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Les Enfants du marais
Analyse

Les Enfants du marais : GarrisGarris (Jacques Gamblin) : 6

Garris est le personnage le plus intégré de la petite bande du marais. Il ne manifeste quasiment pas les passion et fixation de son type.

Il passe par hasard dans le marais et alors que ses goûts le poussent à ne pas rester longtemps au même endroit, il s’intègre dans le petit groupe qui vit là parce que Riton et ses enfants ne sont guère capables de se débrouiller seuls. Cette attitude rend probable des types tournés vers les autres et/ou ayant un sens certain des responsabilités. Dès ce moment, les hypothèses 1, 2, 6 et 9 sont possibles, mais l’hypothèse 2 peut très vite être écartée, Garris ne cherchant et n’obtenant guère de retour en termes d’image. Par exemple, quand il demande aux enfants de ramener du muguet à Émilie, la femme de Riton, il leur demande de dire que c’est de la part de ce dernier.

Comme assez souvent quand un type n’est pas évident, un élément clé est fourni par le style de communication. Garris passe un temps considérable à essayer d’imposer ou d’inculquer à Riton les règles élémentaires de la politesse.

Par exemple, quand Riton et lui chantent le mai et que Riton réclame d’être payé en nature par un couple de personnes âgées se plaignant de n’avoir pas de monnaie, Garris intervient immédiatement : "C’est pas des manières. On passe pour qui, nous ?"

Un peu plus tard, ils rentrent dans la maison laissée ouverte où Marie est bonne. Elle surgit avec une pelle en les prenant pour des voleurs. Garris s’explique calmement et sermonne Riton : "Toi, apprends la politesse. On se découvre devant une dame." Et comme Riton oublie quelques instants plus tard et remet sa casquette, il répète la leçon : "Dis donc, je te rappelle qu’on reste découvert devant une dame." L’incident clos, Marie, Garris et Riton boivent un peu de vin et, bien évidemment, Riton a très soif :

  Riton : Dites-moi, j’peux reprendre un peu de vin pour me… Pour me remettre.
  Garris : Riton, tu exagères.

Quand ils sont embauchés pour bêcher le jardin de Madame Mercier, Riton, à son habitude, essaye de travailler au minimum :

  Riton : On n’est pas des bœufs. Sinon on chasserait les mouches avec nos queues.
  Garris : Riton, surveille ton langage, veux-tu.

Ce peu de travail lui donne quand même soif et il réclame à boire au grand dam de Garris : "Faut toujours que tu t’fasses remarquer." Pire, Riton se verse généreusement du vin et dans l’urgence, oublie les autres ; la réaction est immédiate : "Et la politesse ? On sert les autres d’abord, Monsieur Pignol." Quelques instants plus tard, Riton, de plus en plus à l’aise, allume une cigarette et la foudre tombe aussitôt : "Monsieur Pignol, on fume pas devant une dame sans au moins demander la permission."

La liste est sans fin : "Il va pas entrer à la buvette pieds nus quand même. Il aurait l’air d’un mendiant. Il nous ferait honte." en revenant de la chasse aux escargots, "Dis merci au monsieur." en quittant le guichet de la banque, "Casquette !" quand ils vont chez Pépé rendre l’argent, "Il faut pas faire attendre un ami" quand ils rejoignent Amédée pour aller chanter le mai.

À ce stade, il est encore possible d’hésiter entre le 1 et ses sermons et le 6 et ses limites, même si l’hypothèse 6 est rendue plus probable par le fait que Garris ne réprimande Riton qu’en public et le laisse plus libre de faire ce qu’il veut quand ils ne sont que tous les deux. De plus, on peut aisément reconnaître Garris dans les sous-types du 6 (Cordialité, Devoir, Force-Beauté), et nettement moins dans ceux du 1 (Anxiété, Inadaptation sociale, Jalousie). D’autres indices vont confirmer cette dernière hypothèse.

Garris sait ce qu’est la peur et a de la compassion pour ceux qui la vivent. Quand Banania, le serviteur noir du banquier, s’amuse à faire peur à Riton en le poursuivant et en lui disant "Je vais te manger", Garris réagit : "Arrête de t’marrer, bonhomme. C’est pas intelligent de se marrer de quelqu’un qu’a peur. T’as bien dû avoir peur quelquefois toi aussi, non ? T’as pt’être même crevé de peur pendant quatre ans. Comme moi." On aura noté l’emploi du mot "intelligent". Garris fait souvent référence au centre mental. Par exemple, Cri Cri lui donne une jolie définition du mot "amoureux" et il la complimente ainsi : "C’est que t’es intelligente, toi."

Les critiques aussi concernent principalement le centre mental. Après la rixe dans le bistrot de Félix, Garris engueule Riton : "Tu es un ivrogne et un imbécile." Quand celui-ci oublie ses chaussures sur les rails en allant chercher les escargots, Garris déclare qu’il est le "seul imbécile au monde capable d’abandonner ses godasses sur les rails d’un train." À Jo Sardi, il dit : "Le mal, il fallait y penser avant."

Quand il est allé s’occuper de Cri Cri que ses parents ont laissé et qu’à son retour Marie a quitté la cabane, Garris rumine son chagrin : "Tout ça, c’est la faute de ce Riton de malheur. Riton, toujours Riton. Ah il m’aura pourri la vie celui-là. Un boulet. Voilà ce qu’il est, un boulet. Et en plus, il est bête, mais bête. […] C’est fini, c’est fini tout ça. Dès que la petite est rétablie, je prends mon barda, je m’en vais." À côté du mot "bête", on notera ce départ conditionnel ("dès que"), lui aussi assez caractéristique du 6. D’ailleurs dès qu’on vient le chercher, il se lève et va donner ses comprimés à Cri Cri.

Quand il est triste et qu’il s’isole, Garris fait encore référence au mental :

  Amédée : Pourquoi tu restes allongé là dans le noir alors qu’il fait beau dehors ? Ça te ressemble pas.
  Garris : Des fois on a besoin de réfléchir.

Après sa première rencontre avec Marie, l’émotion provoque une première bascule du centre mental :

  Garris : Combien on a fait ?
  Riton : Oh ! Ça fait trois fois que je te le dis !

Un moment de stress fort, la nouvelle du départ définitif de Marie, est l’occasion d’une confusion signe d’une nouvelle répression soudaine du centre mental :

  Domestique : Pendant les vacances elle a rencontré un pharmacien là-bas à Nice, plus très jeune, mais très riche. En un rien de temps, c’était fait, la bague, la mairie et le curé.
  Garris : Vous voulez dire… Elle s’est mariée ?

Même si le film ne le montre pas directement, Garris doute. Quand Riton voit Pépé pêcher la grenouille, il court chercher Garris : "Bon Dieu, faut que Garris voie ça. Sinon il va pas me croire. De toute façon, il me croit jamais." Effectivement, Garris rétorque "Je ne te crois pas" quand, après la pêche à la grenouille, Riton dit "J'ai une idée".

Garris doute aussi à propos de son séjour dans le marais : il oscille entre le désir de partir et le devoir de rester. Ce devoir est justement l’expression de l’orientation de loyauté. Garris est investi d’une mission vis-à-vis de Riton de sa famille, mission que lui a confiée indirectement le vieux de la cabane. Comme très fréquemment chez les 6, ce positionnement lui donne force, confiance et courage.

Quand Pépé donne un chèque à Riton, l’importance de la somme est un stress fort pour Garris. Son refus est net : "Mille francs ! Mais c’est trop, ça. C’est, c’est, c’est, c’est… C’est pas honnête. On pourra jamais lui rembourser. C’est pas mon genre. Les gens du marais, ça vit de l’air du temps. Les bourgeois aiment pas ça. Ils vont penser que c’est pas régulier. Ils vont trouver ça louche, et Pépé aura des ennuis avec sa famille. Ce soir, on lui rendra son chèque." On a dans ces quelques phrases plusieurs thèmes propres au 6 : lien à un groupe (les gens du marais) opposé à un autre groupe (les bourgeois), loyauté aux règles de ce groupe d’appartenance, peur à propos de l’avenir, fixation de suspicion. Quand il rend l’argent à Pépé, les règles du groupe sont à nouveau invoquées : "Il faut que tu nous comprennes, Pépé. On est peut-être que des gagne-misère, mais on a notre orgueil. Si quelqu’un fait quelque chose pour nous, il faut qu’on le rembourse, sinon, on est même plus des gagne-misère, on est des peigne-cul."

Garris parle plus souvent du groupe ("nous", "on") que de lui ("je"), comme ici quand il demande à Marie de venir au marais : "Si vous passez par là, ce serait gentil de venir nous voir. […] Non, c'est vrai, ça nous ferait bien plaisir." Au moins dans ce cas, il y a là une manifestation du mécanisme de défense de projection.

S’il y avait besoin d’une dernière confirmation, la manière dont Garris aide Amédée à choisir son papier peint donne un contrepoint contre-phobique à son souci phobique de la politesse : il crie "Vive l’anarchie !" et choisit une page au hasard ! Devant l’enthousiasme d’Amédée, il manifeste l’humour du centre mental : "Faut rien exagérer, j’ai juste le coup d’œil pour ce genre de choses."

Le côté contre-phobique se manifeste aussi avec Pépé dont il refuse l’argent ("On est peut-être des traîne-misère, mais pas des peigne-cul.") et face à Jo Sardi :

  Jo Sardi : M’appelle pas Bonhomme. Monsieur. Tu sais à qui tu parles ? [Il montre une affiche.] Jo Sardi, c’est moi.
    Jo achète tout son muguet à Garris et le paye.
  Jo Sardi : Ça ira ?
  Garris : Ça ira, bonhomme.

Avec les membres de son groupe, Garris est extrêmement acceptant, comme lorsqu’Amédée, malgré sa promesse, ne vient pas chanter le mai, parce que la sérénade a lieu dans son quartier : "Écoute, Amédée. J’t’ai dit que c’est pas grave. On sait que t’es un ami."

Identification avancée : Garris est un 6 μ à aile 7 de sous-type conservation ("Cordialité"), même si le sous-type social ("Devoir") est tout aussi largement manifesté.

Les Enfants du marais : RitonRiton (Jacques Villeret) : 9

Pleurant le départ de Pamela, sa "princesse", Riton est, lui, le personnage le plus désintégré de la bande, et il n’est pas totalement cohérent du point de vue de l’ennéagramme. Les hypothèses défendables sont le 7 et le 9, mais la manifestation des instincts permet de donner la préférence à ce dernier ennéatype (Appétit-Participation périphérique-Union plutôt que Clan-Sacrifice-Imagination). À part le mécanisme de défense de narcotisation qui l’amène à noyer son chagrin dans le vin, l’aspect le plus visible de son type est la passion de paresse poussée à un tel excès qu’elle devient une paresse totale à faire.

Pendant que Garris cueille le muguet, Riton boit au bord de la rivière la bouteille qui devait les désaltérer tous les deux : "J’en ai gardé tant que j’ai pu, mais j’ai cru que t’en voulais pas. Si j’avais su que t’en voulais, tu penses bien… […] Oui je sais, j’en ai pas cueilli des masses. Mais il y en a pas des masses du muguet par ici. Ou alors du minable minable."

Il répugne à tout effort :

  Garris : Tu manqueras de rien. Je travaillerai, je livrerai du charbon.
  Riton : Le charbon, c’est trop dur pour moi.
  Garris : J’ai dit : Je livrerai du charbon.

La pire chose qu’on puisse lui faire, à part le priver de vin, est de lui trouver du travail :

  Amédée : Salut les amis […] J’ai peut-être un petit travail pour vous.
  Riton : [Son visage se ferme.]
  Amédée : Tu sais, Garris, la vieille dame aux rosiers. Elle a besoin qu’on bêche son jardin.
  Riton : [Un peu agressif.] Ben, pourquoi tu le fais pas toi ?
  Amédée : Je sais pas. [Rire.] J’ai jamais rien su faire de mes dix doigts. [Rire.] J’ai jamais travaillé de ma vie d’ailleurs. C’est pas maintenant que je vais commencer. [Rire.]
  Garris : C’est bon. On ira.
  Riton : [Soupir désespéré.]
  Garris : Oui, on ira.

Riton n’est pas très malin, mais il est encore plus égoïste. Le centre mental est situé en second : "Je te l’ai dit. J’suis jamais aussi bête qu’on croit. C’est ma force, ça." Quand il n’y a pas de risques, il fait de l’humour comme avec le paysan qui le ramène sur sa charrette ("Le muguet ça porte bonheur, pas les pommes de terre !") ou avec et à propos d’Amédée.

Riton est bien conscient de tout ce qu’il doit à Garris : "Et moi et les gosses, on deviendrait quoi ? Tu vas pas nous laisser, hein Garris ? Tu vas pas nous laisser ?" Cela provoque même chez lui de courts moments de désintégration en 6 :

  Riton : Seulement des fois, j’ai peur qu’il fasse ce qu’il a envie de faire depuis longtemps.
  Amédée : Quoi donc ?
  Riton : Ben… Reprendre la route. Partir. Parce que lui, il peut se débrouiller tout seul n’importe où. Je sais bien que s’il reste, c’est pour moi et pour les gosses. Parce que nous, sans lui…

La violence de Riton lors de la bagarre avec Jo Sardi dans le café est aussi typique de ses moments où la colère accumulée par un 9 sort soudain, hors de proportion et hors de contexte.

Identification avancée : Riton est un 9 α à aile 8 de sous-type conservation ("Appétit").

Les Enfants du marais : AmédéeAmédée (André Dussolier) : 7

Amédée promène dans tout le film son air réjoui. Tout lui est prétexte à profiter de la vie et à sourire et rire. Même pour parler de la brouille avec son père, il trouve le moyen de mettre en avant un aspect positif :

  Riton : Dis-moi Amédée, je peux te poser une petite question ?
  Amédée : Il n’y a pas d’indiscrétion entre nous, tu sais bien.
  Riton : Depuis combien de temps vous vous parlez plus avec ton père ?
  Amédée : Cinq, six ans. Mais comme il me parlait pas beaucoup avant sauf pour me critiquer, j’ai rien perdu au change, crois-moi. [Rire.]

Quand Garris choisit pour lui au hasard un papier peint orné de myosotis pour sa chambre, c’est de l’enthousiasme : "Tout va bien avec des myosotis. Mozart ! Bizet ! Haendel ! Louis Armstrong ! Aaah ! Merci ami ! Tu me tires d’un grand dilemme. Merci !"

Amédée ne connaît pas grand-chose à la vie. On devine qu’avant de connaître Garris et Riton, il n’avait pas dû beaucoup sortir le nez de ses livres. Aussi, la chose la plus simple devient une expérience passionnante et merveilleuse : "J’ai jamais mangé de cuisses de grenouilles. Ça me plairait d’essayer." Quand il va ramasser des escargots, habillé comme pour aller au spectacle ("Je vous l’ai dit. C’est la première fois. Je ne savais pas quoi mettre."), il est heureux comme un enfant ; il saute du train et tombe, qu’importe : "Je suis bien content d’être venu. Quelle aventure !" Bien évidemment, il se contente de s’asseoir sur un rocher et de lire : "Faut pas m’en vouloir de pas vous aider, j’ai horreur des limaces."

Amédée ne travaille pas plus que Riton, mais chez lui c’est plus pour des raisons d’hédonisme que de paresse :

  Amédée : Tu sais, Garris, la vieille dame aux rosiers. Elle a besoin qu’on bêche son jardin.
  Riton : [Un peu agressif.] Ben, pourquoi tu le fais pas toi ?
  Amédée : Je sais pas. [Rire.] J’ai jamais rien su faire de mes dix doigts. [Rire.] J’ai jamais travaillé de ma vie d’ailleurs. C’est pas maintenant que je vais commencer. [Rire.]

La valeur culte d’Amédée, c’est la liberté. Il aime le marais parce que pour lui, vivre là c’est "la liberté. La liberté !" S’il est fâché avec son père, c’est parce qu’il n’a pas voulu épouser "la fille d’un quincaillier" qui avait "trois cent mille francs de dot". Et la raison de ce refus : "Moi ce que j’aime, c’est ma liberté, mes livres, ma musique." Il essaye de faire comprendre l’importance de cela à ses amis :

  Amédée : "La liberté n’est pas oisiveté. C’est un usage libre du temps. C’est le choix du travail et de l’exercice. Être libre en un mot n’est pas ne rien faire, c’est être seul arbitre de ce qu’on fait ou de ce qu’on ne fait point." Comprenez-vous, amis ?
  Riton : Oumpf !
  Garris : J’ai compris… J’ai compris qu’être libre, c’est vivre comme on vit nous.
  Amédée : Exactement. [Il se dresse, lève les bras au ciel et clame face à la montagne.] Nous sommes les derniers hommes libres ! [Garris et Riton le regardent, abasourdis.] Je suis bien content d’être venu.
  Garris et
Riton :
[Ils se regardent en souriant. Puis en chœur.] Quelle aventure !

Dès qu’il a un peu d’argent, Amédée l’investit pour se faire plaisir : "Oh ! Riche, non ! Peut-être je vais pouvoir faire retapisser ma chambre, peut-être même m’acheter des livres."

Le goût pour les livres et pour la réflexion est omniprésent :

  Amédée : Pourquoi tu restes allongé là dans le noir alors qu’il fait beau dehors ? Ça te ressemble pas.
  Garris : Des fois on a besoin de réfléchir.
  Amédée : Ah ça, c’est vrai. Les gens ont perdu l’habitude de réfléchir. [Rire.] Mais faut pas en abuser. C’est comme le vin. [Il ramasse une bouteille près du lit.] On peut méditer sans le secours de la boisson.
  Garris : Tu vas me sermonner longtemps comme ça ?
  Amédée : [Rire.]

Pour aller aux escargots, Amédée prépare l’expédition : "J’ai passé une partie de la nuit à lire un tas de choses sur les escargots dans notre région. Vous voulez un bon tuyau ?" Bien entendu, le fameux tuyau est connu de tous dans la région et provoque une moquerie affectueuse chez Garris : "T’es un chef, Amédée." Qu’importe, Amédée est ravi : "Je suis bien content d’être venu."

Parfois, Amédée montre à ses amis qu’il n’est pas tout à fait du même monde qu’eux, comme lors du refus d’aller chanter le mai ou par une réflexion qui montre sa supériorité mentale : "Comprenez-vous, amis ?"

Identification avancée : Amédée est un 7 μ à aile 6 de sous-type conservation ("Clan").

Les Enfants du marais : Jo SardiJo Sardi (Éric Cantona) : 8

Joué par Cantona qui est un émotionnel, le personnage de Jo présente parfois des ambiguïtés dues à ce décalage entre le type de l’acteur est celui du personnage. Il n’y a pourtant pas de doute.

Jo Sardi est en permanence en colère et il l’exprime de manière torrentielle au café, au commissariat ("Je veux sortir. J’ai combat à huit heures. Sortez-moi de là."), en cellule

  Codétenu : Je te connais, champion.
  Jo Sardi : Je suis plus champion, on m’a volé mon titre. Je suis plus boxeur, on m’a retiré ma licence. Alors tu la fermes.

dans la cour de la prison ("J’ai un bavard pour s’occuper de ces conneries.") ou encore avec son avocat

  Avocat : Bonjour Joseph. Vous avez l’air en pleine forme.
  Jo Sardi : J’ai l’air de rien du tout. Qu’est-ce que tu veux dire, bavard ?
  Avocat : Et bien voilà. J’ai des nouvelles. Assez mauvaises, je ne peux pas vous le cacher. Mais peut-être… Peut-être j’en ai aussi une bonne. Je ne dis pas que c’est certain…
  Jo Sardi : [Il l’interrompt.] Accouche de ce qui est certain.
  Avocat : J’ai plaidé au civil de mon mieux. J’avais même pensé…
  Jo Sardi : [Il l’interrompt à nouveau.] Le résultat des courses, c’est tout ce que je veux savoir.
  Avocat : Et bien, pour payer les dommages et intérêts de tous les gens, votre compte en banque n’a pas suffi. On a saisi et mis en adjudication…
  Jo Sardi : Pas la maison de ma mère quand même ?
  Avocat : [Il hoche la tête en signe de confirmation.]
  Jo Sardi : [Plus fort.] La maison de ma mère !
  Avocat : Écoutez Joseph, votre mère est morte depuis des années…
  Jo Sardi : [Il crie.] Et alors ! Je l’avais acheté pour elle. [Il se met à taper sur la table et à hurler.]

Il est toujours furieux quand il quitte la prison :

  Gardien : Salut Jo. J’ai de la sympathie pour toi, Jo. Ça m’ennuierait de te dire à bientôt.
  Jo Sardi : Alors le dis pas.

Un ami vient le chercher et, en bon 8, Jo refuse toute manifestation d’attendrissement :

  Ami : On s’embrasse ?
  Jo Sardi : Il manquerait plus que ça.

Le temps passé en prison a été consacré à ruminer sa vengeance : "Je l’aurai, je l’aurai ce pourri, je l’aurai, il va le payer cher, très cher." Et à peine sorti, contre toute raison, il tente de la mettre en œuvre : "Des mois. Des mois entiers que j’y pense. D’abord je vais te faire sauter les couilles. Après je vais te regarder souffrir un peu, juste pour le plaisir. Et puis quand je voudrais, je vais t’éclater la tronche."

La vengeance échoue et Riton lui sauve la vie. Il devient dès lors un ami et un complice : "Dis-lui que je viendrais le voir demain. Dis-lui merci. Que je ferai tout pour lui. Tout." Il ne le quittera plus, ce qui permettra à Garris de partir.

Identification avancée : Jo Sardi est un 8 μ à aile 7 de sous-type social ("Protection mutuelle").

Autre

Un autre personnage peut être identifié sur l’Ennéagramme :

Hyacinthe Richard, dit Pépé la Rainette, (jouée Michel Serrault), est très probablement un 3. Ancien ferrailleur du marais avec juste un âne pour tirer sa carriole, analphabète, Pépé est devenu le riche propriétaire d’une fabrique.

Sur le tard, il se rend compte que cette réussite ne lui a pas apporté grand-chose : "Vous dire comment c’est arrivé, c’est pas intéressant. Tout ce que je sais, c’est que je… je suis devenu un imbécile." Il comprend que sa vie est fondée sur le mensonge : "Il avait raison le vieux. J’aurai jamais dû quitter le marais.", "Je n’ai jamais été aussi riche que quand je vivais ici." Cela ne l’empêche pas de vouloir donner de l’argent à ses amis dans la misère, au mépris de leur dignité.

Pépé manifeste aussi la vanité du 3 : "Tu me connais pas. Tu sais pas qui c’est La Rainette." Pour asseoir sa réputation de grand chasseur de grenouille, il n’hésite pas à avoir recours au mensonge et fait croire qu’il a avalé une grenouille vivante par défi.

Que ce soit avec Berthe, avec les employés de la fabrique, avec Madame Mercier ou avec ses amis du marais, Pépé a d’excellentes capacités relationnelles.

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