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Nu et dépouillé (2e partie)
De la fixation à la liberté
Lissa Friedman, PhD (Traduction par Catherine Rebeix)

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Fixation de l’ennéatype 5

La première prise de conscience des 5 de l’inadéquation dans laquelle ils sont nés est : « Il n’y a pas d’interconnexion. » C’est ainsi que l’enfant perçoit ce qui lui manque.

Cette perception de manque d’interconnexion est ensuite déformée avec l’illusion d’être petit, insignifiant, déficient, d’être une entité séparée. Quand un petit enfant se sent déconnecté de sa mère et de son père, il est terrifié. Il réalise à quel point il est petit et comme ses parents sont grands, et le fait d’être séparé de ces grandes personnes et du vaste monde est accablant.

La réaction de l’enfant face à cette accablante séparation est de s’isoler, sentant qu’il est vain de se confronter à la réalité. Il croit qu’il est trop petit et fragile pour ce monde.

Compensation

Se sentir déconnecté des gens proches de soi et du monde est un sentiment effrayant. Cette perception, ajoutée aux croyances déformées de fragilité, de faiblesse et d’inadaptation, aboutit au fait que les 5 tentent de se retirer du monde. Ils essaient de trouver une position sûre où ils peuvent se sentir en paix, recherchant toujours l’essence. Ils commencent par voiler la réalité et l’éviter, parfois juste en se rendant invisibles, et d’autres fois en se retirant dans leur mental.

Le mental des 5 est le seul endroit sûr pour se cacher. C’est le seul endroit où personne ne peut faire intrusion. Les 5 peuvent développer un monde entier composé de gens avec qui ils interagiraient au moyen d’un nouveau langage qu’ils auraient créé. Ils peuvent se complaire dans un monde imaginaire qui peut être valorisant et fascinant. D’autres 5 se retirent dans un monde de recherche, en collectant toujours davantage d’informations. Ils peuvent avoir le sentiment qu’il leur suffit d’avoir plus d’informations pour se sentir plus important, mieux adapté, plus en sécurité, et ainsi, de connaître plus de paix.

La Paix que les 5 recherchent est leur essence et est toujours présente.

Alice, une femme avec la fixation du 5, a grandi avec deux sœurs et un frère. Il y avait beaucoup de drames émotionnels dans la famille : le père prenait des crises de colères, la mère était une menteuse, une sœur réagissait de manière imprévisible, l’autre créait des drames pour attirer l’attention, et le frère avait perdu la tête. Alice percevait la vie comme accablante, sa réaction était de se détacher et de vivre dans son mental. Elle se sentait déconnectée de tout le monde. L’une de ses sœurs pensait qu’elle n’était pas affectée par tout ce chaos, et que ses amis devaient mieux la connaître qu’aucun membre de la famille. En tant qu’adulte, Alice se sent encore isolée des gens, et tâche de ne pas s’impliquer. Elle croit encore que personne ne peut vraiment la comprendre.

La sœur aînée d’Alice, Rachel, a la fixation du 4. Elle prenait parti pour sa mère dans tous ses désordres émotionnels. Elle essayait désespérément de gagner son amour. Souvent, ses tentatives pour gagner cet amour étaient terriblement excessives, et parfois autodestructrices, avec des tentatives de suicide et des overdoses. Adulte, Rachel a de gros besoins émotionnels, réclamant toujours l’attention de son ami. Elle oscille d’un côté entre la solitude, le sentiment d’être déconnectée et imparfaite, et de l’autre, le sentiment d’être supérieure à tous ses amis et petits amis.

Candace, l’une des enfants du milieu de la fratrie, a la fixation du 6. Elle se tenait en retrait de la famille, excepté lors de ses accès de colère. Elle vivait comme si elle ne pouvait avoir confiance en personne. Elle se plaçait même à l’écart de la fratrie. Ses frères et sœurs ne savaient pas ce qui se passait en elle.

Larry était aussi un enfant du milieu de la fratrie, avec la fixation du 9. Il se retirait dans son mental, non pour s’y représenter la vie, mais comme un moyen d’éviter le drame émotionnel, et se mettre en confort. Larry avait tendance à soutenir son père, croyant que sa mère était la cause des problèmes familiaux. Devenu adulte, il a trouvé le moyen de s’intégrer et mène une vie relativement normale.

Fixation de l’ennéatype 6

La première prise de conscience des 6 de l’inadéquation dans laquelle ils sont nés est qu’il n’y a personne en qui faire confiance. Ils ressentent un manque de protection. Les choses paraissent trop floues, fragiles, pas assez stables. Ainsi, la perception initiale des 6 est : « Il n’y a personne en qui faire confiance. » À partir de là, les 6 vont renforcer leur croyance à travers leurs perceptions et réactions durant leur vie.

Cette perception passe alors par le filtre de la distorsion de la fixation, et l’illusion personnelle se forme. Pour les 6, la personnalisation du manque de confiance se traduit par : « je ne peux pas avoir confiance en l’environnement ni en moi. » Cette illusion stimule la réaction de peur et de paranoïa. Je ne peux me faire confiance car je suis trop petit et trop fragile pour prendre soin de moi dans ce monde accablant dans lequel tout peut arriver, et arrive. C’est extrêmement terrifiant.

Compensation

Le niveau de terreur qui découle de la fixation des 6 est trop insupportable pour vivre avec. Aussi les 6 commencent-ils à dépendre de leur mental pour percevoir ce qui est dangereux avant que cela se produise, de façon à ce qu’ils puissent se protéger eux-mêmes. Cela devient de l’hypervigilance, qui oscille entre le fait d’être hautement intuitif et paranoïaque. Tant que le mental maintient la paranoïa, cela produit comme un amortisseur ou une distraction face à l’intensité de la terreur d’anéantissement qui découle de la profondeur de leur insécurité.

La fixation des 6 maintient leur mental constamment occupé à propos du futur. Ils sont vraiment les personnes « Et si… ». Leur pensée est très rapide, une pensée émergeant avec la suivante, ne laissant pas de temps au calme ni aux émotions. L’aspect intéressant de la fixation des 6 est que, lorsque les 6 se trouvent effectivement dans une situation terrifiante qui est réelle au présent, ils n’ont pas peur.

La constante activité mentale des 6 les canalise et les empêche d’accéder à une perception plus large de la vie selon leur essence qui est sous-jacente. Si les 6 étaient en contact avec leur essence, ils se sentiraient en sécurité et confiants.

Nannet, une femme avec la fixation 6, a grandi avec une sœur plus âgée de fixation 3 et un frère de fixation 9. Durant son enfance, Nannet avait le sentiment que son père n’était pas là et qu’il était très difficile de contenter sa mère. Son père était émotionnellement instable quand elle était enfant. Elle avait l’impression qu’il n’y avait pas de réel support ou guide pour elle. Elle s’échappait dans son mental pour éviter de prendre conscience de son anxiété. En tant qu’adulte, Nannet a peur de s’engager dans la vie ; elle a quitté l’université juste avant d’être diplômée, elle évite les relations romantiques, reste dans un travail où il n’y a pas de défi pour elle, et n’a jamais appris à conduire.

Sara, la sœur de Nannet, qui a une fixation 3, était la fille mignonne, tandis que Nannet était la fille intelligente. Sara apprit que l’image lui permettrait d’aller partout. Elle utilise sa beauté pour séduire tout son monde, et s’appuie sur l’intelligence de sa sœur pour faciliter son succès. Nannet a fait la majeure partie du travail des études de sa sœur, ainsi que ses projets de travail. Sara présente ensuite ses tâches et projets comme les siens.

Le frère de Nannet et Sara, Josh, qui a probablement une fixation 9, était le préféré, et obtint toutes les ressources nécessaires pour faire son chemin dans le monde. Le point de vue de Josh sur son enfance était que tout était facile. Il apprit à être confortable vis-à-vis des problèmes émotionnels en collaborant avec chacun selon ce qu’il voulait. À l’âge adulte, Josh a eu la vie facile dans sa carrière, mais pas dans sa vie intime. Il s’est marié plusieurs fois, toujours parce que la femme demandait le mariage. Deux de ses mariages ont été amorcés par les femmes, donnant lieu à des grossesses.

Fixation de l’ennéatype 7

La première prise de conscience des 7 de l’inadéquation dans laquelle ils sont nés est qu’il n’y a pas de plan divin de création. Dans l’enfance, cela rend la vie aléatoire et chaotique. Quand ils regardent au travers de cette distorsion, leur compréhension de la vie devient bercée d’illusion. Cette illusion personnelle se forge durant l’enfance et leur donne le sentiment qu’ils sont perdus, sans guide intérieur pour leur donner un sens d’orientation.

Pour faire face à cette terrible perception, ils décident de faire leur propre plan, avec l’espoir que qu’un plan fait par eux-mêmes va les aider à sentir une direction. Comme il n’y a pas d’ordre intrinsèque dans la vie et qu’aucun plan divin ne se déroule, je dois créer par moi-même.

Compensation

Le sentiment d’être perdu dans un monde qui n’a pas de sens défini dans une direction particulière peut être terrifiant. Pour compenser cette terreur, les 7 décident d’utiliser leur mental pour comprendre quoi faire. Il leur semble important de fixer des buts qu’ils atteindront dans le futur. Cela devient une recherche sans fin à chaque expérience suivante qui pourra leur donner une raison d’être et le sens de leur vie. La fixation du 7 est de constamment chercher une place dans le monde pour trouver le sentiment d’avoir un travail sacré. Le problème majeur est que la recherche est extérieure et en constant déplacement. Si ce mouvement perpétuel s’arrête pendant un certain temps, ils deviennent agités et anxieux.

Étant donné que l’essence de la fixation du 7 est le bonheur, ce qui attire les 7 dans chaque expérience nouvelle est la possibilité de trouver l’insaisissable extase qu’ils pensent être leur vraie nature. Ainsi, ils se laissent embarquer par les gens, les situations susceptibles de leur apporter le bonheur. Parfois, une nouvelle expérience leur apporte effectivement cette excitation durant un court moment. Quand l’enthousiasme est parti, il est temps pour eux de passer à autre chose. Pour les 7, la vie doit toujours se renouveler de manière à ce qu’ils puissent conserver leur impression d’enthousiasme. S’ils ne peuvent se sentir suffisamment enthousiastes juste en passant d’une activité, d’une relation ou d’un travail à l’autre, ils vont recourir à l’usage de la drogue ou de l’alcool, le tout pour renforcer l’excitation et leur apporter une nouvelle expérience. Ils sont particulièrement intéressés par les substances qui élargiront leur esprit et les transporteront dans d’autres dimensions. Il leur manque la compréhension de ce qui permet à la vraie valeur de la nouveauté d’émerger à chaque instant.

Le bonheur et l’extase qu’ils recherchent est leur essence qui est toujours présente. La recherche constante est sur le chemin de cette conscience.

Randy, un homme aux caractéristiques de 7, grandit avec une sœur plus âgée qui a un profil 4. Leurs parents ont traversé un divorce difficile alors qu’il était en troisième année d’école primaire. Lorsqu’il décrit combien le divorce était rude, et même les deux années auparavant, sa voix est légère et gaie. Il explique que lui et sa sœur ont eu un moment difficile, et pourtant il dit aussi qu’il a eu une bonne enfance et qu’il a toujours été heureux. Randy avait beaucoup d’amis, était populaire, était bon à l’école et en sport. Même lorsque sa famille était dans l’épreuve, il était heureux. Il s’occupait ou regardait la télévision. À l’âge adulte, Randy a eu du mal à s’engager en tous domaines : copines, travail, activités. Il se considère encore comme quelqu’un d’heureux. Il relie son incapacité à s’engager dans des relations à ce qui est arrivé à ses parents.

Jen, la sœur de Randy, était en cinquième année du primaire lorsque ses parents ont divorcé. Pour elle ce fut difficile et elle s’est sentie effrayée par les évènements survenus à ce moment. Elle ressentit qu’elle n’avait jamais eu assez d’attention ou d’affection. À l’âge adulte elle reste malheureuse, elle conserve encore toute la douleur du divorce et sa colère contre son père. Tout ce qu’elle voulait était de rencontrer quelqu’un pour se marier et qui lui donnerait tout l’amour qu’elle n’avait jamais eu enfant.

Fixation de l’ennéatype 8

La première prise de conscience des 8 de l’inadéquation dans laquelle ils sont nés est le sentiment qu’une chose terrible est arrivée. Cela est interprété plus tard comme si ce qui est le plus précieux et vrai était perdu et détruit. Pour l’enfant, l’univers (que constitue la famille) gravite autour de lui. L’enfant donne ensuite un sens propre à cette illusion de base. La fixation des 8 s’enracine dans le fait que quelque chose de terriblement mauvais est arrivé pour signifier que les 8 ont fait quelque chose de terriblement mauvais, qu’ils ont péché. C’est l’illusion personnelle liée à la fixation du 8. En quelque sorte, ils ont détruit ce qui est le plus précieux dans leur vie. Cette croyance est insupportable à vivre. En réaction, il faut trouver quelqu’un d’autre à blâmer. La croyance destructrice qu’ils ont fait quelque chose d’horrible et qu’ils ont détruit ce qui est bon et vrai dans la vie doit être enterrée dans la vie des 8 afin qu’ils survivent. Ils couvrent la distorsion liée à cette énorme culpabilité en tournant leur regard vers l’extérieur pour chercher la personne ou la chose extérieure à eux qu’ils vont pouvoir blâmer. C’est trop intolérable de reconnaître que c’est de leur faute, c’est pourquoi ils cherchent ailleurs.

Compensation

Une fois installée, assez tôt dans l’enfance, la fixation des 8 devient colère et agressivité. Les 8 montrent en façade une personnalité solide pour déguiser leur sentiment de culpabilité et de faiblesse, ce qui simule l’essence de puissance. Ils sont disposés à assumer toute personne ou situation qui semble en position d’injustice, d’iniquité, ou d’erreur. Ils sont constamment à l’affût de quelqu’un ou quelque chose à blâmer, et sont disposés à prendre la responsabilité de punir la partie coupable.

Les 8 ont leurs propres règles et code moral, ils pensent que le monde doit suivre et que c’est à eux de faire respecter ces standards. Il y a souvent deux poids deux mesures à leur sens de la justice. Tandis que les autres doivent toujours dire la vérité et faire ce qui est bien selon le code des 8, les 8 ne suivent pas les mêmes normes. Ils se permettent plus de dérives car ils répondent à un ordre plus élevé de justice. Ils sont les créateurs des règles. « Faites comme je dis et non comme je fais. »

Les 8 sont nés avec le sens du pouvoir, et les gens répondent à la force qui émane d’eux très précocement. Puisque ce pouvoir est faussé, d’abord par la mauvaise perception que quelque chose de mal s’est produit, puis par l’intégration personnelle de cette faiblesse et plus tard la projection du problème vers l’extérieur, le pouvoir est mal employé. Lorsque les 8 s’approprient le pouvoir de manière erronée, et que leur rôle dans le monde est de trouver et punir ceux qui font du mal, ce pouvoir est utilisé pour tabasser les mauvais types. L’essence, qui est la puissance mais non personnelle, est bloquée.

Glen, un homme avec la fixation 8, grandit dans une famille avec deux sœurs. Ses parents trouvaient le monde accablant et vivaient en retrait. Enfant, Glen ne se sentait pas préparé à affronter la vie car ses parents, surtout son père, étaient mal adaptés. Glen trouvait que le monde était dangereux et se sentait démuni. Chaque accident ou combat l’endurcirent. Il considérait sa mère fragile, il tentait de la protéger et voulait que toute la famille en fasse autant. À l’âge adulte, Glen est un homme colérique, il croit que le monde est injuste et qu’il doit combattre pour se frayer un chemin. Il en veut encore à son père de n’avoir pas su le guider, et le rend responsable de ses propres problèmes.

La plus jeune sœur de Glen a une fixation 4. Elle se sentait étrangère à la famille. Enfant, elle se demandait si elle était dans la bonne famille. Elle avait le sentiment qu’un jour elle trouverait sa véritable famille, et sa vraie vie. Elle était très émotive, mais comme cette attitude n’était pas acceptée dans la famille, ses émotions implosaient. À l’âge adulte, Jane s’est débattue avec son sentiment d’abandon et d’être en marge de la vie. Ses émotions enfouies ont eu un effet paralysant, l’empêchant d’entrer en relation avec les gens.

Stacey, la deuxième enfant, a une fixation 1. Elle considérait que ses parents ne connaissaient pas la vie, aussi devait-elle s’en figurer sa propre représentation. Elle perçut qu’elle s’était élevée toute seule, en développant son propre code moral. Elle expliquait à sa famille qu’elle agissait comme si elle savait ce qui était bien, parce qu’elle le savait effectivement.

Fixation de l’ennéatype 9

La première prise de conscience des 9 de l’inadéquation dans laquelle ils sont nés concerne l’incohérence de l’amour. Il leur semble que l’amour va et vient, qu’il n’est jamais présent. L’enfant se sent anéanti lorsque l’amour est absent.

Dans le psychisme du 9, quelque part et profondément ancrée, réside la croyance que l’amour vrai est toujours présent. Aussi, l’amour n’étant perceptible que de temps en temps dans l’environnement du 9, il est interprété comme étant sous condition. C’est l’illusion liée à la fixation du 9. L’enfant a toujours cette perception déformée. L’étape suivante de la fixation du 9 est la croyance que le 9 n’est pas digne d’être aimé. Il doit être défectueux par nature. C’est l’illusion personnelle du 9. Le jeune enfant n’a pas la capacité de comprendre que l’amour inconsistant qu’il ressent dans sa famille est lié aux défauts présents dans sa famille. L’amour vrai est toujours présent même quand les individus sont incapables de le percevoir, le ressentir ou le partager. La réaction à cette illusion est de devenir comme anesthésié ou d’essayer de disparaître pour éviter de ressentir la souffrance de ne pas être aimé.

Compensation

La perception déformée d’être par nature défectueux est tellement insupportable pour la fixation du 9 que le seul moyen de gérer cela est de s’endormir. Ce concept amène le 9 à sentir qu’il n’y a d’amour ni à l’intérieur, ni à l’extérieur. Cette croyance déformée est si accablante qu’il n’y a plus de raison de vivre. Aussi, plutôt que de mourir, le 9 devient anesthésié ou inconscient. Afin d’y parvenir, il doit renier toute émotion, et particulièrement tout ce qui lui est inconfortable. Toute émotion peut donner l’impression d’être inconfortable si elle devient intense ou forte, y compris les émotions positives.

La fixation du 9 élabore un sens erroné du confort dans le monde. C’est un confort qui n’est possible que si les 9 parviennent à maintenir tous les sentiments à un stade superficiel. Cela implique qu’ils ne peuvent pas s’engager pleinement dans la vie. Ils doivent tergiverser et ne pas complètement s’impliquer, laisser une partie d’eux-mêmes à l’extérieur. Ils doivent rester confortables à tout prix.

Cela signifie aussi qu’ils essaient d’éviter tous les conflits ou débats. De ce fait, ils acceptent ou renoncent, et même lorsque s’accorder va à l’encontre de ce qui semble bien. Les 9 abandonnent leur volonté et la conscience de leurs besoins pour être confortables. Il y a la peur inconsciente que s’ils s’autorisent à ressentir d’intenses émotions, ils réaliseront combien ils sont inférieurs par nature.

L’essence des 9 est l’Immortalité, que leur comportement simule. Ce grand confort apparent et le fait de ne pas avoir le sens d’être vraiment par eux-mêmes imitent leur propre essence.

Lenny, un homme avec la fixation 9, grandit avec sa sœur aînée, Susan, qui avait une fixation 5. Lenny se sentait submergé par la colère refoulée de sa mère, et se contentait de survivre. Il ne parla pas du tout jusqu’à l’âge de 3 ans, et parla ensuite directement avec des phrases complètes. À partir du moment où il se mit à parler, il fut plutôt un enfant heureux, jusqu’à l’approche de la puberté. À ce moment-là il y eut une sorte de réprobation de la part de son père et un rejet affectif de sa mère, ce qui mit Lenny en retrait. À l’âge adulte, il a eu des difficultés à être en colère ou direct avec les gens. Il est généralement timide, particulièrement dans les situations en groupe.

Le point de vue de Susan de son enfance était que son père était absent et que sa mère était incompétente, et donc qu’elle devait s’élever toute seule. Elle ne se sentait pas en lien avec ses parents. Elle se sentait proche de son frère et tentait de le protéger. À l’âge adulte, Susan a évité au maximum de s’engager dans la vie. Elle s’est mariée et a élevé un enfant, mais de la façon la plus détachée. Elle maintient sa vie aussi simplement qu’elle peut, dans le sens du moins d’engagements possibles.

3. Se libérer de la fixation

Chaque fixation a une voie ou passerelle pour amener chacun au-delà des perceptions et comportements liés à la fixation, jusqu’à sa propre essence. La partie suivante décrit le chemin de libération pour chaque fixation.

Ennéatype 5

L’issue des 5 est de se départir de leur attachement à leur schéma mental et au besoin d’isolation. Le mode de pensée et l’isolation sont un mouvement sans fin qui éloigne des réalités et qui n’apporte aucune liberté face à la terreur intérieure. Aussi longtemps que les 5 éviteront tout ce qui semble accablant, déplaisant, inconfortable, effrayant, ils ne trouveront jamais la paix. Une étape importante est de faire face à la peur, ne pas reculer face à ce que la vie apporte, même s’ils se sentent incapables de gérer la situation. Il est important pour eux de comprendre que la croyance selon laquelle ils sont trop faibles ou inadéquats est très probablement une pensée erronée. Les 5 ne peuvent pas attendre de se sentir en sécurité pour commencer à fonctionner dans la vie, ils doivent se forcer à s’engager. La volonté de prendre la vie à bras-le-corps va créer la résistance et le sentiment de sécurité qui leur manquaient.

Le processus de réflexion des 5 est le meilleur moyen par lequel ils évitent la réalité et donnent l’illusion d’être d’accord. Lorsque les 5 sont perdus dans leurs pensées, ils ne se sentent pas seuls, et ils ignorent la peur qui les gouverne. L’urgence de rassembler davantage d’informations est un piège. Cela maintient les 5 isolés, en retrait de la réalité, et leur procure l’illusion que tout est bien. Ce processus mental représente le plus gros attachement des 5. Comme ils éliminent tous les autres attachements, celui lié au mental croît.

Le processus de libération est en deux étapes : la volonté de vivre la vie telle qu’elle est, de l’affronter sans fantasme, et le fait de se défaire de l’attachement à saisir et rassembler des informations. Quand cela est accompli, le mental des 5 devient ouvert et détendu, dans le sens de la plénitude. Ils trouvent ensuite que tout ce dont ils ont besoin de savoir leur est naturellement disponible. C’est en étant simplement ouvert et présent au moment présent que la fixation des 5 se relâche et que l’essence de Paix se révèle. C’est la paix profonde qui vient quand l’esprit est ouvert. La paix est le portail à travers lequel l’omniscience de la vie afflue. Lorsque la paix et l’esprit ouvert omniscient coexistent, le sentiment d’interconnexion émerge automatiquement. La personne n’est plus longtemps soumise à la fixation.

Ennéatype 6

La passerelle vers une conscience élargie de l’existence est d’être présent lorsque la peur survient. Faire front à la peur sans reculer ni se jeter dans le déni est le chemin à suivre. La fixation du 6 entraîne soit à devenir paralysé et incapable d’agir, soit à faire fi d’une situation menaçante et s’y jeter sans reconnaître le danger. Ressentir la peur, être pleinement conscient des sensations physiques qu’elle engendre, et néanmoins agir de manière appropriée, voilà ce qui peut délier le nœud de la fixation.

La fixation du 6 tente de le préparer par avance à d’éventuelles situations effrayantes. Cette préparation consiste à s’imaginer tout danger envisageable avant qu’il ne survienne. Cette activité mentale bloque la disponibilité au présent qui est en lien avec la capacité de profiter de la vie, et empêche d’être totalement opérationnel lorsque le réel danger survient. La meilleure façon de gérer les situations effrayantes est d’être pleinement dans le moment présent. Si vous vous perdez dans les pensées du futur, vous serez incapable de percevoir clairement les situations présentes. Cela va interférer avec votre capacité d’agir. La planification mentale est inutile car les évènements ne suivent jamais la voie pressentie.

Quand la fixation du 6 est confrontée à la peur directement, dans le présent, sans l’interférence du mental, son motif se désagrège et l’essence d’espace élargi, d’immensité se révèle. Lorsque cette essence est perçue, un profond sentiment de sécurité s’installe. La conscience élargie de l’existence est accessible en toute confiance. Rien ne peut blesser la véritable essence d’aucune fixation. Cette expérience vécue permet l’émergence de la véritable confiance et du courage. La saveur de cette essence est indispensable pour que la fixation du 6 voie la réalité. Par la suite, les 6 peuvent affronter d’autres situations effrayantes directement, même si le mental évoque les dangers sur le ton du « Et si… ». Le mental peut être ignoré et l’attention centrée sur le présent, la peur est perçue mais l’action se fait de toute façon.

Le fait de vivre l'essence de conscience élargie de l’existence et de connaître le véritable sens de la confiance et du courage permet l’accès à la force et à la sécurité qui n’appartient à personne et ne peut être obtenu de quiconque ni de quoi que ce soit.

Ennéatype 7

L’accès au bonheur dans l’extase implique d’arrêter de se complaire dans l’excitation. Ils sont dépendants d’un état d’enthousiasme inassouvi et vont chercher à avoir une longueur d’avance pour avoir plus de sensations fortes, de béatitude, d’excitation, etc. Le 7 doit s’arrêter, renoncer à faire des plans pour de prochaines activités, à penser à de nouvelles expériences, à prendre des drogues, à boire de l’alcool, à se complaire dans la cuisine gastronomique, à aller d’un partenaire à un autre.

Lorsque le 7 s’arrête, il va d’abord se sentir agité, sans repos. Cet état est terrible pour les 7 et peut leur paraître insupportable. S’ils peuvent le supporter, ce dont ils sont capables, ils vont progressivement ressentir une joie venant du plus profond d’eux-mêmes. Ils vont ressentir une sorte d’excitation face à la vie du moment présent. Naturellement, la sagesse va alors émerger. Ils vont découvrir qu’ils sont capables d’agir dans l’instant présent sans réfléchir. L’action va prendre le relais pour les conduire au bon endroit au bon moment sans planification. L’évolution survient sans l’aide de quiconque à aucun moment. Cela peut se produire uniquement par l’interconnexion à toute chose. C’est la clairvoyance du 7.

Cette connexion naturelle à l’action spontanée amène à un bonheur extatique. C’est le véritable enthousiasme des 7. Quand ils sont libres, ils apportent l’émerveillement à chaque moment.

Ennéatype 8

Les 8 peuvent se libérer de la distorsion de leur fixation s’ils sont prêts à voir leur comportement en vérité. Ils doivent être prêts à faire de l’introspection et à assumer leurs erreurs. C'est aussi accepter d'avoir tort. Comme leur culpabilité inconsciente est très forte, il y a une forte propension à éviter d’accepter toute responsabilité dans une quelconque erreur. Les 8 ont la peur inconsciente de découvrir en eux-mêmes quelque chose de si épouvantable et de maléfique qu’ils ne pourraient pas survivre. Les 8 ont à subir un ego dévastateur brûlant de trouver sa libération. La puissance qu’ils dégagent lorsqu’ils traversent ce feu est énorme.

Lorsqu’ils sont parvenus à la perte de leur ego, ce qui n’est pas une simple petite mort du point de vue de la fixation du 8, ils sont connectés à la vérité de ce qui est. Le soi a renoncé à une fausse puissance et le pouvoir en soi peut s’exprimer librement depuis sa source. La vérité selon laquelle il n’y a pas de séparation, qu’il n’y a rien de mal et personne à blâmer amène l’expression naturelle de l’innocence. Il n’y a plus rien à cacher, ni de peur qu’un mal intérieur soit trouvé et puni. Ils peuvent affronter le monde ouverts et libres. Cette innocence spontanée est pleine de vie et de vitalité. La vie devient formidable.

Ennéatype 9

Les 9 peuvent se libérer de la perception déformée de leur fixation en étant prêt à s’engager pleinement dans la vie. Ils doivent accepter de rester présents quoiqu’il arrive, sans reculer ou devenir anesthésiés ou inconscients. Ils doivent être prêts à faire ce qui est approprié dans toute situation, ce qui inclut la colère qu’ils doivent être prêts à exprimer aux personnes appropriées dans les situations adéquates.

Ce consentement à être présent et expressif est vaste, il inclut les évènements majeurs de la vie tout autant que les situations mineures du quotidien. Au lieu de rester passif ou non concerné à propos du lieu du dîner, du film à voir, ou de décider ou non d’aller à une fête, les 9 doivent réaliser ce qu’ils veulent et l’exprimer. Quand quelqu’un les met en colère, les 9 doivent montrer leur colère. C’est effrayant pour les 9 car ils croient inconsciemment qu’ils possèdent une rage meurtrière profondément ancrée. S’ils dévoilent cette rage, elle sera sans contrôle. Ils feraient des choses horribles et seraient bannis de la vie. C’est la perception déformée d’être inférieur qui est sous-jacente. Lorsque le 9 est finalement prêt à s’impliquer, cette croyance remontera à la surface pour être directement affrontée. Faire face à cette peur permet à la fixation de se désagréger.

Quand la perception déformée, c’est-à-dire la fixation, disparaît, une énergie pure s’écoule librement depuis sa source. La qualité de cette énergie est l’amour inconditionnel, qui ne peut se révéler qu’en lien conscient avec l’immortalité. Toute autre forme d’amour est limitée et conditionnelle.

Conclusion

Nous sommes nés avec une fixation qui bloque notre conscience de notre véritable essence. Cela déforme la façon dont on voit le monde et nous-mêmes. Chaque fixation est la graine de l’essence. C’est seulement par une acceptation complète et totale de la vie et de nous-mêmes, tels qu’ils sont, que nous pourrons trouver la véritable libération. Cela inclut toutes les caractéristiques de la fixation. L’acceptation signifie être conscient de ce qui se passe sans jugement. Cela donne le recul pour faire la distinction entre la vérité et la fixation.

C’est en identifiant nos perceptions déformées et croyances, et en abordant la vie dans la nudité, sans tous les pièges de la fixation, que notre essence se révèle. Dès que nous percevons la vérité au sujet de notre existence survient un sentiment d’appartenance, de paix, d’amour, de sérénité. Nous agissons avec spontanéité et compassion. Nous sommes libres.