaye de (se) masquer l’ampleur de sa tristesse :

  Allison : Oh, Papa ! Et puis surtout, tu as été un père merveilleux.
  Bill : Oui, mais je n’ai pas été le père que…
  Allison : Que tu as été pour Susan.
  Bill : Non, je n’ai pas dit ça.
  Allison : Mais tu le pensais, je le sais. Ça ne fait rien parce que je sais que tu m’aimes. Pas de la façon dont tu l’aimes, elle. Je sais que quand elle entre dans la pièce, tu as le regard qui s’illumine. Tu as toujours un petit sourire pour elle. Moi au contraire, quand j’arrive je vois l’expression de ton visage, genre "Qu’est-ce qu’elle me veut encore ?" Mais comme elle, je n’ai manqué de rien. Oh oui. ! Plus que ça ! Bien plus que ça ! Je me suis sentie aimée. C’est ce qui compte à mes yeux. Tant pis si tu as une préférée. Tu as le droit d’en avoir une. D’ailleurs, toi, tu es mon préféré.

Allison rappelle volontiers aux autres ce qu’ils doivent faire. Elle court après Quince, Susan et Drew qui se dirigent avec Bill vers son hélicoptère : "Surtout, n’oubliez pas tout le monde. Chez Papa, dîner ce soir. Tous les quatre. […] Rappelez-vous, hein ? Dîner en ville chez Papa." Elle exige de son père qu’il présente Joe lors du premier dîner. Elle s’indigne que Susan ait mangé avec son chef de service au lieu de participer au premier dîner : "Tu as mangé ?!"

Identification avancée : Allison est un 1 α desous-type conservation ("Anxiété") à aile 2.

Quince (Jeffrey Tambor) : 9

Quince est toujours souriant et content. Quand on lui demande comment il va, il répond : "Superbe !"

Il travaille chez Parrish Communication, mais il est plus là parce qu’il est le mari d’Allison que parce que le travail l’intéresse réellement. Il est ravi d’échapper à la réunion entre Bill, Drew et John Bontecou : "Alors, qu’est-ce que vous en dites ? C’est juste une réunion du comité exécutif ou vous avez besoin de moi ?"

Cela ne l’empêche pas d’aimer Bill et d’accepter aisément son autorité et ses changements de cap : "J’ai pigé ce que vous disiez à propos de Bontecou. Je suis d’accord avec vous à 120 %." Pour la même raison, il se réjouit de la présence de Joe : "Vous ne savez pas combien je suis content de vous voir à bord, parce que la personne qui enlève un peu de poids des épaules du patron, je me range à ses côtés."

Quince est certainement celui qui a accueilli Joe le plus gentiment dès le premier dîner : "Salut !", "Moi aussi [j’adore ce nom] ! Salut mon vieux."

Quand Bill Parrish met brutalement fin au projet de fusion avec Bontecou, Quince cherche à la fois à lui trouver d’autres partenaires et à consoler Drew : "Écoute, je sais que tu es au plus bas. Mais quand t’es au creux de la vague, il faut remonter ta planche sur la crête. […] On va jouer tous les deux."

Quince fusionne avec Allison :

  Joe : Vous aimez Allison, n’est-ce pas ?
  Quince : Oh, ça oui ! […] On n’ignore rien l’un de l’autre et du coup, c’est sans nuages.

Il est toujours auprès d’elle dès qu’elle souffre de l’attitude de son père. À ces moments-là, il se réveille et se montre tendre, aidant et affectueux :

  Allison : [Elle essaye de montrer à William Parrish les cadeaux prévus pour les invités.] Est-ce que ça fait ordinaire ? Tu trouves ça ordinaire, Papa ?
  Bill : Je ne sais pas. Je ne sais pas. [Il s’en va.]
  Allison : [Elle ravale silencieusement ses larmes.]
  Quince : Passe-moi ça. Je ne les trouve pas ordinaire. Elles sont superbes. J’adore les porte-clés.

Quand Allison souffre trop, il devient capable d’un peu d’autorité :

  Bill : J’ai horreur des gâteaux.
  Allison : C’est pour ton anniversaire.
  Bill : Ah ! Ce foutu anniversaire !
  Allison : Ce foutu anniversaire. Mmm. Mmm. Vous avez entendu ça.
  Bill : Je te prie de m’excuser.
  Allison : Ce foutu anniversaire. Oh !
  Bill : Attends. Je voulais pas…
  Allison : [Elle ne dit rien et essaye de couper le premier gâteau. Sous l’effet de l’émotion, elle le fait maladroitement.] Zut !
  Quince : Essaie de ce côté. Voilà. Comme ça. [Il goûte] Mmmm ! [Allison commence à pleurer] C’est… C’est un régal. Il y a… Il y a de la vodka là-dedans. [Il se tourne légèrement vers Bill et parle plus fermement en détachant les mots.] Bill, il y a de la vodka, pas vrai ? C’est le goût fruité. C’est une vodka très fruitée. Prenez-en un morceau. Vous verrez, cela vaut le déplacement.

Quelques instants plus tard :

  Allison : Tu t’en moques ! […] J’essaie d’organiser la fête du siècle pour mon père en deux jours et lui, il s’en fiche.
  Quince : [Il prend Allison dans ses bras] Il s’en fiche pas.
  Allison : Si ! Il s’en fiche !
  Quince : Mais non, Allison, il s’en fiche pas. [Il continue sur un ton ferme.] Hein Bill ?

Quince narcotise (son mécanisme de défense) au sport : il est "incollable en base-ball" ; il réclame la présence de sportifs à la fête d’anniversaire : "Il y aura des sportifs ? Pas un seul champion à qui je pourrai parler ?"

Il passe à l’alcool quand il comprend qu’il a contribué à l’éviction de Bill. Même dans ces circonstances, alors qu’il souffre profondément de ce qui se passe et qu’il a affirmé à Drew qu’il s’opposerait à lui, Quince ne réussit pas à agir. Il faudra que l’intervention de Joe lui "donne les couilles" pour aller parler à Bill.

Identification avancée : Quince est un 9 μ de sous-type social ("Participation") à aile 1.

Autres

D’autres personnages peuvent être étudiés à l’aide de l’Ennéagramme :

Eddie Sloane (joué par David S. Howards), avec ses "phrases toutes faites" et sa loyauté à l’égard de William Parrish, est un 6 μ de sous-type sexuel ("Force-Beauté").

La femme jamaïquaine (jouée par Loïs Kelly-Miller), mélange d’acceptation, de tolérance, de fermeté et d’humour, est probablement un 9.

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