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La Bella gente
Analyse

La Bella gente : SusannaSusanna (Monica Guerritore) : 2

Susanna travaille dans un centre d’accueil pour femmes victimes de violence. La première scène nous la montre raccompagnant l’une d’elles et l’étreignant, manifestant ainsi la relation émotionnelle qu’elle a avec ces femmes et qui dépasse un simple cadre professionnel.

Quand elle voit Nadja au bord de la route battue par son proxénète, elle se trouve dans une situation où elle est incapable d’aider malgré son désir de le faire :

  Susanna : Je suis retourné là-bas pour voir s’il lui avait pas fait de mal. Et je l’ai trouvée sur le bas-côté de la route, pliée en deux, en train de vomir ses tripes. Et j’ai pas su quoi faire.
  Alfredo : Tu veux que j’appelle la police ?
  Susanna : Qu’est-ce qu’elle va faire la police, hein ?
  Alfredo : Alors quelqu’un de ton Centre. Le père Germano, par exemple. Ou cette fille, là, je ne sais plus comment ?
  Susanna : Francesca.
  Alfredo : Oui. Elle saura s’occuper de ce genre de chose, non ?
  Susanna : Je ne sais pas si c’est vraiment la bonne chose à faire, tu sais. Tu l’as pas vu, mais elle était si petite, si jeune.
  Alfredo : J’imagine, oui. Mais je sais pas. Dis-moi ce que je dois faire.

Le mot aider fait partie de son vocabulaire de base. Quand Nadja arrive chez eux, elle lui dit : "Tu n’as aucune raison d’avoir peur. On veut seulement t’aider, OK ?" Quand Alfredo a été poussé par terre par Guilio, elle se précipite pour le relever, oubliant sa colère après lui : "Viens, je vais t’aider." Quand, après s’être disputé avec elle et avec Alfredo, Guilio part rejoindre Flaminia, elle ne peut s’empêcher de lui demander : "T’as de l’argent pour l’essence, j’espère." Elle reproche alors à Alfredo sa froideur : "Il était venu s’excuser."

L’opération "sauvetage de Nadja" n’est sans doute que la dernière et la pire d’une longue série :

  Guilio : Bon, maintenant, excusez-moi. Mais je peux finalement savoir qui est cette Russe ?
  Alfredo : Nadja. C’est pas la fille d’un ami, Guilio.
  Guilio : Oui, ça, c’est clair, oui.
  Alfredo : C’est une jeune fille qu’on a décidé d’aider.
  Guilio : C’est une idée de Maman, j’imagine. [Susanna a un sourire ravi.] Il y a que Maman pour l’avoir.
  Alfredo : Non, s’il te plaît, non, c’est une situation vraiment très délicate, Guilio.
  Guilio : C’est une fille du Centre, c’est ça ?
  Susanna : Tu vois la petite chaise qu’il y a sur le bord de la route ?
  Guilio : Alors, c’est une prostituée ?
  Susanna : C’est une jeune fille qui était assise dessus et que ton père et moi, on a recueillie.
  Guilio : Comment ça ? De votre propre initiative ?
  Alfredo &
Susanna :
[Presque à l’unisson.] Oui.
  Guilio : [Hilare.] Vous êtes malades !
  Fabrizio : C’est rien de le dire. Je comprends pourquoi son visage m’était familier.

Bien évidemment, Susanna attend des remerciements pour son aide, voire les soutire : "Regarde comme elles sont ravissantes. Tu es contente ? Comment ça se dit contente ?", dit-elle à Nadja à qui elle vient d’offrir des vêtements. Aussi, quand elle n’a pas droit à l’attention qu’elle estime mériter, elle est furieuse, comme quand Flaminia ne lui amène pas de cadeau : "C’était mon anniversaire. Elle aurait au moins pu m’offrir un petit quelque chose." Bien sûr, ce n’est qu’une question de politesse, pas une souffrance personnelle : "Je dis seulement que cette fille est mal élevée, un point c’est tout. Elle arrive chez nous en coup de vent sans même me faire un seul cadeau. C’est pas le bout du monde, une semaine avec nous, pauvres mortels."

Cette dernière phrase laisse transparaître la passion d’orgueil. On la retrouve aussi dans cet échange avec Alfredo, en plus de la formulation de sa hiérarchie des centres :

  Susanna : Hier soir, je suis allé voir Nadja. Je voulais m’expliquer. M’expliquer, moi, c’est le comble. L’atmosphère ici est devenue pesante, et tout est si difficile. Cette histoire est en train de m’épuiser.
  Alfredo : [Il rit.] Elle t’épuise ? Toi ?
  Susanna : Je sais que c’est aussi ma faute.
  Alfredo : C’est aussi ta faute ?
  Susanna : Totalement ma faute.
  Alfredo : Ouais, je préfère.
  Susanna : Je sais que je suis impulsive, que j’agis toujours beaucoup trop vite, mais tout ce que je voulais, c’était aider une gamine.
  Alfredo : Eh, c’est ce que t’as fait, il me semble. Non ?
  Susanna : [Amère.] Une chose est sûre. Je ne m’attendais pas de sa part à des débordements de gratitude, mais je m’attendais pas non plus à ce qu’elle vienne faire tout ça chez moi. Et pour tout te dire, cette histoire avec Guilio, ça cache quelque chose.
  Alfredo : Aaah ! Alors on en est au complot.
  Susanna : Tu sais ce qu’elle m’a dit hier soir ? Qu’elle était amoureuse.
  Alfredo : [Soupir.] Et qu’est-ce que tu fais de tout ce que tu disais, que c’est leurs affaires, que Nadja est une belle fille ?
  Susanna : Bien sûr que je l’ai dit, et je le confirme. Nadja est une très jolie fille. Mais tu les connais pas, toi, ces filles qui débarquent de l’Est. Elles arrivent conditionnées, pleines d’illusion sur la richesse, le capitalisme…
  Alfredo : [Il l’interrompt, désolé.] Ah excuse-moi, Susanna, mais ce type de discours, c’est pas ton genre.
  Susanna : T’as pas remarqué comment elle regarde nos affaires ?
  Alfredo : Non.
  Susanna : Hein ? Comment elle touche — elle prend tout —, comment elle se comporte dans la maison ?
  Alfredo : Et alors ?
  Susanna : Tu l’as vue ? Et t’as vue comment elle est arrivée à la piscine chez Paola ? Elle était déjà en maillot, prête à prendre un bain.
  Alfredo : Et alors ?
  Susanna : Et alors, j’en sais rien. J’en ai aucune idée. J’ai pas la réponse, moi. J’essaie seulement d’exprimer toutes les inquiétudes que je ressens. Dis-le si j’ai plus le droit d’exprimer ce que je ressens. J’ai pas le droit de m’exprimer ?
  Alfredo : Ah, non, non, non. Je t’en prie. Exprime-toi. Il manquerait plus que ça.

La fixation de flatterie et de dédain s’exprime aussi très fréquemment. Alfredo a un client qui lui a donné du vin : "Très riche. Dis à quel point il est riche." Elle ajoute aussitôt : "Un soir, ils m’ont invité à dîner. Ça a été le pire dîner de ma vie." Paola y a droit aussi : "Je me suis dépêché de la raccompagner jusque chez elle. Elle a encore sorti une de ses conneries habituelles." Et même Alfredo n’est pas épargné quand elle parle de lui à Nadja : "T’imagines. Je suis encore amoureuse de mon mari comme il y a 30 ans. Presque autant que quand je l’ai vue la première fois à l’université. Je l’ai trouvé tellement beau, même si ce n’était pas le cas."

Elle attend d’Alfredo un soutien complet, et on peut voir un effet de la désintégration en 8 dans cette sommation : "Je te l’ai déjà demandé une fois, je te le redemande : de quel côté tu es ?"

Identification avancée : Susanna est un 2 α de sous-type sexuel ("Séduction agressive").

La Bella gente : AlfredoAlfredo (Antonio Catania) : 9

Alfredo est formidablement sympathique. Il comprend tout le monde : l’émotion de Susanna, la peur de Nadja, l’amour de Guilio. Il comprend surtout le drame qui est en train de se nouer… mais il ne fait rien pour l’empêcher. Il essaye bien une fois de parler avec Guilio, mais entre un 9 qui évite les conflits et un 7 qui estime qu’il n’y a pas de problèmes, la conversation s’enlise vite :

  Alfredo : Qu’est-ce que tu fabriques ?
  Guilio : Qu’est-ce que j’ai fait ?
  Alfredo : Non, je te demande ce que tu fabriques avec la fille.
  Guilio : Tout va bien, Papa. T’inquiètes pas.
  Alfredo : Tout va bien ? T’inquiètes pas ? Je m’inquiète justement. Et beaucoup même. C’est une situation très délicate. [Guilio reste silencieux.] Elle t’intéresse ?
  Guilio : Ouais, elle m’intéresse. Ouais.
  Alfredo : Elle t’intéresse. Bien.
  Guilio : Je peux rentrer ?
  Alfredo : Tu peux rentrer. Bonne nuit.
  Guilio : Bonne nuit.

Une autre fois, il essaye de s’affirmer face à Susanna : "Maintenant on fait comme je dis, moi. Compris. Il faut qu’elle se calme. On va la laisser se calmer." Dix secondes plus tard : "Oh ! Et merde, fais ce que tu veux."

Effectivement dans sa vie, dans son être et celui des autres, Alfredo veut une seule chose, le calme : "Je t’en prie. Calme-toi, s’il te plaît, et explique-moi." Pour l’avoir, il est prêt à tout accepter, à tout faire :

  Alfredo : On peut peut-être discuter de tout ça calmement, non ?
  Susanna : Eh oui, c’est ça, calmement. Ne nous pressons surtout pas. Faisons semblant de ne rien voir comme tu sais si bien le faire. Beaucoup de paroles et peu d’action.
  Alfredo : [Il fait un geste apaisant des deux mains.] Je ne suis pas comme ça. T’exagères.
  Susanna : Comme pendant les manifs, tu te souviens ? Il y a ceux qui montaient au créneau, qui défendaient les barricades et qui se faisaient arrêter comme moi. Et il y avait toi, le roi de la médiation.
  Alfredo : Mais est-ce que tu te rends compte de ce que tu me demandes ?
  Susanna : Et toi, tu te rends compte que ce n’est qu’une enfant ?
  Alfredo : Susanna, ça me fait beaucoup de peine, je t’assure. Crois-moi, ça me rend malade, mais des gosses dans son cas, il y en a des milliers. Qu’est-ce que tu veux qu’on fasse ? Qu’on résolve tous les problèmes du monde, c’est ça ?
  Susanna : Très bien, j’ai compris. Le monde peut s’écrouler, qu’est-ce que j’y peux ?
  Alfredo : Non, c’est pas ça.
  Susanna : J’peux pas, j’y arrive pas. Alfredo, j’arrête pas d’y penser, à toutes ces mains sur elle, à tous ces salauds qui la baise à longueur de journée.
  Alfredo : Très bien. Très bien. Laisse-moi y réfléchir.
  Susanna : Vraiment ?
  Alfredo : J’ai dit : "Très bien." Mais ça va pas être une mince affaire, tu le sais ?
  Susanna : Je sais.

La médiation est peut-être sa spécialité, mais là, c’est bien difficile parce qu’il est directement concerné et que Susanna le laisse agir. Il a beau, selon Fabrizio, être "un intello", il ne réussit pas à définir sa position :

  Guilio : Dis-moi, cette fille-là, vous comptez vraiment l’emmener à Rome ? C’est vrai ?
  Alfredo : Ben… Je sais pas trop… J’essaye de comprendre quelle serait la meilleure solution. Pas évident.

Tout serait plus simple pour lui si Susanna, avec laquelle il fusionne, lui disait exactement quelle attitude avoir :

  Susanna : Je ne sais pas si c’est vraiment la bonne chose à faire, tu sais. Tu l’as pas vu, mais elle était si petite, si jeune.
  Alfredo : J’imagine, oui. Mais je sais pas. Dis-moi ce que je dois faire.

Quand le lendemain de la fête d’anniversaire, Flaminia et Guilio s’en vont subrepticement alors que Susanna est partie faire des commissions, il exprime d’abord son refus du conflit : "C’est pas grave." Ensuite, il tente d’exprimer le point de vue de Susanna, avec peut-être une petite part de projection : "Elle va mal le prendre" Enfin, il donne un bon conseil : "Juste une chose. Faites la paix, d’accord ?"

À la fin du film, il rentre chez lui après avoir raccompagné Nadja à la gare :

  Susanna : Comment ça va ?
  Alfredo : Bien.
  Susanna : Elle est partie ?
  Alfredo : Oui. [Il regarde derrière lui, vers la maison.] Ah au fait, t’aurais pas vu ma chemise à carreaux ?

Au fait ? Belle échappatoire pour se détourner de son ressenti face à la situation et pour ne pas l’exprimer à Susanna.

Identification avancée : Alfredo est un 9 α de sous-type sexuel ("Union").

La Bella gente : NadjaNadja (Victoria Larchenko) : 6

Le personnage de Nadja est difficile à analyser. Certes elle est quasiment en permanence dans la peur, mais cela se justifie par les circonstances de son enlèvement :

  Alfredo : Est-ce que quelqu’un pourrait menacer ta famille ?
  Nadja : [Elle le regarde sans comprendre.]
  Alfredo : Quelqu’un qui courrait un risque si tu n’y retournes pas ?
  Nadja : Moi.

Cependant, l’ennéatype 6 est quand même le plus probable, la passion de peur se manifestant aussi dans des circonstances où il n’y a pas de risque véritable. Ainsi, elle est terrorisée quand Guilio l’emmène au lac, au-delà de la part de séduction perceptible dans son attitude :

  Guilio : Viens !
  Nadja : Nooon.
  Guilio : Mais si. Allez ! Viens !
  Nadja : [Guilio a de l’eau jusqu’à mi-mollet.] Moi peur du lac. Je vois pas fond.
  Guilio : C’est de la terre. Regarde ! Et du sable. Viens ! Allez ! Viens !
  Nadja : [Elle avance. Il la prend par la main et la tire doucement vers l’eau.] J’ai peur. J’ai trop peur.
  Guilio : T’as peur de quoi ? Y a rien. [Comme elle pousse des petits cris de frayeur, il se met à sautiller dans l’eau en criant comme s’il lui arrivait quelque chose. Elle s’affole et il la prend dans ses bras.]

La problématique de la confiance est aussi au cœur du personnage. Elle la donne à Susanna et Alfredo, et cette confiance est trahie. De même, quand elle était prostituée, elle n’a jamais demandé de l’aide.

Caractéristique du 6 aussi est son besoin de poser des questions dont la réponse est pourtant évidente, par exemple après la promenade au lac :

  Nadja : [Guilio l’embrasse] Pourquoi ?
  Guilio : Juste comme ça. Ça tombait bien.

Ou bien quand il vient la voir le soir :

  Nadja : [Inquiète] Y a quelque chose ?
  Guilio : Rien. Je suis juste venu te voir. T’es là toute seule. Tu fais quoi ? Tu lis ?
  Nadja : Pourquoi tu es venu me voir ?
  Guilio : Tu veux que je m’en aille ? Tu sais, j’ai envie d’être avec toi. Tu préfères rester seule ?

On trouve une attitude semblable dans le personnage de Frankie dans Frankie et Johnny.

Identification avancée : Nadja est un 6 α à aile 5 de sous-type conservation ("Cordialité").

La Bella gente : GuilioGuilio (Elio Germano) : 7

Guilio promène pendant la plus grande partie du film un sourire ravi. Tout est prétexte à s’amuser :

  Guilio : Bonjour.
  Alfredo : Grande bataille cette nuit.
  Guilio : Ouais, faut en profiter tant qu’on peut.
  Alfredo : T’as raison, c’est ça. Vas-y, rigole. Je me défends très bien, tu sais. Demande à ta mère.
  Guilio : Je le ferais.
  Alfredo : [Affolé.] Non, non, fais pas ça. Lui demande surtout pas.
  Guilio : Tu m’étonnes, sérieux. [Il rit.]

Il est bien normal de rire puisqu’il n’y a pas de problème ! Simplement les gens se comportent d’une manière un peu folle, mais très drôle, et qui, de toute façon, ne le concerne pas :

  Guilio : [Hilare] Non, mais c’est à mourir de rire. Je pensais pas qu’ils auraient été capables d’aller jusque-là.
  Flaminia : Il y a vraiment pas de quoi rire. Je reste pas ici avec cette fille. En plus, je suis sûre que c’est une voleuse, cette nana.
  Guilio : Pourquoi tu dis ça ? Elle a volé quoi ?
  Flaminia : Sa robe, c’est la mienne.
  Guilio : Mais c’est ma mère qui la lui a sûrement donnée. Elle l’a pas volée.
  Flaminia : Tes parents sont devenus complètement dingues.
  Guilio : Mais où est le problème, hein ? C’est leur affaire, non ?
  Flaminia : Non, c’est aussi notre affaire, Guilio, parce qu’on est ici et parce qu’elle porte ma robe. Tu crois vraiment qu’ils vont l’emmener à Rome avec eux ?
  Guilio : Mais qu’est-ce que ça peut te faire ? Mais dis donc, t’es jalouse ou quoi ? [Il rit] Dis la vérité, allez, dis la vérité. T’es jalouse de cette fille !
  Flaminia : Moi jalouse d’une pute ? Non, mais tu plaisantes ou quoi ? Moi à sa place, par contre, j’essaierai de me faire toute petite.
  Guilio : C’est méchant ce que tu dis. Méchante fille. [Il fait semblant de rugir.] RRRRaaaa !
  Flaminia : [Elle sourit malgré elle.] Tu me fais vraiment pas rire.

Il ne comprend pas que Flaminia insiste : "Ça devient une obsession. Qu’est-ce ça peut te foutre ? […] On va pas s’engueuler pour une connerie pareille." À Alfredo voulant avoir son avis sur la conduite à tenir avec Nadja, il répond : "Non, non, non. Pas question, Papa. Pas question. Je refuse que vous me mêliez à cette histoire. Par pitié !"

"Pitié", Guilio emploie plusieurs fois ce mot : ce sont toujours les autres qui sont cause de sa souffrance, jamais lui.

S’il y a une petite difficulté, il est facile de trouver une solution :

  Flaminia : On peut savoir où t’étais passé ?
  Guilio : Où j’étais passé ? J’étais en Russie.
  Flaminia : Va te faire foutre.
  Guilio : Mais, mais j’ai toujours préféré Rome. [Il se penche vers elle pour l’embrasser.]
  Flaminia : [Elle lui tourne le dos.] T’es horrible dans ce pyjama. Tu ressembles à rien.
  Guilio : Eh ben alors, je l’enlève.
  Flaminia : Non, j’ai sommeil.
  Guilio : Alors dors, je m’occupe de tout. T’inquiètes.

Ne pas s’inquiéter, c’est ce qu’il conseille à tout le monde : ici à Flaminia, un nombre incalculable de fois à Nadja. Bien évidemment son père y a droit :

  Alfredo : Qu’est-ce que tu fabriques ?
  Guilio : Qu’est-ce que j’ai fait ?
  Alfredo : Non, je te demande ce que tu fabriques avec la fille.
  Guilio : Tout va bien, Papa. T’inquiètes pas.

Sa mère ne pouvait pas non plus y échapper. Quand elle essaye de s’opposer à ce qu’il emmène Nadja au village, Guilio rétorque : "T’inquiètes pas. On lui mettra des grosses lunettes et un foulard. Comme ça personne la reconnaîtra. [Il prend un ton enfantin et la serre dans ses bras.] T’inquiètes pas d’accord. Personne la reconnaîtra. [D’une voix de plus en plus aiguë.] Personne la reconnaîtra. Personne, personne, personne… [Tout en la tenant, il prend ses affaires derrière elle, la lâche, et enchaîne d’une voix normale démontrant la manipulation.] Salut." Le temps qu’elle reprenne ses esprits, il est parti.

En 7 typique, la fuite est sa stratégie préférée pour échapper à un problème. Quand Nadja lui dit qu’elle veut partir avec lui, il lui répond : "Excuse-moi deux secondes, je reviens tout de suite." Il sort alors pour dire en revoir à ses parents, puis monte dans sa voiture et disparaît.

Pourtant, Guilio était attaché à elle d’une certaine manière… très 7 ! Il a du mal à faire la distinction entre désir et projet : "Je vais t’y amener. C’est vrai. J’aimerais bien." Il a peur de l’engagement : "Amoureux ! Amoureux ! Je l’épouse tant que tu y es." Surtout il a souffert à l’idée que Nadja puisse avoir couché avec Alfredo. Il fait semblant d’en rire : "Papa et Nadja ? Hahahahaha ! Papa et Nadja ? Hahahahaha !" Cependant sa colère éclate dès qu’il voit son père : "Tu veux savoir la différence entre toi et moi. Moi je la saute quand je veux, mais toi il faut que tu casques pour ça, hein ? Allez vous faire foutre !"

De toute façon, la compulsion se manifeste pour de petites choses et débouche systématiquement sur la colère, comme quand il se coupe en se rasant ou quand il doit changer la roue de la voiture et que Flaminia reste tranquillement assise à l’intérieur avec la climatisation à fond.

Les reproches faits aux autres tournent souvent autour du centre mental : "Vous êtes vraiment pas bien", "Tu es folle". On remarquera aussi, paradoxe assez typique du 7, qu’il reproche à Flaminia d’être "bourge", mais qu’il ne dédaigne pas les avantages que cela implique : "Parce que t’aimes pas ça peut-être, les fêtes en bateau, les terrasses, les petites soirées branchées, t’aimes pas ça ?" Pour l’interrompre, Guilio se met à imiter la poule, nouveau recours à la stratégie enfantine évoquée plus haut et qu’il avait aussi manifestée en arrivant en retard à l’anniversaire de Susanna : il plante une bougie sur un reste de gâteau, lui fait souffler, l’embrasse, et demande si "ça y est, on est pardonné ?"

Identification avancée : Antoine est un 7 α de sous-type sexuel ("Imagination") à aile 6.

La Bella gente : FlaminiaPaola (Iaia Forte) : 8

Paola sait ce qu’elle veut et l’impose aux autres sans états d’âme :

  Paola : Alors on se voit demain au déjeuner chez vous.
  Alfredo : Ça marche.

Alfredo s’incline — bien évidemment — et n’a plus qu’à annoncer la nouvelle à Susanna en rentrant chez lui : "Non seulement ils sont déjà là, mais ils se sont déjà invités à déjeuner demain."

Sa frénésie de contrôle s’étend même aux maîtresses de son mari :

  Susanna : Un soir, ils m’ont invité à dîner. Ça a été le pire dîner de ma vie. […]
  Paola : Moi, je les aurais envoyés chier tous les deux.
  Fabrizio : Elle plaisante pas. Je compte plus les fois où elle m’a fait passer pour un con. Et d’ailleurs, maintenant, à mes rendez-vous, j’y vais avec Giulietta.
  Susanna : Qui c’est Giulietta ?
  Fabrizio : Ben dis-lui.
  Paola : Miss Gros Nichon, sa secrétaire.
  Fabrizio : C’est elle qui l’a choisi. Moi, j’y suis pour rien.
  Paola : Il manquerait plus que tu baises avec une fille que je peux pas blairer.
  Susanna : Vous alors, vous ne changerez jamais ! Vous êtes incroyables !
  Alfredo : [Abasourdi] Tu lui choisis ses conquêtes ?
  Fabrizio : Oui, elle les compte même.
  Paola : Je veille au grain.

Quand il pourrait y avoir un vrai risque, elle intervient immédiatement. La première fois que Nadja vient à la piscine, toutes les personnes présentes en font le tour pour aller au-devant d’elle, sauf Fabrizio qui saute dans l’eau et traverse à la nage, sans doute histoire d’impressionner Nadja. Paola remet vite les pendules à l’heure : "S’il pouvait en profiter pour se noyer, ça m’arrangerait. Quelle classe ! Regardez-moi ça, quelle classe ! […] Reprends ton souffle. Allez, reprends ton souffle."

La faiblesse insupporte Paola. Elle la reproche régulièrement à Johnny, "ce Philippin à la con" : "Ah qu’est-ce qu’il peut être mou ! Regarde-le. Regarde un peu sa dégaine. Oh mon Dieu ! Allez, allez ! On y va ! Allez, on s’bouge ! […] Allez, avance ! Avance !" De même, elle trouve Susanna faible et naïve de ne pas pressentir que Guilio et Flaminia quitteront rapidement la maison, et plus encore de s’occuper de Nadja : "Tu veux un conseil ? Envoie quelques SMS en Ouganda ou au Mozambique et pour quelques centimes, tu te donneras bonne conscience."

Paola méprise les femmes battues que Susanna aide : "Excuse-moi, mais elles te suffisent pas tes abruties qui se font tabasser par leur mari ?" Après tout, il suffit d’exercer la fixation de l’ennéatype 8 :

  Paola : Tu travailles toujours au Centre ?
  Susanna : Bien sûr. T’imagines ce que je peux voir là-bas, Paola, les violences que subissent certaines femmes.
  Paola : Avec ces hommes-là, il faut se venger.

Elle n’a bien évidemment pas non plus de compassion pour Nadja : "Moi franchement, ça m’attendrit pas."

Paola a le langage vert — bien visible dans les citations précédentes — et le goût de la provocation qu’affectionnent souvent les 8 : "Pourquoi tu les recueilles pas chez toi, elles aussi ? C’est très chic le noir et ça va avec tout", dit-elle à Susanna quand elles découvrent que ce sont des prostituées d’origine africaine qui ont pris la place de Nadja.

On notera aussi la manifestation du mécanisme de défense de déni. En rentrant du dîner d’anniversaire de Susanna, elle trébuche, peut-être suite à quelques excès : "Aïe ! Attention ! T’as failli me faire tomber", assène-t-elle à Fabrizio.

Identification avancée : Paola est un 8 α de sous-type sexuel ("Possessivité") à aile 7.

La Bella gente : FabrizioFabrizio (Giorgio Gobbi) : 3

Fabrizio n’a qu’un véritable centre d’intérêt : ses affaires et l’argent qu’elles lui permettent de générer. Il essaye de convaincre Alfredo d’abord d’"investir dans le pétrole", puis dans des affaires immobilières : "Je vais te dire. Tu peux te faire un paquet d’argent avec très peu de mises. C’est vrai que tu concèdes un crédit sans la moindre garantie de remboursement, mais dans le pire des cas, tu gardes l’appart, ce qui est pas mal." Il voudrait que Guilio vienne travailler avec lui.

Quand il apprend que Nadja est ukrainienne, il lui parle immédiatement de ses activités professionnelles : "Tu te souviens, chérie, j’allais souvent en Ukraine. J’ai fait de sacrées bonnes affaires là-bas. J’ai ramassé un paquet d’argent après le départ des communistes. Et puis, ils ont compris le système, ils sont devenus très bons. Après, c’était fini." Plus tard, quand il veut la séduire, il cherche à l’impressionner avec sa nouvelle voiture et son habileté commerciale : "Une affaire. 30 000 euros. Intérieur cuir et noyer." Puis il lui propose de l’aide si elle a besoin d’argent.

C’est la première chose que dit Guilio en arrivant pour l’anniversaire de Susanna : "Toujours en train de parler d’argent. Pitié…" Plus tard Alfredo fait à Fabrizio le même reproche : "Tu vas arrêter, t’es sans arrêt en train de parler de fric. Arrête." Pour se justifier, Fabrizio rappelle qu’il "bosse tous les jours". Et puis, "écoute bien, pas d’argent, pas de putes, pas de champagne."

Identification avancée : Fabrizio est un 3 α à aile 2 de sous-type conservation ("Sécurité-Accumulation").

Autre

Un autre personnage peut être identifié sur l’Ennéagramme :

Flaminia (jouée par Myriam Catania), est une 4 de sous-type sexuel ("Compétition").

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